Thaïlande (1995-1996): Ballets diplomatiques Le pays a fêté avec faste, en 1996, le cinquantième anniversaire de l'accession au trône du...
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Thaïlande (1995-1996): Ballets diplomatiques
Le pays a fêté avec faste, en 1996, le cinquantième anniversaire de l'accession
au trône du roi Bhumibol Adulyadej.
Très populaire, clef de voûte du système
politique et des institutions, le chef de l'État aura vu passer avant son jubilé
pas moins de vingt et un Premiers ministres et essuyé dix-sept tentatives de
coup d'État; il est vrai que son règne aura été le plus long, jusque-là, de
l'histoire de la royauté thaï.
Meurtri par la disparition de sa mère à l'été
1995 et de santé fragile, il a dû alléger son calendrier.
Toutefois, la
Thaïlande, qui entend être reconnue comme un acteur important de la scène
politique régionale et internationale, a su mettre à son profit l'agenda royal
pour accueillir successivement deux rencontres internationales de premier plan:
le 5e sommet des chefs d'État de l'ANSEA (Association des nations du Sud-Est
asiatique), les 14 et 15 décembre 1995, et la première rencontre Europe-Asie
(ASEM) les 1er et 2 mars 1996.
Le royaume a ainsi pu, à la fois, se mettre en
valeur et assurer quelques avancées politiques significatives.
Ainsi, en
décembre 1995, les dirigeants de l'ANSEA, auxquels se sont associés ceux de
Myanmar (Birmanie), du Cambodge et du Laos, ont adopté un traité de
dénucléarisation de l'Asie du Sud-Est.
Cette initiative politique "7 + 3" a
ouvert la voie à un renforcement de l'organisation régionale et à l'insertion
rapide en son sein des "3" associés.
Normalisation aux frontières
La question de la sécurité aux frontières du royaume ne s'en trouvait pas
résolue pour autant.
Certes, un accord a été signé avec le gouvernement
cambodgien en septembre 1995, mais les accrochages à la frontière avec les
Khmers rouges et l'armée royale cambodgienne n'en demeuraient pas moins
fréquents.
Il en est allé de même sur la frontière avec le Myanmar comme en ont
témoigné les incidents consécutifs aux actions militaires des Karens (minorité
ethnique longtemps insurgée) ralliés à Rangoon (Armée démocratique bouddhiste
karen, DKBA), contre les camps de réfugiés en Thaïlande.
Les relations avec les
ennemis d'autrefois (Laos, Vietnam) ont cependant continué de s'améliorer.
Après
des années de négociations, Hanoi a obtenu l'ouverture d'un consulat dans la
province de Khon Kaen (Nord-Est), alors que pendant longtemps Bangkok avait
craint l'instrumentalisation des 55 000 Vietnamiens d'origine vivant sur son
territoire.
Ces succès diplomatiques ont été d'autant plus "méritoires" que les
rebondissements de la vie parlementaire ont imposé trois changements de
ministres aux Affaires étrangères en dix-huit mois.
En bref, les objectifs
diplomatiques sont demeurés les mêmes: préserver la position centrale de la
Thaïlande au sein de l'ANSEA - alors que celle-ci s'apprête à s'élargir et
s'engage dans l'aménagement du bassin du Mékong -, s'assurer les conditions
d'une croissance économique continue par une participation aux institutions
visant à la libéralisation des échanges internationaux (Organisation mondiale du
commerce - OMC -, Coopération économique en Asie-Pacifique - APEC -, Aire de
libre-échange asiatique - AFTA...) et faciliter la normalisation avec les États
voisins.
Dans cette logique, Banharn Silpa Archa a effectué la première visite
diplomatique, depuis quinze ans, d'un Premier ministre thaïlandais à Rangoon, en
mars 1996.
Outre un accord de commerce transfrontalier, les deux gouvernements
ont affirmé leur volonté de développer leur coopération dans le domaine des
transports, des communications et de l'énergie.
Toutefois, si la Thaïlande était
soucieuse de maintenir sa volonté d'engagement constructif vis-à-vis de la junte
birmanienne, elle ne tenait pas moins compte de la réprobation internationale
frappant les militaires de Rangoon.
Ainsi le ministre de la Défense, le général
Chaovalit, a-t-il annoncé que les 92 000 Birmaniens réfugiés en Thaïlande
seraient autorisés à rester jusqu'à ce qu'ils puissent être rapatriés en toute
sécurité.
De la même manière, au coeur de la crise entre la junte et le leader
de l'opposition Aung San Suu Kyi, Bangkok a décidé d'envoyer l'un de ses
diplomates à l'ouverture du congrès du parti de cette dernière, la Ligue
nationale pour la démocratie (LND).
Cette recherche de respectabilité relevait
avant....
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