Ukraine (1993-1994): Humiliations et délabrement économique L'Ukraine est entrée, en janvier 1994, dans sa phase la plus sombre et la...
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Ukraine (1993-1994): Humiliations et délabrement économique
L'Ukraine est entrée, en janvier 1994, dans sa phase la plus sombre et la plus
difficile depuis la désagrégation de l'URSS en 1991.
Sur fond de délabrement
économique sans précédent (de juin 1993 à juin 1994, la monnaie ukrainienne a
perdu, face au rouble, 70% de sa valeur et la production industrielle a chuté de
42%), le pays a connu toutes les humiliations devant le "grand frère" russe,
tandis que se développaient des tendances centrifuges mettant en cause l'avenir
même de la République en tant qu'État indépendant.
L'année 1994 s'est ouverte sur un coup de théâtre: lors de la visite du
président des États-Unis Bill Clinton à son homologue russe Boris Eltsine, un
accord a été signé, en présence du président ukrainien Leonid Kravtchouk, sur la
dénucléarisation de l'Ukraine.
En contrepartie de la renonciation du pays à ses
armes nucléaires - 1500 ogives, héritées de l'arsenal soviétique et devant être
détruites dans un intervalle de deux ans - Moscou a annulé une dette estimée à
1500 milliards de roubles.
Cet accord, aux modalités d'application complexes il ne précise pas si ces têtes nucléaires doivent être détruites en Russie ou
sur place, sous quelle surveillance et à la charge de quelle partie -, a été
assorti d'une garantie russo-américaine de l'intégrité territoriale de
l'Ukraine.
La Crimée, péninsule des tensions
Tandis que L.
Kravtchouk peinait à faire accepter par le Parlement ce texte
"capitulationniste" (selon l'expression du principal parti d'opposition
nationale, le Roukh), le gouvernement devait affronter un second défi, venu
cette fois de la presqu'île sécessionniste de Crimée.
Le 30 janvier 1994, les Criméens ont élu, à une écrasante majorité, Iouri
Mechkov président de la République autonome de Crimée.
Ce dernier, soutenu
ouvertement par le commandant russe de la flotte de la mer Noire, l'amiral
Baltine, a proposé, conformément à la Constitution du 6 mai 1992 proclamant la
souveraineté de la presqu'île, un programme prévoyant l'octroi aux Criméens
d'une double nationalité (ukrainienne et russe), un statut de très large
autonomie au pays, le retrait de toutes les forces armées ukrainiennes et le
contrôle par la Russie de l'ensemble de la flotte de la mer Noire.
Ce programme
était évidemment inacceptable pour Kiev, qui a multiplié, au cours du printemps,
les mises en garde au leader criméen, menaçant d'instaurer une "administration
présidentielle directe" en Crimée, tandis que I.
Mechkov diversifiait ses
contacts et appuis, se rendant successivement à Moscou (14-15 février), puis à
Kazan (22-23 mars) où il a abordé, avec le président du Tatarstan Mintimir
Chaimiev, la question de l'avenir de la minorité tatare de Crimée.
La montée des tensions entre Kiev et Simféropol s'est développée dans une
conjoncture économique et politique catastrophique pour l'Ukraine.
Le 3 mars
1994, la firme russe Gazprom a cessé ses livraisons de gaz, mettant en péril
l'ensemble de la production industrielle ukrainienne, pratiquement arrêtée au
milieu de l'un des plus rigoureux hivers qu'a connus le pays depuis des
décennies.
Au sommet de la CEI (Communauté d'États indépendants) des 15-18
avril, l'Ukraine a dû céder à la Russie, au titre de remboursement de sa
dernière facture énergétique, de nouveaux attributs de sa puissance militaire
déchue: une grande partie des navires qui lui étaient revenus après le partage
de la flotte de la mer Noire, ainsi que quarante-deux bombardiers stratégiques
lourds (non compris dans l'accord de désarmement START-I que l'Ukraine a ratifié
en février 1994).
Entre la Russie et l'Ukraine ont recommencé d'interminables rounds de
négociations sur les modalités du partage de la flotte - celle-ci est passée, de
fait, presque entièrement sous le contrôle de l'état-major russe basé à
Sébastopol -, mais aussi sur la "location" (terme qui fait l'objet....
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