Sujet: Céline, Voyage au bout de la nuit. Je leur raconterai plus rien à l'avenir ! » que je me...
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«
Sujet:
Céline,
Voyage
au
bout
de
la
nuit.
Je leur raconterai plus rien à l'avenir ! » que je me disais, vexé.
Je voyais bien que c'était
pas la peine de leur rien raconter à ces gens-là, qu'un drame comme j'en avais vu un,
c'était perdu tout simplement pour des dégueulasses pareils ! qu'il était trop tard pour que
ça intéresse encore.
Et dire que huit jours plus tôt on en aurait mis sûrement quatre
colonnes dans les journaux et ma photographie pour la mort d'un colonel comme c'était
arrivé..
Des
abrutis.
C'était donc dans une prairie d'août qu'on distribuait toute la viande pour le régiment, ombrée
de
cerisiers
et
brûlée
déjà
par
la
fin
de
l'été.
Sur des sacs et des toiles de tentes largement étendues et sur l'herbe même, il y en avait
pour des kilos et des kilos de tripes étalées, de gras en flocons jaunes et pâles, des moutons
éventrés avec leurs organes en pagaïe, suintant en ruisselets ingénieux dans la verdure
d'alentour, un bœuf entier sectionné en deux, pendu à l'arbre et sur lequel s'escrimaient
encore en jurant les quatre bouchers du régiment pour lui tirer des morceaux d'abattis.
On s'engueulait ferme entre escouades à propos de graisses, et de rognons surtout, au
milieu des mouches comme on en voit que dans ces moments-là importantes et musicales
comme
des
petits
oiseaux.
Et puis du sang encore et partout, à travers l'herbe en flaques molles et confluentes qui
cherchaient la bonne pente.
On tuait le dernier cochon quelques pas plus loin.
Déjà quatre
hommes
-
et
C'est
un
toi
boucher
eh
vendu
se
!
disputaient
qui
l'as
certaines
étouffé
tripes
hier
à
venir.
l'aloyau
!...
J'ai eu le temps encore de jeter deux ou trois regards sur ce différent alimentaire, tout en
m'appuyant contre un arbre et j'ai dû céder à une immense envie de vomir, et pas qu'un
peu,
jusqu'à
l'évanouissement.
On m'a bien ramené jusqu'au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de
l'occasion
pour
me
barboter
mes
deux
sacs
en
toile
cachou.
Je me suis réveillé dans une autre engueulade du brigadier.
La guerre ne passait pas.
Dans
son roman aux tonalités autobiographiques, Louis Ferdinand Céline révolutionne l’écriture
romanesque.
Voyage au bout de la nuit est un roman qui dénonce, au travers du regard du narrateur
Bardamu (médecin en région parisienne) les changements de la société française du début
du siècle : tout passe au crible de la révolte du narrateur qui condamne la guerre
et l’absurdité de la condition humaine.
Cette dénonciation passe par un rapport au langage
totalement novateur pour le style romanesque : Céline à écrit comme l’on parle, en
oralisant son style et en mêlant les registres de langue, il a su créer un nouveau style qui
correspondait à sa vision du monde.
Le récit est-il objectif ou subjectif, le narrateur émet il un jugement à travers le récit ? Quel
sens est donné à l’évènement à travers le récit ?
I Description d’un champ de bataille
Les deuxième et troisième paragraphes de l’extrait sont une description d’un champ de
bataille :
Ascension de l’horreur : la nature est recouverte et souillée par l’homme : l’herbe
est recouverte, cachée par cette boucherie à ciel ouvert :
L’heure du repas : scène de carnage mise en évidence par la longueur de la phrase « Sur
des sacs et des toiles de tentes… morceaux d’abattis »
Analyser l’énumération et les juxtapositions : tripes/ moutons éventrés/ un bœuf entier.
Cette phrase décrit non seulement un paysage apocalyptique, mais de surcroit l’absurdité
de la situation : l’homme se dispute encore « en jurant les quatre bouchers », « on
s’engueulait » pour finalement nourrir des hommes qui eux-mêmes sont voués à la mort.
Se demander dans....
»
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