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TROISIÈME PARTIE, CHAPITRE 1 (pages 355 à 4 13) ldi-i'Ndi Le lendemain de sa nuit d'amour avec Rosanette, Frédé­ ric,...

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« TROISIÈME PARTIE, CHAPITRE 1 (pages 355 à 4 13) ldi-i'Ndi Le lendemain de sa nuit d'amour avec Rosanette, Frédé­ ric, malgré les protestations de sa maîtresse, « voulut aller voir ce qui se passait ».

Accompagné d'Hussonnet, il assiste, comme « à un spectacle », au sac du palais des Tuileries dans la journée du 24 février 1848.

Au Palais-Royal, Ous­ sardier, plein d'excitation, leur apprend que la République a été proclamée et un gouvernement provisoire constitué. Deslauriers lui-même a été nommé commissaire en province. Dans les jours qui suivent, nous sommes début mars, Fré­ déric découvre, au bras de Rosanene, le nouveau visage de la capitale partagée entre l'excitation des révolutionnaires et la peur des grands bourgeois.

M.

Dambreuse est au nom- bre de ceux-là.

Le banquier, qui veut se ménager des protections pour l'avenir, engage Frédéric à se présenter à la députation à Nogent.

Encouragé par l' enthousiasme du moment (MMe Vatnaz elle-même se livre à une propagande socialiste et féministe effrénée Il, le jeune homme se laisse séduire par la proposition et rédige un discours d'intention dont les excès fçmt frémir Dambreuse et son secrétaire Martinon. Recherchant appuis et conseils pour sa candidature, Frédéric visite les innombrables « clubs » qui pullulent dans la capitale.

Introduit par Dussardier, il se présente un jour à une réunion du « Club de !'Intelligence » au cours de laquelle il est violemment pris à parti par le président, Sénécal.

Celuici lui reproche publiquement ses infidélités et égoïsmes passés ainsi que son inaction pendant les journées de Février. Sa candidature aux élections d'avril est déjà compromise. Elle le sera définitivement quand Dambreuse lui apprendra que, cédant aux pressions de ses amis nogentais, il a décidé d'être lui-même candidat.

.. Rosanette, elle, a été complètement abandonnée par « le prince » protecteur ·qui l'entretenait durant ces derniers temps.

Ayant dû quitter son bel appartement de la rue Drouot, elle en arrange un autre, sur le boulevard Poissonnière, avec l'aide financière de Frédéric.

Mais celui-ci s' aperçoit qu'il continue de partager les faveurs de la lorette avec Jacques Arnoux devenu l'un des piliers de la Garde nationale parisienne.

Une nuit, lors d'une faction au poste de garde aux côtés du fabricant de faïences, le jeune homme est effleuré par l'idée de le tuer : pour avoir Rosanette pour lui seul ? Pour retrouver Marie 7 Excédé par le tumulte de la capitale de plus en plus nerveuse, fatigué du ménage à trois avec Arnoux, Frédéric somme sa maîtresse de choisir entre lui ou-son ancien protecteur.

Pour se réconcilier, les deux amants quittent Paris à destination de Fontainebleau alors que débutent les journées d'insurrection de Juin 1848.

Après avoir longuement visité le château, ils multiplient, les jours suivants, les promenades en forêt, apprenant seulement par des voyageurs « qu'une bataille épouvantable ensanglantait Paris».

Loin de tout, « ils se croyaient presque au milieu d'un voyage, en Italie, dans leur lune de miel ».

Durant ces journées de solitude amoureuse, Rosanette raconte à son compagnon la misère de son enfance et les raisons qui l'ont conduite à ' devenir la femme entretenue qu'il connaît. Un dimanche matin de juin, Frédéric apprend par un article de journal la blessure de Dussardier.

Malgré les protes- . tations de la Maréchale, il décide de rentrer à Paris.

Mais de , · poste de contrôle en poste de contrôle, le retour au centre de la capitale est difficile.

L'insurrection populaire des 25 et 26 juin, conséquence de mesures réactionnaires, en particulier de la suppression du budget des ateliers nationaux, a été noyée dans le sang par le général Cavaignac. Frédéric finit par retrouver Dussardier, soigné dans sa mari- : sarde par Mlle Vatnaz.

Blessé en combattant les insurgés, , son ami regrette pourtant d'avoir dû prendre « le parti de . l'ordre ».

Sénécal, lui, a été enfermé avec des centaines d'autres révolutionnaires sous la terrasse du bord de l'eau · aux Tuileries.

