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Vietnam (1991-1992): L'inévitable redéploiement Après celle du CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle, ou COMECON) le 28 juin 1991, la dissolution...

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« Vietnam (1991-1992): L'inévitable redéploiement Après celle du CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle, ou COMECON) le 28 juin 1991, la dissolution de fait de l'URSS, fin 1991, a obligé les dirigeants vietnamiens à modifier radicalement leur réseau extérieur d'échanges économiques. Que reste-t-il des relations "de coopération et d'amitié" fondées sur la solidarité socialiste internationale qui était proclamée et entretenue? Le legs des relations passées a échu essentiellement à la Russie où la destruction de tous les signes et symboles du passé révolutionnaire et socialiste (en octobre 1991, le conseil municipal de Moscou a décidé de démanteler le monument dédié à Hô Chi Minh inauguré l'année précédente) a été déplorée par les dirigeants vietnamiens. Désormais, les relations vietnamo-russes sont placées sur un plan marchand: celles des livraisons russes qui se sont poursuivies sont payables en devises et non plus en "roubles transférables", comme cela était le cas jusqu'au 1er janvier 1991 au sein du CAEM.

Quant à la base aéronavale de Cam Ranh, pratiquement évacuée par les forces soviétiques, elle est devenue l'objet d'un marchandage: ou les Russes continuent de l'utiliser et paient un loyer en dollars, hors de portée de leur bourse, ou ils défalquent le loyer des 10 milliards de roubles de la dette vietnamienne.

Enfin, le gouvernement vietnamien a souhaité que les 50000 travailleurs vietnamiens qui sont encore en Russie ne quittent pas le pays en 1992. Comment changer en restant fidèle? Face à la disparition du réseau d'interdépendance socialiste, le tour de force du Vietnam a consisté à retrouver chez ses voisins asiatiques non seulement des fournisseurs mais aussi des acheteurs: en 1991, 80% des exportations ont été effectuées sur des marchés de la région.

Singapour est devenu le premier partenaire commercial du Vietnam, suivi par le Japon et Hong Kong.

De bonnes récoltes de céréales (21,7 millions de tonnes en 1991), l'augmentation de la production et de l'exportation du pétrole ont maintenu les exportations à un niveau satisfaisant. La normalisation des relations diplomatiques avec la Chine, engagée depuis deux ans, s'est achevée non sans peine en avril 1992, l'ouverture officielle de la frontière, des routes et de la voie ferrée permettant à la séculaire symbiose Vietnam-Chine de revivre.

D'autres initiatives ont visé à insérer le Vietnam dans l'Asie: en septembre 1991, le pays a demandé son admission à l'ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique).

L'ancien chef du gouvernement de Singapour, Lee Kuan Yew, et le chef du gouvernement de la Malaisie, Datuk Sari Mahathir, ont séjourné à Hanoi en avril 1992, l'un pour se voir proposer de devenir conseiller économique du gouvernement vietnamien, l'autre (accompagné par cent hommes d'affaires) a suggéré aux Vietnamiens d'exploiter en commun le pétrole sur un site des îles Spratleys dont la souveraineté est contestée. Hommes d'affaires taïwanais (premiers investisseurs avec 32 projets et 440 millions de dollars en 1991-1992), sud-coréens, japonais, australiens ont défilé sans interruption.

Les investissements ont continué de se porter, en valeur, en majorité vers les hydrocarbures.

Les investisseurs étrangers ont rencontré deux obstacles importants: la faiblesse des infrastructures et l'intervention des autorités locales comme intermédiaires obligés dans le recrutement de la main-d'oeuvre.

Par ailleurs, tout semble bon pour opérer des prélèvements financiers lors de la mise en place des projets.

C'est pourquoi l'opinion largement répandue selon laquelle la levée, déjà partielle, de l'embargo américain serait un "coup de baguette magique" a pu laisser sceptique. En somme, comment changer tout en restant fidèle à soi-même? La question s'est posée dans deux domaines cruciaux: l'économie et les institutions politiques. En principe, l'État supervise le fonctionnement de l'économie dite "en accord avec le marché".

En fait, ce qui se développe est un régime hybride.

Le secteur privé mais aussi les entreprises gérées par les autorités provinciales et municipales fonctionnent de façon anarchique et souvent illicite.

Leurs profits échappent à l'impôt central et l'évasion fiscale s'accompagne de sorties de devises et d'or, phénomène aggravé par la contrebande dont la valeur a été évaluée à 350-400 millions de dollars en.... »

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