Valéry Larbaud a dit : Ce vice impuni, la lecture. Dans quelle mesure peut-on traiter la lecture de vice ?...
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Valéry Larbaud a dit : Ce vice impuni, la lecture.
Dans quelle mesure peut-on
traiter la lecture de vice ? Ne pensez-vous pas au contraire que la lecture soit le
plus pur et le plus vertueux des divertissements ? On pourra éventuellement
comparer la lecture, comme divertissement, à la télévision, aux sports, aux
voyages, aux spectacles (théâtral ou cinématographique) et vous pourrez dire
personnellement quel est votre divertissement préféré.
Introduction : De tous les moyens de culture dont l'homme dispose pour se
perfectionner dans la littérature et dans l'art, il n'est pas douteux que la lecture constitue
l'élément le plus commode et le plus évident.
En effet, non seulement la lecture peut
apparaître comme un mode de divertissement et une récréation, un des nombreux loisirs
que l'homme possède pour se détendre — mais aussi c'est l'instrument de travail par
excellence qui permet à l'intellectuel d'apprendre, d'emmagasiner et de faire progresser
ses connaissances.
La lecture est-elle le seul divertissement possible ? N'a-t-elle pas été
détrônée par ses concurrents directs, le spectacle (le théâtre ou cinéma), la radiodiffusion, la télévision ? Peut-elle se comparer valablement aux sports, aux voyages, aux
autres genres de loisir ? Dans quelle mesure peut-on souscrire à ce jugement paradoxal
et inattendu de Valéry Larbaud : « Ce vice impuni, la lecture » ?
I.
De la lecture considérée comme un loisir universel.
La lecture est le premier des divertissements.
Il faut entendre « premier» d'abord dans
l'ordre historique ou chronologique.
La lecture, en effet, a été, bien avant les découvertes
de la technique moderne, le plus agréable et le plus efficace moyen de se distraire.
Que
l'on songe ici par exemple à la Bible ou à Homère, aux manuscrits du Moyen Age ou aux
premiers ouvrages imprimés, la lecture apparaît toujours comme un loisir ou le loisir par
excellence.
On pourrait en un certain sens dire que la lecture est la meilleure des
consolations.
C'est Montesquieu qui soutenait qu'il «n'a jamais eu de peine, si profonde
ou si grande fût-elle, qu'une lecture n'ait dissipée ».
Il est évident que Valéry Larbaud, lorsqu'il parle d'un « vice », prend ce mot en forme de
boutade : la lecture n'est point comparable à une toxicomanie ; c'est peut-être un opium
mais cet opium est sans danger.
Il ne donne ni vertige ni étourdissements ni crise
cardiaque ; tout au plus crée-t-il une accoutumance qui ne pourra guère passer chez
ceux qui ont contracté cette maladie.
La lecture est vice « impuni » dans la mesure où il
n'est pas de loi pour interdire au lecteur impénitent de verser dans sa manie, mais il est
juste d'observer que cette « monomanie » peut devenir une névrose.
Le lecteur
chronique est incurable et il lui faut sa dose de livres chaque mois, chaque semaine ou
chaque jour; jamais il ne peut se passer totalement de sa « drogue».
Enfin, la lecture apparaît comme un mode de culture particulièrement spécifique.
Le
lecteur avisé ou mieux le « liseur » acharné est un homme qui apporte largement autant
à son auteur favori qu'il peut recevoir lui-même de ce dernier.
Voltaire a raison de
soutenir que « les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la
moitié».
II.
La lecture comme mode mineur de divertissement.
1.« Je hais les livres: ils n'apprennent à parler que de ce qu'on ne sait pas.
» Cette
boutade de Jean-Jacques Rousseau dans l'Emile s'oppose terme à terme à l'idéal de
Valéry Larbaud, mais il est bien certain que la lecture n'est pas le seul et unique
divertissement qui existe.
Une enquête récente du Cercle de la Librairie a fait apparaître
que 57 % des....
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