Le père Roque enfin, monté à Paris le 26 juin . avec les Gardes nationaux nogentais, a fait preuve d'une singulière« bravoure » en tuant l'un des prisonniers des Tuile- : , • ries : un adolescent qui réclamait du pain derrière ses · barreaux ! Sa fille Louise l'a accompagné pour tenir son petit · « pied-à-terre » parisien rue Saint-Martin.

Elle espérait par là avoir des nouvelles de Frédéric.

« C'était pour lui seul ·'.' · , qu'elle avait fait le voyage.

» COMMENTAIRE DETAILLÉ Le plus long des chapitres de L'Éducation sentimentale, qui ouvre ici la troisième partie, décrit les événements qui vont du 24 février à la fin du mois de juin 1848; c'est-à-dire de l'insurrection parisienne proprement dite à la répression de Cavaignac en passant par le long printemps de turbulences auxquelles Frédéric se trouve mêlé dans la capitale.

Ce chapitre constitue ainsi le meilleur fragment du livre pour analyser le traitement de l'histoire par Flaubert, sa ou ses manières de conjuguer vérité historique et fiction romanesque. Un piéton de !' Histoire La fusillade du boulevard des Capucines, le 23 février, avart précipité Frédéric dans les bras réconfortants de Rosanette ; une autre fusillade les réveille, au matin du 24, après le long sommeil du récit que marque le blanc séparant les deux dernières parties du roman. Jusque-là, nous l'avons vu, Frédéric a fait, par égoïsme passionnel, l'économie d'une Histoire qu'il ne peut désormais plus fuir, tant la rue Tronchet, par sa seule situation géographique (derrière la Madeleine), se trouve à proximité immédiate de l'insurrection qui embrase Paris dans la journée du 24.

Si le jeune homme a esquivé !'Histoire, le 22 et le 23, celle-ci vient à lui pour l'épisode décisif qui va emporter le régime de Louis-Philippe. Seul un premier et grand paragraphe (p.

355-356) propose une vision d'ensemble de la situation avec des formules du type : « l'insurrection s'organisait formidablement» ou « la monarchie se fondait dans une dissolution rapide», qui supposent une situation narrative d'omniscience du romancier.

Dès les lignes suivantes (« Frédéric s'arrêta...

») Flaubert réduit à nouveau la « locale » de sa description à la dimension du champ perceptif de son héros qui, tel Fabrice à Waterloo dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, déambule sur lascène de l'émeute avec une vision des choses parcellaire, chaotique et sans vrais repères chronologiques ou géographiques. En dépit de plusieurs expressions qui évoquent l'horizon collectif de l'insurrection(, foule •, « multitude •.

« groupes en armes», « masses profondes ,), le jeune homme parcourt en effet la ligne brisée qui le conduit vers les Tuileries comme un passant ou un badaud isolé de !'Histoire : « il lui semblait assister à un spectacle ».

Incapable, par manque de recul ou d'intérêt, de faire la différence entre le grandiose et l'accidentel, le décisif ou lecontingent, il enregistre des sensations ou des images que ne prolongent même pas émotions ou sentiments : « Frédéric sentit sous son pied quelque chose de mou ; c'était la main d'un sergent..., (p.

357); « il y avait près de !'Arc de triomphe un cheval mort, étendu.

• lp.

358).

Il faut véritablement que la mort d'un autre vienne le heurter pour lui arracher une réaction d'humeur égoïste : « Frédéric lut ébranlé par le choc d'un homme qui i- --1tomba sur son épaule, en râlant.

Ace coup, dirigé peut-être contre lui, il se sentit furieux.

• (p.

358). Le Peuple ou la canaille ? Si, lors de l'épisode qui suit du sac des Tuileries, le jeune homme se contente de faire « bonne contenance » en compagnie d'Hussonnet, il n'en est pas de même pour Flaubert qui semble se départir de son objectivité de chroniqueur et se livrer, avec la force de l'ironie, à une vaste démythification des événements. Un moment, page 359, son récit paraît s'exalter à la manière de Hugo pour chanter« le Peuple souverain • emporté sur l'air d'une Marseillaise tonitruante à la conquête de sa liberté,« comme un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible ».

Mais en quelques lignes on passe de cette symphonie majestueuse à une cacophonie braillarde où Flaubert met tout son art de la suggestion phonétique : « Le délire ressemblait au tintamarre continudes porcelaines brisées et des morceaux decristal qui sonnaient, en rebondissant comme des lames d'harmonica.

» (p.

360). Que s'est-il passé ? Pour Flaubert, aussi éloignéde la« bêtise >> réactionnaire que du dévergondage révolutionnaire, le sac.... »

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