Tout est-il technique ?
Publié le 20/08/2013
Extrait du document


«
Si l’on juge de la légitimité des possibles techniques d’un point de vue objectif, il apparaît
que la seule légitimité que reconnaisse la nature, c’est celle des lois physiques.
Tout ce qui est
conforme à ses lois est possible ; inversement, t out ce qui ne l’est pas est impossible.
L’enjeu ici
n’a de sens non d’un point de vue d’un droit univ ersel ou d’une morale unanime, qui n’existent
pas, mais des droits et des morales.
La techni que est ainsi doublement légitime dès lors qu’elle
est conforme à ce qui est permis par le droit positif et qui ne contredit pas les valeurs d’une
éthique.
L’illusion est de croire que tout problè me serait soluble par le biais de la technologie.
Sans s’apercevoir qu’elle ne fait que reconduite d’un cran le problème spécifiquement juridique
et moral.
C’est pourquoi depuis les années 80 se constituent des Comités d’éthique.
Mais là
encore le problème demeure intact.
Car si, à la manière de Kant, on défend des valeurs
universelles comme le respect de la personne hu maine, il resterait à savoir où commence et ou
finit cette personne : l’ovule fécondée est-elle une personne humaine ? Un homme en état de
coma dépassé est-il encore un homme ? Les impé ratifs catégoriques de la raison peuvent-ils
vraiment nous aider à déterminer s’il est légitim e ou non de prélever sur une personne en état de
mort cérébrale des organes pour les tr ansplanter sur un autre individu ?
On peut penser que la techni que n’est pas toujours légitime, mais elle n’en a cure, car non
seulement morales et droits semblent impuissants à circonscrire son domaine de légitimité, mais
de surcroît, elle fait vaciller leurs propres fond ements.
Au sens strict, la technique désigne un
ensemble de procédés en vue de la réalisation d’un but sans définir cette finalité.
Et il revient
toujours à la politique et à la morale de décider quelles seront les fins au service desquelles des
techniques pourront être mises en œuvre.
« Un calculateur électronique peut servir une
administration capitaliste et une administratio n socialiste » relèvera H.
Marcuse dans L’Homme
unidimensionnel .
Et si le moulin à bras produit la société du suzerain, si le moulin à vapeur donne
la société capitaliste comme le pensera Marx dans Misère de la philosophie, la technique n’est
pas neutre.
Et si ce n’est pas la technique mais le mode social qui est le facteur historique décisif,
la technique devient la forme uni verselle de la production industrie lle, au point de délimiter une
culture.
Développement technique et manière d’être de l’homme sont étroitement mêlés.
La
pensée humaine est conditionnée par la pensée technicienne.
Mais est-ce le déploiement de la
technique qui détermine la pensée et menace sa liberté ou bien, inversement, ce dépliement
technique, qui a été rendu possi ble par une pensée impensée ? « La technique, dira Heidegger
dans la Lettre sur l’humanisme, est dans son essence, un destin hi storico-ontologique de la vérité
de l’Être en tant qu’elle repose dans l’oubli.
».
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le travail + la technique
- La technique peut-elle se substituer à l’humain ?
- MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION ADJOINT TECHNIQUE D'ACCUEIL, DE SURVEILLANCE ET DE MAGASINAGE
- Exposé philosophique: Science et Technique
- cours philosophie travail et technique