Summerhill, Refus de l’autorité, initiative personnelle, épanouissement - école et éducation entre réforme et utopie
Publié le 28/03/2019
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Refus de l’autorité, initiative personnelle, épanouissement - école et éducation entre réforme et utopie
À travers l'Europe et les États-Unis, des parents, des professeurs, des psychologues, des psychanalystes sans oublier ceux qui sont en train de grandir eux-mêmes, abandonnent des modèles éducatifs obsolètes et en testent de nouveaux : les crèches pour enfants et l'école globale, l'éducation antiautoritaire, l'égalité des chances, l'épanouissement de l'enfant. Sans donner tous les espoirs, le débat sur l'éducation est posé d'une façon nouvelle.
Supprimer le fossé entre les générations à l'école, ne pas faire grandir l'enfant dans la peur du pouvoir de l'enseignant car il lui est soumis, se poser davantage du côté de l'enfant en tant qu'éducateur - de tels objectifs vont bouleverser les méthodes d'éducation dans les années 60.
Summerhill. Le pédagogue anglais Alexander Sutherland Neill (1883-1973) met en pratique ces idées depuis des dizaines d’années déjà dans son école de Summerhill qui devient brusquement célèbre dans le monde entier avec la publication de son ouvrage Libres enfants de Summerhill. Traduit en dix langues, ce livre est même publié en format de poche et devient une des meilleures ventes en librairie là où il est édité.
On peut mettre en parallèle la vie du « pédagogue hérétique » Neill, soumis dans son enfance à l'enseignement sévère de son père, maître d'école d'un village écossais, et la contestation d'une nouvelle génération de parents qui ne veut plus avoir recours aux schémas
Exercice ludique à l’école de Waldorf : dans ces écoles privées reconnues par l'État, il n’y a ni examen ni redoublement. La 13* année de scolarité est équivalente à la classe de préparation au baccalauréat.
autoritaires. Lorsque, après la Première Guerre mondiale, Neill collabore à la création d'une école internationale à Dresden-Hellerau, il prétend que les Allemands ne veulent pas la liberté car elle leur fait peur.
Trop de liberté à Summerhill? Le mot « antiautoritaire » n'est pas un malentendu. Neill ne veut en effet « pas jouer au maître » : dans son école, la participation aux cours est facultative, il n'y a pas de notes, et l'assemblée scolaire hebdomadaire où chaque élève a une voix au même titre que chaque professeur, établit les règles et peut les changer au cas par cas. Neill ne pratique cependant pas la liberté illimitée -comme le lui reproche souvent et rageusement ses détracteurs qui ont en général ignoré son ouvrage La Liberté, l'anarchie paru en 1966.
Summerhill fait de nombreux émules, comme par exemple les « écoles libres » aux États-Unis ainsi que l'Union for Research and Expérimentation in Higher Education, à laquelle se joignent une douzaine de «collèges » américains progressistes. Il est tout de même bien
«
A
l'école Montessori, l'apprentissage ludique est
une des priorités.
« perméabilité » dans l'éducation de
l'enfant pour offrir d'autres chances,
meilleures, par de plus grandes
possibilités de choix et d'orien tation.
Les
cours > et « de niveau »
« des cours d'instruction civique » et des
« cours de performance technique »
viennent donc structurer l'enseigne
ment.
La complexité du système et la
difficulté à y faire accéder les enfants
issus de familles modestes, entraînent
une forte opposition dans certains pays
comme en Allemagne où la fréquen
tation de ces écoles par des enfants
d'ouvriers est de cinq à six fois inférieure
à ce qui se passe en Grande-Bretagne et
en Suède, où il existe des écoles globales
depuis les années 50.
Enseignement préscolaire et utili
sation de jeux d'aventures.
Le vent
du changement pédagogique ne cesse
de souffler.
Dans les années 60, on teste
également en Allemagne l'ensei
gnement préscolaire mis en pratique
depuis longtemps déjà aux États-Unis.
