Veillée de Noël Le 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants du docteur Stahlbaum.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Marie prit le petit personnage et lui donna des noisettes à croquer.
Louise se joignit à elle, et
l'ami Casse-Noisette fit son ouvrage pour les deux petites filles.
Il semblait enchanté de le faire, car il
ne cessait de sourire le plus gracieusement du monde.
Cependant, Fritz se lassa de chevaucher avec ses soldats et de les faire man œuvrer .
Au
bruit des noisettes brisées, il se précipita vers ses s œurs et rit de tout son c œur à la vue du plaisant
petit bonhomme, ce qui lui donna soudain envie de manger, lui aussi, des noisettes.
Casse-Noisette
passa d'une main à l'autre, ouvrant et fermant la bouche inlassablement.
Fritz choisissait toujours les
noisettes les plus grosses et les plus dures, quand tout à coup trois petites dents tombèrent de la
bouche de Casse-Noisette et sa mâchoire inférieure se mit à trembloter.
« Oh, mon pauvre Casse-Noisette s'écria Marie en l'arrachant des mains de Fritz.
- Ce n'est qu'un pauvre imbécile constata Fritz.
Ça se dit Casse-Noisette avec d'aussi mauvaises
dents! Si tu veux mon avis, il ne connaît même pas son métier.
Donne-le-moi, Marie ! Il va me casser
des noisettes, dût-il en perdre toutes les dents qui lui restent et s'en déboîter la mâchoire ! Qu'a-t-on à
faire d'un bon à rien pareil ?
- Non, non ! sanglota Marie, c'est mon petit Casse-Noisette, tu ne l'auras pas ! Regarde comme il a l'air
triste et me montre sa petite bouche tout endolorie.
Tu n'es qu'un sauvage sans c œur , tu bats tes
chevaux et tu es même allé jusqu'à tuer un de tes soldats !
C'est tout à fait normal, répliqua Fritz.
Tu n'y comprends rien et Casse-Noisette m'appartient
autant qu'à toi, alors rends-le-moi ! »
-
Événements merveilleux
En entrant dans le salon des Stahlbaum, il y a, le long du mur de gauche, une grande armoire vitrée
dans laquelle les enfants rangent tous les beaux cadeaux qu'ils reçoivent chaque année.
Dès que Marie se trouva seule, elle fit ce qui lui tenait tant à c œur et qu'elle n'avait pu, sans
savoir pourquoi, avouer à sa mère.
Pendant tout ce temps, elle avait gardé dans ses bras son petit
blessé, toujours emmailloté dans son mouchoir.
Elle le posa alors précautionneusement sur la table,
défit délicatement le mouchoir et examina les blessures.
Casse-Noisette était très pâle, mais il jeta à
Marie un regard à la fois triste et tendre qui lui alla droit au c œur .
« Cher Casse-Noisette, dit-elle tout bas, j'espère que tu n'en veux pas à mon frère Fritz de t'avoir
blessé, il ne te voulait aucun mal.
Tu vois, c'est la rude vie de soldat qui l'a quelque peu endurci,
autrement, je t'assure qu'il n'est pas méchant.
Et maintenant, je vais te soigner le mieux possible
jusqu'à ce que tu te rétablisses tout à fait et que tu retrouves le sourire.
On va te remettre
convenablement tes dents, et le parrain Drosselmeier te replacera parfaitement les épaules, il sait très
bien faire cela.
»
Et, prenant Casse-Noisette dans ses bras, elle s'approcha de l'armoire aux jouets, déposa
doucement Casse-Noisette dans le lit de sa poupée, prit un joli ruban qu'elle portait ordinairement à la
taille pour l'enrouler autour des épaules du blessé et lui remonta les couvertures jusqu'au nez.
Marie
prit le lit où reposait Casse-Noisette et le déposa sur l'étagère du dessus, juste à côté du petit village
où étaient cantonnés pour la nuit les hussards de Fritz.
Puis elle referma l'armoire aux jouets et
s'apprêta à regagner sa chambre quand, soudain, elle entendit des chuchotements et des
bruissements autour d'elle.
La grande horloge se mit à ronronner de plus en plus fort, mais sans sonner pour autant.
Le
ronronnement s'accentua, et des paroles s'élevèrent soudain :
« Horloge, horloge, ne sonnez pas, ronronnez doucement Le roi des rats a l'oreille fine, vous savez...
rrr...
rrr...
Chantez-lui la vieille rengaine de jadis...
rrr...
rrr...
Sonnez, carillon, sonnez! Ding dong, ding
dong! Il n'en a plus pour longtemps.
»
Et l'horloge sonna les douze coups de minuit, douze coups sourds et rauques.
