SUJET Au moment où vous commencez à_ vous orienter vers une spécialisation littéraire, vous réfléchirez au conseil que donnait Voltaire...
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SUJET
Au moment où vous commencez à_ vous orienter
vers une spécialisation littéraire, vous réfléchirez au
conseil que donnait Voltaire à · une jeune correspon •
dante qui le consultait sur le choix de ses lectures :
« Je vous invite à ne lire que des ouvrages depuis
longtemps en possession des suffrages du public et dont
la rép�tation n'est point équivoque.
Il y en a peu, mais
on profite bien davantage en les lisant qu'avec tous
les mauvais petits livres dont nous sommes inondés.
»
(Lettre du 20 juin 1756, citée par Lanson dans Choix de
Lettres du XVIIIe siècle, p.
136.)
(Baccalauréat.)
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
1.
Se méfier des sujets de- ce genre, en· apparence très faciles :· en eflet,
ils sont ordinairement doublés de plusieurs autres qui, sans poser de
la même manière le même problème, sont très çoisins ou qui, plutôt,
· peuçent être considérés comme des aspects secondaires de la question
principale.
Ici par exemple, plusieurs directions fausses ou plusieurs
fautes possibles «'d'accent tonique >> : le proQlème du succès (immédiat
ou à retardement), les raisons qui font la çaleur d'une grande œuçre,
le choix des lectures sous son asp_ect le plus çaste, etc ....
2.
Voltaire prend une position très précise, qu'en langage moderne on
pourrait résumer ainsi : la culture littéraire est açant tout la connais
sance des grands auteurs du passé.
En d'autres· termes, et pour des
raisons qui lui sont propres et qu'il y aura lieu d'indiquer, il pense
que la littérature n'est pas instrument de culture' sous son aspect de
jaillissement actuel et engagé dans des circonstances particulières,
mais sous son aspect définitif de- chef-d'œuçre consacré.
3.
Bien entendu, cette position implique un certain nombre d'autres
positions critiques .qu'il nous faudra déceler et-qui seront� nuances
du sujet.
(Mais, encore une fois, elles ne sont pas le sujet et c'est une
faute graçe que de les majorer.) Par exemple,- Voltaire considère le
temps et l'açÎS uniPersel des hommes comme un i, lire Candide, ch.
xxv : Visite chez le
seigneur Pococurante, noble "énitien).
3.
Le « critère » retenu : les « classiques >> consacrés par le temps
(cf.
Boileau, Réflexions critiques sur Longin, Réflexion VII) et
non les « ouvrages équivoques i>, c'est-à-dire non encore sortis
vainqueurs de l'épreuve du temps.
On rencontre la même prudence
chez tous les directeurs de .conscienée littéraires (cf.
Quintilien;
Sénèque : (c Semper probatos lcge
Lis toujours les auteurs
éprouvés », Lettres à Lucilù{s, II).
Voltaire dit d'ailleurs : (< davantage de profit >i, après cc ne..
!
que >> : le glissement de l'idée est à retenir; il suggère que, du
moins pour certains lecteurs, la lecture des auteurs cc équivoques >>
peut ne pas être exempte de tout....
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