Sujet 10 ♦ Amérique du Sud, septembre 2005, spé. Division du travail et extension des marchés Document Dans tout autre...
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Sujet 10
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Amérique du Sud, septembre 2005, spé.
Division du travail et extension des marchés
Document
Dans tout autre art et manufacture, les effets de la division du travail sont les mêmes que ceux que
nous venons d'observer dans la fabrique d'une épingle, quoique dans un grand nombre le travail ne
puisse pas être aussi subdivisé ni réduit à des opérations d'une aussi grande simplicité.
Toutefois,
dans chaque art, la division du travail, aussi loin qu'elle peut y être portée, amène un accroissement
proportionnel dans la puissance productive du travail.
C'est cet avantage qui paraît avoir donné
naissance à la sépara~ion des divers emplois et métiers.
[...
] Dans toute société avancée, un fermier en général n'est que fermier, un fabricant n'est que
fabricant.
Le travail nécessaire pour produire complètement un objet manufacturé est aussi presque
toujours divisé entre un grand nombre de mains.
Que de métiers différents sont employés dans
chaque branche des ouvrages manufacturés, de toile ou de laine, depuis l'ouvrier qui travaille à
faire croître le lin et la laine, jusqu'à celui qui est employé à blanchir et à tisser la toile ou à teindre
et à lustrer le drap!
Il est vrai que la nature de l'agriculture ne comporte pas une aussi grande subdivision de travail
que les manufactures, ni une séparation aussi complète des travaux.
Il est impossible qùil y ait,
entre l'ouvrage du nourrisseur de bestiaux et du fermier, une démarcation aussi bien établie qu'il
y en a communément entre le métier du charpentier et celui du forgeron.
Le tisserand et le fileur
sont presque toujours deux personnes différentes; mais le laboureur, le semeur et le moissonneur
sont souvent une seule et même personne.
Comme les temps propres à ces différents genres de
travaux dépendent des différentes saisons del' année, il est impossible qu'un homme puisse trouver
constamment à s'employer à chacun d'eux.
C'est peut-être l'impossibilité de faire une séparation
aussi entière et aussi complète des différentes branches du travail appliqué à l'agriculture, qui est
cause que, dans cet art, la puissance productive du travail ne fait pas des progrès aussi rapides que
dans les manufactures.
Source: Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, (1776), Gallimard,
1976.
Questions
1.
À l'aide du document et de vos connaissances, vous présenterez les avantages de la division du
travail selon Adam Smith.
2.
Expliquez la phrase soulignée.
3.
Les nouvelles formes d'organisation du travail remettent-elles en cause l'analyse d'Adam Smith?
Corrigé
Questions
1.
Adam Smith (1723-1790) expose en 1776 dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse
des nations les effets de la division du travail.
Telle qu'il l'aborde, la division du travail correspond à une répartition efficace des riches entre les
ouvriers qui permet de réaliser des gains de productivité importants, qu'il qualifie d'augmentation
de .
La présentation de Smith, restée célèbre à travers l'étude du fonctionnement d'une manufacture
d'épingles, >, préfigure ce que sera beaucoup plus tard l'organisation scientifique du travail (oST) avec ses deux modèles historiques que
sont le taylorisme puis le fordisme.
I.:observation relatée par Smith est la suivante: 18 étapes sont
nécessaires à la production d'une épingle, ce qui correspond à la division horizontale du travail et
à la spécialisation.
Cette observation permet à Smith de montrer de manière spectaculaire l'impact
économique de la division du travail.
Il expose ainsi que dans la fabrique d'épingles, une fois que
la division du travail ~t en place, chaque ouvrier sera en mesure de produire 4 800 épingles par
jour, au lieu de 20 dans la meilleure des hypothèses dans le système de production antérieur, soit
une productivité 240 fois plus élevée.
Smith explique cette progression spectaculaire de la puissance productive par la combinaison de
trois effets.
Le premier bienfait de la spécialisation de l'ouvrier dans une clche est l'accroissement
de l'habileté qui s'acquière par la répétition des mêmes gestes, les plus simples possible.
Smith
considère également que ce mode d'organisation du travail permettra d'éliminer les flâneries liées
au passage d'une clche à une autre, d'où un gain de temps.
Enfin, Smith pense que ce mode d'organisation du travail est propice au progrès technique, il annonce l'invention d'un grand nombre
de machines.
Il apparaît également dans les écrits de Smith que les avantages de la division du travail dépassent
la sphère économique.
Elle apparaît aussi comme une composante importante du lien social dans
la société capitaliste où chaque homme a besoin du travail des autres pour satisfaire ses propres
besoins.
Cette approche du lien social, comme lien marchand, reprend le principe de la main
invisible où la réalisation de l'intérêt général doit correspondre à la somme des intérêts individuels.
2.
.
Il apparaît
clairement dans ce passage que Smith n'a pas anticipé les formidables gains de productivité qu.' a
enregistrés....
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