Devoir de Philosophie

Théophile de Viau, « Élégie à une Dame ». 1. Diversement je laisse et reprends mon objet, 2. Mon âme...

Extrait du document

« Théophile de Viau, « Élégie à une Dame ». 1.

Diversement je laisse et reprends mon objet, 2.

Mon âme imaginant n'a point la patience 3.

De bien polir les vers et ranger la science, 4.

La règle me déplaît, j'écris confusément, 5.

Jamais un bon esprit ne fait rien qu'aisément. 6.

Autrefois quand mes vers ont animé la scène, 7.

L'ordre où j'étais contraint m'a bien fait de la peine. 8.

Ce travail importun m'a longtemps martyré, 9.

Mais enfin grâce aux Dieux je m'en suis retiré. 10.

Peu sans faire naufrage, et sans perdre leur ourse, 11.

Se sont aventurés à cette longue course. 12.

Il y faut par miracle être fol sagement, 13.

Confondre la mémoire avec le jugement, 14.

Imaginer beaucoup, et d'une source pleine, 15.

Puiser toujours des vers dans une même veine. 16.

Le dessein se dissipe, on change de propos, 17.

Quand le style a goûté tant soit peu le repos. 18.

Donnant à tels efforts ma première furie, 19.

Jamais ma veine encor ne s'y trouva tarie ; 20.

Mais il me faut résoudre à ne la plus presser, 21.

Elle m'a bien servi, je la veux caresser, 22.

Lui donner du relâche, entretenir la flamme, 23.

Qui de sa jeune ardeur m'échauffe encore l'âme ; 24.

Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints, 25.

Promener mon esprit par de petits desseins, 26.

Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise, 27.

Méditer à loisir, rêver tout à mon aise, 28.

Employer toute une heure à me mirer dans l'eau, 29.

Ouïr comme en songeant la course d'un ruisseau, 30.

Écrire dans les bois, m'interrompre, me taire, 31.

Composer un quatrain, sans songer à le faire. 32.

Après m'être égayé par cette douce erreur, 33.

Je veux qu'un grand dessein réchauffe ma fureur, 34.

Qu'un oeuvre de dix ans me tienne à la contrainte, 35.

De quelque beau Poème, où vous serez dépeinte : 36.

Là si mes volontés ne manquent de pouvoir, Théophile de Viau, « Élégie à une Dame ». 1.

Diversement je laisse et reprends mon objet, 2.

Mon âme imaginant n'a point la patience 3.

De bien polir les vers et ranger la science, 4.

La règle me déplaît, j'écris confusément, 5.

Jamais un bon esprit ne fait rien qu'aisément. 6.

Autrefois quand mes vers ont animé la scène, 7.

L'ordre où j'étais contraint m'a bien fait de la peine. 8.

Ce travail importun m'a longtemps martyré, 9.

Mais enfin grâce aux Dieux je m'en suis retiré. 10.

Peu sans faire naufrage, et sans perdre leur ourse, 11.

Se sont aventurés à cette longue course. 12.

Il y faut par miracle être fol sagement, 13.

Confondre la mémoire avec le jugement, 14.

Imaginer beaucoup, et d'une source pleine, 15.

Puiser toujours des vers dans une même veine. 16.

Le dessein se dissipe, on change de propos, 17.

Quand le style a goûté tant soit peu le repos. 18.

Donnant à tels efforts ma première furie, 19.

Jamais ma veine encor ne s'y trouva tarie ; 20.

Mais il me faut résoudre à ne la plus presser, 21.

Elle m'a bien servi, je la veux caresser, 22.

Lui donner du relâche, entretenir la flamme, 23.

Qui de sa jeune ardeur m'échauffe encore l'âme ; 24.

Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints, 25.

Promener mon esprit par de petits desseins, 26.

Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise, 27.

Méditer à loisir, rêver tout à mon aise, 28.

Employer toute une heure à me mirer dans l'eau, 29.

Ouïr comme en songeant la course d'un ruisseau, 30.

Écrire dans les bois, m'interrompre, me taire, 31.

Composer un quatrain, sans songer à le faire. 32.

Après m'être égayé par cette douce erreur, 33.

Je veux qu'un grand dessein réchauffe ma fureur, 34.

Qu'un oeuvre de dix ans me tienne à la contrainte, 35.

De quelque beau Poème, où vous serez dépeinte : 36.

Là si mes volontés ne manquent de pouvoir, 37.

J'aurai bien de la peine en ce plaisant devoir. 38.

En si haute entreprise où mon esprit s'engage, 39.

Il faudrait inventer quelque nouveau langage, 40.

Prendre un esprit nouveau, penser et dire mieux 41.

Que n'ont jamais pensé les hommes et les Dieux. Ce texte est un extrait du long poème de Théophile de Viau, « Élégie à une Dame ». 41 alexandrins.

La césure est majoritairement à l’hémistiche. Rimes suivies, du type AABB. Alternance des rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et masculines. Dans cet extrait, le poète expose sa propre vision de la poésie.

Sorte d’art poétique. I- Une conception de la poésie Poème sur la poésie.

Champ lexical de la poésie.

Ex : « j’écris » ; « mes vers » ; « des vers » ; « le style »….... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