Turquie (2002-2003): Changements politiques et contraintes externes La période 2002-2003 aura été marquée par d'importants changements sur le plan intérieur...
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Turquie (2002-2003): Changements politiques et contraintes externes
La période 2002-2003 aura été marquée par d'importants changements sur le plan
intérieur et par des tensions avecc les principaux partenaires extérieurs,
l'Union européenne (UE) et les États-Unis.
Constituée à l'issue des élections d'avril 1999, la coalition artificielle entre
le MHP (Parti du mouvement nationaliste, droite ultranationaliste), le DSP
(Parti de la gauche démocratique, nationaliste de gauche) et l'ANAP (Parti de la
mère patrie, centre droit) s'était révélée incapable de gérer une économie qui
souffrait d'une inflation galopante et d'un système bancaire au bord de la
faillite, entraînant en février 2001 une crise économique sans précédent depuis
l'après-guerre.
Divisée sur des enjeux cruciaux comme les relations avec l'UE,
la coalition semblait menacée.
À l'occasion de la maladie du Premier ministre
Bülent Ecevit au printemps 2002, des élections législatives anticipées ont été
fixées au 3 novembre suivant.
Le raz de marée des législatives
Lors de ce scrutin, les électeurs ont rejeté les partis au pouvoir, profondément
discrédités.
Aucun d'entre eux n'a obtenu de représentation parlementaire et
nombre de personnalités ayant marqué les dernières décennies – Bülent Ecevit,
Mesut Yilmaz et Tansu Çiller, dirigeants respectifs du DSP, de l'ANAP et du DYP
(Parti de la juste voie, centre droit) – ont été obligées de se retirer de la
vie politique active.
Le grand vainqueur a été l'AKP (Parti de la justice et du
développement, libéral-conservateur), créé en juillet 2001.
Avec 34,3 % des
suffrages exprimés, il a obtenu 64 % des sièges au Parlement.
Mais son leader
très populaire, Tayyip Erdogan, a été déclaré inéligible du fait de sa
condamnation en 1999 pour «discours séditieux».
Le poste de Premier ministre est
donc revenu au «numéro deux» de l'AKP, Abdullah Gül, le temps d'organiser une
élection partielle et de procéder aux réformes nécessaires pour restituer
l'éligibilité de T.
Erdogan, lequel a formé un nouveau gouvernement dès mars
2003.
Pour la première fois depuis 1987, le premier parti n'avait pas à négocier avec
des partenaires au sein d'une coalition.
Avec sa confortable majorité, le
gouvernement pouvait même envisager de modifier en profondeur les équilibres
institutionnels et politiques.
Il s'est notamment engagé dans des réformes
visant à diminuer le poids de l'État : autonomisation des administrations
locales ; réforme de l'éducation supérieure ; accélération des privatisations.
En décembre 2002, il a levé l'état d'urgence, installé dans certaines provinces
depuis 1978 en raison de la violence politique.
Cette configuration a eu des répercussions positives en Turquie et à l'étranger,
notamment sur les acteurs économiques.
L'AKP a certes donné des gages de
continuité, aussi bien en économie qu'en politique étrangère.
Même s'il est issu
du courant «réformiste» de l'ancien parti islamiste Fazilet – dissous en juin
2001 pour «atteinte à l'ordre constitutionnel laïque» –, l'AKP a su refuser la
référence à l'islam au profit d'un appel consensuel aux valeurs conservatrices
et religieuses, présentées comme inhérentes à la culture nationale.
Au-delà de
quelques mesures symboliques, comme le droit de porter le foulard à
l'université, aucun projet d'islamisation de la société n'a pointé.
Des tensions étaient néanmoins perceptibles au moment des nominations ou des
réformes, que la haute administration et l'armée ont entrepris de limiter autant
que possible.
T.
Erdogan, ayant tiré les leçons de l'expérience du gouvernement
islamiste chassé par les militaires en 1997, a évité un affrontement direct avec
l'armée.
Mais la marge de manœuvre de celle-ci était également réduite, tant une
intervention de sa part nuirait à la crédibilité de la Turquie.
Une politique étrangère en mutation
Malgré ces luttes internes, la dynamique de réforme est demeurée liée à la
perspective européenne.
La préparation du Conseil européen de Copenhague tenu
les 12 et 13 décembre 2002 a entraîné de nombreuses mesures.
En mars 2002, les
lois sur les partis politiques, les associations, les tribunaux d'exception ont
été mises en conformité avec les exigences de l'UE.
Le 3 août 2002, le Parlement
votait d'autres réformes, comme l'abolition de la peine de mort, le principe de
l'enseignement des langues minoritaires (notamment le kurde) et l'autorisation
des publications en «langues maternelles».
Le gouvernement a réaffirmé le
caractère prioritaire de l'objectif d'adhésion à l'UE.
En dépit des pressions des États-Unis lors du «sommet» de Copenhague, l'UE a
repoussé à décembre 2004 la décision portant sur l'ouverture des négociations
d'adhésion avec la Turquie et l'a conditionnée....
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