Veillée de Noël Le 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants du docteur Stahlbaum.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
2
« Cher Casse-Noisettes, dit-elle tout bas, j'espère que tu n'en veux pas à mon frère Fritz de t'avoir
blessé, il ne te voulait aucun mal.
Je t'assure qu'il n'est pas méchant.
Et maintenant, je vais te soigner le
mieux possible jusqu'à ce que tu te rétablisses tout à fait et que tu retrouves le sourire.
On va te remettre
convenablement tes dents, et le parrain Drosselmeier te replacera parfaitement les épaules, il sait très
bien faire cela.
»
Et, prenant Casse-Noisettes dans ses bras, elle s'approcha de l'armoire aux jouets, déposa
doucement Casse-Noisettes dans le lit de sa poupée et le mit sur l'étagère du dessus, juste à côté du
petit village où étaient cantonnés pour la nuit les hussards de Fritz.
Puis elle referma l'armoire aux jouets
et s'apprêta à regagner sa chambre quand, soudain, elle entendit des chuchotements et des
bruissements autour d'elle.
La grande horloge se mit à ronronner de plus en plus fort, mais sans sonner pour autant.
Le
ronronnement s'accentua, et des paroles s'élevèrent soudain :
« Horloge, horloge, ne sonnez pas, ronronnez doucement Le roi des rats a l'oreille fine, vous savez...
rrr...
rrr...
Chantez-lui la vieille rengaine de jadis...
rrr...
rrr...
Sonnez, carillon, sonnez! Ding dong, ding dong! Il
n'en a plus pour longtemps.
» Et l'horloge sonna les douze coups de minuit, douze coups sourds et
rauques.
Marie frémit.
Elle allait s'enfuir en courant quand elle vit le parrain Drosselmeier, assis sur le haut
de l'horloge, à la place de la chouette.
Les pans de son manteau retombaient de chaque côté comme
deux grandes ailes déployées.
« Parrain Drosselmeier ! Parrain Drosselmeier ! s'écria Marie.
Que fais-tu là-haut ? Descends et arrête
de me faire peur, méchant parrain Drosselmeier ! »
Mais alors elle entendit des ricanements et des sifflements autour d'elle, suivis par le bruit de
milliers de petites pattes qui trottinaient derrière les murs, et des milliers de petites lumières apparurent
entre les fentes du plancher.
Mais ce n'était pas des lumières.
Mais non ! c'étaient des milliers de petits
yeux pétillants.
Et Marie ne tarda pas à apercevoir des souris qui montraient le bout de leur nez dans tous
les coins et se faufilaient par toutes les fentes.
Et bientôt, elles trottinèrent en tous sens dans la pièce,
toujours plus nombreuses, et finirent par se mettre en rang, comme les soldats de Fritz avant la bataille.
Elle perçut tout à coup un petit cri perçant qui la fit frissonner de la tête aux pieds.
A ses pieds,
sept petites têtes de rat, surmontées de sept couronnes rutilantes, apparurent en couinant de façon
abominable et en poussant des cris stridents.
Puis le corps du rat, auquel étaient rattachées les sept
têtes, sortit complètement du sol.
Aussitôt, la bête monstrueuse, couronnée de sept diadèmes, fut
acclamée par toute l'armée qui poussa trois couinements retentissants, avant de se mettre en marche,
tout droit vers l'armoire aux jouets, droit vers Marie qui se tenait près de la vitrine.
Marie sentit son c œ ur
battre si fort de peur et d'horreur qu'elle crut qu'il allait sauter de sa poitrine et, qu'elle en mourrait.
Puis, il
lui sembla que son sang se figeait dans ses veines.
Près de s'évanouir, elle chancela en arrière, et la vitre
qu'elle heurta du coude se brisa en mille morceaux.
Pendant l'espace d'un instant, elle ressentit une vive
douleur au bras gauche.
Et que se passa-t-il alors ? Juste derrière Marie, d'étranges bruits sortaient de l'armoire et de
petites voix murmuraient :« Réveillez-vous, réveillez-vous ! Venez au combat, c'est pour cette nuit,
debout..
Réveillez-vous, réveillez-vous ! » Puis elle vit une étrange lueur à l'intérieur de l'armoire aux
jouets.
Tout ce petit monde s'agitait.
Plusieurs poupées couraient en tous sens, battant l'air de leurs petits
bras.
Tout d'un coup, Casse-Noisettes se redressa, rejeta sa couverture, sauta d'un bond du lit et s'écria
de tous ses poumons:
«Crac, crac, crac ! Affreux rats dégoûtants On va vous battre comme plâtre On va vous écraser comme
des araignées Crac, crac, crac ! »
Sur ces bonnes paroles, il dégaina son petit sabre, le fit tournoyer dans les airs et s'écria :
« Mes chers sujets, frères et amis, voulez-vous me prêter main-forte dans ce rude combat ?.
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