Il
s'agit là d'apprendre à l'enfant, dès cinq
ans, à se situer dans son environnement
et à éveiller son intelligence, au lieu de
l'exercer, comme trop souvent dans les
garderies de cette époque, au seul
apprentissage de la propreté, de l'ordre
et de l'obéissance.
Ces pratiques vont profondément
modifier l'éducation des tout-petits,
dans les organismes publics comme dans
les institutions privées.
Parmi les signes précurseurs, incontes
tablement antiautoritaires, les jeunes
parents organisent de leur propre
initiative des crèches d'un nouveau
genre en se regroupant pour appliquer
leurs propres idées pédagogiques.
Ils
développent entre autres des
emplacements réservés aux jeux d'aven
ture, avec bacs à sable, toboggans et
balançoires, que les enfants préfèrent
aux jeux traditionnels.
Épanouissement
par le jeu, exercice en plein air, activités
avec l'eau et la terre rendent la vie des
enfants plus riche et plus heureuse.
Et
les parents qui redoutent des accidents
sont étonnés de constater combien les
enfants de 3 ans et demi à 16 ans savent
mesurer et prévenir les dangers, sans s'y
précipiter.
Éducation sexuelle à l'école.
Intro
duite dès les années 50 en Suède et aux
États-Unis vers le milieu des années 60,
l'éducation sexuelle entre dans les
écoles, ce qui ne va pas sans de violentes
contestations des milieux conservateurs.
Des ouvrages comme L'Amour sans carré
blanc et des films éducatifs consacrés à
ce sujet attirent des millions de per
sonnes.
On assiste à un bouleversement
des valeurs qui doit libérer la sexualité
du complexe de culpabilité chrétien, ce
que de nombreux Américains jugent
trop permissif.
Parents et enseignants se sentent
dépassés par un mouvement où tous leurs
points de repères traditionnels sont
effacés.
La « libération sexuelle » avancée
par les psychanalystes et par certains
philosophes tels Reich, Marcuse ou
Adorno sera vécue comme le symbole de
la remise en cause de l'ordre ancien.
Le
« tout est permis » servira de leitmotiv
aux étudiants de la fin des années 60 qui
pensent ainsi éliminer de leur époque ses complexes,
ses névroses, ses peurs, ses
préjugés et ses interdits.
Histoire et utopie de l'enfance.
Au
début des années 60, l'historien français
Philippe Ariès publie son Histoire de
l'enfance où il remet en question
« l'école » depuis son origine, se deman
dant si l'apprentissage tourné dès
l'enseignement préscolaire vers l'apti
tude scolaire, les classes composées de
personnes du même âge, l'établissement
de bulletins de notes et d'un classement
général ne signifient pas une norma
lisation contre l'enfant et contre la vie
plutôt que pour l'évolution person
nelle? Les alternatives que l'on propose
à l'école traditionnelle sont en revanche
des structures dans lesquelles on doit
vivre et apprendre en même temps, où
la suppression de la séparation habi
tuelle entre l'éducation et les relations
personnelles, et l'insertion des enfants et
des adolescents dans le travail et la
politique doivent être prioritaire.
Et
surtout, il ne faut pas hésiter à se garder
du temps, du temps pour que les
enseignants puissent mettre à jour leurs
connaissances, du temps que les parents
puissent consacrer à leurs enfants, du
temps pour ce qui n'est pas immé
diatement productif, pour ce qui n'est
pas achevé et pour ce qui n'est pas
calculable.
La société et la pédagogie qui
peuvent mettre en œuvre ces valeurs ne
sont évidemment pas perceptibles dans
les années 60, mais les initiateurs sont
déjà là.
Alexander Sutherland Neill mise sur la spontanéité des enfants dans son schéma pédagogique.
Son concept marque l'éducation antiautoritaire de la fin des années 60..
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