VICTOR H U GO LES CONTEMPLATIONS - LA LÉGENDE DES SIÈCLES LES CONTEMPLATIONS ( 1 ) (COMPOSÉES DE 1834 ENVIRON...
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VICTOR H U GO
LES CONTEMPLATIONS
-
LA LÉGENDE
DES SIÈCLES
LES CONTEMPLATIONS ( 1 )
(COMPOSÉES DE 1834 ENVIRON A 1855 ; PUBLIÉES EN 1856).
Les intentions de Victor Hugo.
- Si l'on en croit le poète,
'
« les Mémoires d'une âme » , l his·
toire de sa vie intérieure, d'abord de 1830 à 1843, la vie d'Aut!'e
fois jusqu'à la mort de sa fille ; de 1843 à 1855 ensui te, Anfour
d'IIHi.
Mais l'examen des dates du manusc1it ne confirme guère
ces déclarations : elles ne concordent pas avec les dates de l'édi
tion imprimée.
Ce n'est pas un mensonge prémédité, puisque
le poète a demandé par testament que le manuscrit fût déposé
à la Bibliothèque nationale.
Mais cette " histoire d'une âme "
a été calculée et ordonnée après coup.
Tandis que dans l'édi
tion la moitié du recueil porte une date antérieure à la mort
de la fille du poète, dans la réalité du manuscrit un cinquième
seulement des pièces a été composé avant 1843 ; les trois cin
quièmes de l'ouvrage ont été rédigés en dix-neuf mois, en
les Contemplations seraient
1854 et 1855· Le recueil est donc surtout l'état de l'âme de
Victor Hugo vers 1855· Il est tout au plus l'histoire de son ima
gination, et c'est cette histoire qu'il faut suivre.
Les poèmes d'amour.
Ils sont nombreux dans Autrefois
et ils se ressemblent.
Ils sont aimables, ils sont tendres, ils sont
toresques.
lis ne sont
merveilleusement harmonieux et pit
jamais ni très émouvants ni très profonds.
L'amour chez
Victor Hugo, si sincère qu'il fût, n'était jamais d'une très noble
qualité.
Car il a juxtaposé, dans le même volume, les pièces
écrites pour trois femmes au moins : pour sa femme, pour
-
Mme Biard, pour Juliette Drouet, et quelques autres peut
être.
Le lecteur qui ne s'informe pas des travaux érudits peut
s'y méprendre ; mais chanter trois femmes comme si elles
n'é
taient qu'une, c'est ne pas faire entre les femmes de diffé
rences essentielles, c'est aimer d'amours médiocres.
Il y a
d'ailleurs autre chose dans les Co11templati
ons que l'amour ; il
y a le plaisir, une sorte de joie naïve et païenne d'aimer, au
sens vulgaire du mot.
On peut ne pas la reprocher à Victor
Hugo ; il a pris soin lui-même de se justifier contre les u tar
tuff
es ,, ; mais elle n'est que l'ardeur de vivre et non pas un
idéal.
Il y a mis avec une allégresse épicurienne quelques lour
deurs P.arfois et quelques galanteries médiocres.
Il n'est le vrai
poète d'aucun véritable amour.
La poésie de la douleur.
Mais loin de ES QltJVRES
15
exactement ni entre elles ni avec celles de Victor Hugo.
Mais
elles s'accordent presque toujours dans la croyance à une sorte
de panthé
isme ou de transmigration.
Elles voient dans le monde
non point l'âme humaine isolée dans l'immense matière, mais
une m
finité d'âmes dispersées depuis les âmes obscures des
êtres primitifs jusqu'à Dieu.
Presque toutes font passer ces
âmes par des existences successives qui voyagent, pour certains,
anète en planète.
de pl
Vic
tor Hugo s'est nourri de ces vastes rêves.
Il les a brassés
et transfigurés.
Il les a enfin confirmés par une sorte de révéla
tion.
Par la pente de son imagination et par l'influence de
Mme Émile de Girardin qui vint le voir en 1853, il devint spi
rite.
On fit tourner les tables à Jersey.
Elles furent l'oraclè
familier du poète.
Il les interrogeait sur les problèmes de la
vie et de la mort.
Elles répondaient et Victor Hugo notait leurs
réponses.
Elles ne disaient d'ailleurs que ce qu'il avait déjà
conçu.
Mais il fit d'elles les révélatrices de l'au-delà et les garants
de son système.
Ce système, qu'on voit se développer dans les Contemplations,
est né de la communion du poète avec les choses.
Il les écoute ;
elles lui parlent, depuis les petites fleurs, les mousses et les
buissons, jusqu'aux arbres des grands bois, au lierre des antres
sourds, aux ravins.
Elles connaissent son âme et il écoute la
leur.
Car « tout est plein d'âmes ,, ; il y a l'âme immobile et
dormante des pierres, l'âme charmante de la fleur et du rossi
gnol, l'âme religieuse des grandes futaies.
Dans ce monde infini
des âmes universelles, il y a de la souffrance, de la laideur, de la
férocité ; l
i y a le houx, l'hyène, le vautour.
Mais pour le pen
seur, pour le song eur, il y a une grande leçon, un conseil impé
rieux : tout est plein d'amour.
Un vaste emportement d'aimer
fait tressaillir la création ; et toutes ces âmes, tout cet amour
sont l a révélation de Dieu.
Ils comP.osent « en se croisant cè
chiffre énorme, Dieu ».
Le mal, d'ailleurs, n'est qu'éphémère.
Sarts doute, dans la nature et dans la société humaine il triomphe
trop souvent.
Mais la mort châtie les méchants et récompense
les justes.
Les fourbes et les féroces retombent dans l'existence
du houx, du loup, de la hyène, du tigre.
Peu à peu, après une
série de chutes et de rédemptions, tous les êtres se réconcilieront
dans une universelle béatitude.
La poésie de Victor Hugo.
- Le mage.
- Cette philosophie,
sous la forme impérieuse et grandiloquente que Victor Hugo
lui a donnée, ne laisse pas parfois de paraître confuse, bavarde
et....
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