Marie frémit.
Elle allait s'enfuir en courant quand elle vit le parrain Drosselmeier, assis sur le
haut de l'horloge, à la place de la chouette.
Les pans de son manteau retombaient de chaque côté
comme deux grandes ailes déployées.
« Parrain Drosselmeier ! Parrain Drosselmeier ! s'écria Marie.
Que fais-tu là-haut ? Descends et arrête
de me faire peur, méchant parrain Drosselmeier ! »
Mais alors elle entendit des ricanements et des sifflements autour d'elle, suivis par le bruit de
milliers de petites pattes qui trottinaient derrière les murs, et des milliers de petites lumières apparurent
entre les fentes du plancher.
Mais ce n'était pas des lumières.
Mais non ! c'étaient des milliers de petits
yeux pétillants.
Et Marie ne tarda pas à apercevoir des souris qui montraient le bout de leur nez dans
tous les coins et se faufilaient par toutes les fentes.
Et bientôt, elles trottinèrent en tous sens dans la
pièce, toujours plus nombreuses, et finirent par se mettre en rang, comme les soldats de Fritz avant la
bataille.
Marie les trouva amusantes et, n'éprouvant aucun dégoût pour les souris, elle aurait très vite
retrouvé tout son calme si elle n'avait tout à coup perçu un petit cri perçant qui la fit frissonner de la
tête aux pieds.
A ses pieds, du sable, de la chaux et de la pierre pilée surgirent du sol comme poussés
par une force souterraine, et sept petites têtes de rat, surmontées de sept couronnes rutilantes,
apparurent en couinant de façon abominable et en poussant des cris stridents.
Puis le corps du rat, auquel étaient rattachées les sept têtes, sortit complètement du sol.
Aussitôt, la bête monstrueuse, couronnée de sept diadèmes, fut acclamée par toute l'armée qui
poussa trois couinements retentissants, avant de se mettre en marche, tout droit vers l'armoire aux
jouets, droit vers Marie qui se tenait près de la vitrine.
Marie sentit son c œur battre si fort de peur et
d'horreur qu'elle crut qu'il allait sauter de sa poitrine et, qu'elle en mourrait.
Puis, il lui sembla que son
sang se figeait dans ses veines.
Près de s'évanouir, elle chancela en arrière, et la vitre qu'elle heurta
du coude se brisa en mille morceaux.
Pendant l'espace d'un instant, elle ressentit une vive douleur au
bras gauche, mais, en même temps, son c œur se fit plus léger.
Elle n'entendit plus ni couinements ni
piaillements, et bien qu'incapable de regarder autour d'elle il lui sembla que les rats, effrayés par le
fracas du verre brisé, avaient regagné leurs trous.
Et que se passa-t-il alors ? Juste derrière Marie, d'étranges bruits sortaient de l'armoire et de
petites voix murmuraient :
« Réveillez-vous, réveillez-vous ! Venez au combat, c'est pour cette nuit, debout..
Réveillez-vous,
réveillez-vous ! »
Au même moment, les notes gracieuses de clochette s'égrenèrent.
« Oh, c'est mon petit carillon ! » s'écria joyeusement Marie en faisant un bond de côté.
Puis elle vit une étrange lueur à l'intérieur de l'armoire aux jouets.
Tout ce petit monde
s'agitait.
Plusieurs poupées couraient en tous sens, battant l'air de leurs petits bras.
Tout d'un coup,
Casse-Noisette se redressa, rejeta sa couverture, sauta d'un bond du lit et s'écria de tous ses
poumons:
«Crac, crac, crac ! Affreux rats dégoûtants On va vous battre comme plâtre On va vous écraser
comme des araignées Crac, crac, crac ! »
Sur ces bonnes paroles, il dégaina son petit sabre, le fit tournoyer dans les airs et s'écria :
« Mes chers sujets, frères et amis, voulez-vous me prêter main-forte dans ce rude combat ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Veillée de Noël Le 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants du docteur Stahlbaum.
- Veillée de Noël Le 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants du docteur Stahlbaum.
- Événements merveilleux En entrant dans le salon des Stahlbaum, il y a, le long du mur de gauche, une grande armoire vitrée dans laquelle les enfants rangent tous les beaux cadeaux qu'ils reçoivent chaque année.
- L'Avent L'Avent - (du latin adventus, " avènement ") : l'année liturgique commence par un temps de préparation à Noël, dès le quatrième dimanche avant le 25 décembre.
- Les cadeaux Il faut croire que les enfants ont été particulièrement sages cette année car jamais auparavant ils n'avaient reçu autant de splendides cadeaux.