Suisse (1987-1988): Repli ou ouverture? Plusieurs élections locales et régionales le promettaient: 1987 allait être, en Suisse, l'année verte. Celle...
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Suisse (1987-1988): Repli ou ouverture?
Plusieurs élections locales et régionales le promettaient: 1987 allait être, en
Suisse, l'année verte.
Celle de la vague écologiste, venue de la République
fédérale d'Allemagne et déferlant sur le pays, bousculant sur son passage les
partis traditionnels.
La tendance, apparue en début d'année dans quelques scrutins cantonaux
(Bâle-Ville, Tessin, Thurgovie), trouvait même une confirmation spectaculaire en
avril 1987.
Au Parlement cantonal de Zurich, les écologistes créaient une énorme
surprise en progressant de 4 à 22 sièges (sur 180).
Une semaine plus tard,
Genève procédait à des élections municipales: le Parti écologiste genevois,
jusqu'alors non représenté au Conseil, obtenait 11 sièges.
Il devenait d'un
coup, avec 13,8% des suffrages, le troisième parti du canton.
Politiciens et analystes prévoyaient donc une vague verte pour les élections
fédérales d'octobre.
Mais, déjouant tous les pronostics, les citoyens suisses,
éternels amoureux de la stabilité, refusaient le grand chambardement.
Seuls 54%
des électeurs se rendaient aux urnes pour cet important rendez-vous fédéral.
Et
ils reconduisaient les partis dits bourgeois: radicaux, démocrates-chrétiens,
démocrates du centre et libéraux obtenaient 127 sièges (sur 200) au Conseil
national.
Exactement le même nombre qu'aux élections précédentes.
Les
socialistes perdaient des représentants (10) au profit des écologistes et des
alternatifs, surtout dans la partie alémanique du pays.
Le vert, la couleur qui émerge dans les villes (Zurich, Genève, Bâle) n'a pas
trouvé, en 1987, une réelle assise nationale.
C'est donc un Parlement
traditionnel dans sa composition qui a réélu les conseillers fédéraux
(ministres) et qui a porté deux nouveaux membres du collège gouvernemental.
René
Felber (socialiste) a succédé à Pierre Aubert aux Affaires étrangères et Adolf
Ogi (démocrate du centre) a remplacé Léon Schlumpf aux Transport, aux
Communications et à l'Énergie.
Nucléaire: coup d'éclat
Cependant, comme si elle avait cheminé de manière souterraine, l'écologie a fait
une réapparition remarquée quelques mois plus tard.
Le 2 mars 1988, un coup
d'éclat a éteint l'une des controverses politiques les plus chaudes qu'ait
connue la Suisse depuis la dernière guerre.
Ce jour-là, un groupe de
parlementaires, fervents défenseurs du nucléaire, ont demandé, au nom de trois
partis gouvernementaux, l'abandon de Kaiseraugst.
Portant le nom d'une commune située dans la région de Bâle, Kaiseraugst est un
projet de centrale nucléaire qui pourrit depuis vingt ans, enlisé par
d'incessantes oppositions et de systématiques contestations.
Les parlementaires
opposés à cette centrale ont reçu une sorte d'agrément du gouvernement.
Les
autorités fédérales, soulagées de mettre un terme à un débat qui tournait en
"guerre de religion" entre pro et antinucléaires, se sont déclarées prêtes à
renoncer à Kaiseraugst.
Elles ont aussi admis qu'il ne sera guère possible d'ici
à 1988, de construire de nouvelles centrales nucléaires en Suisse.
En dépit de la tempête monétaire et boursière, 1987 n'a pas été une mauvaise
année pour l'économie suisse.
Portée par les investissements (+6,2%) et par la
consommation privée (+2,5%), la croissance helvétique a légèrement dépassé les
2% en 1987.
Les exportations n'ont guère fléchi durant cette période, malgré le
"piqué" du dollar.
L'horlogerie, cette vitrine de l'industrie suisse
traditionnelle, a même surmonté sa crise structurelle, ses exportations ayant
progressé de 1,6% grâce aux montres de luxe et aux produits en plastique.
Branche fragile du secteur secondaire suisse, l'industrie des machines a terminé
l'année la tête haute, avec des entrées de commandes en augmentation de 14%.
Mais ce tableau rose ne doit pas faire illusion.
Une branche lourde comme celle
des machines réagit avec retard aux fluctuations monétaires.
Plus sensibles, les
banques ont ressenti les premières l'onde du krach boursier ;....
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