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Sénégal (1984-1985): Morosité La démocratie pluraliste sénégalaise, l'une des rares du continent africain, traverse une phase délicate. Les difficultés économiques...

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« Sénégal (1984-1985): Morosité La démocratie pluraliste sénégalaise, l'une des rares du continent africain, traverse une phase délicate.

Les difficultés économiques considérables, ajoutées à l'immobilisme politique ambiant, font que le pays a perdu de l'éclat qui lui donnait l'illusion d'être un modèle. En 1984, la crise économique, qui dure depuis la fin des années soixante-dix, est restée profonde et sans perspective immédiate d'amélioration.

En termes réels, selon la Banque mondiale, le revenu moyen n'a pas augmenté depuis l'indépendance (1958), et les disparités sont toujours importantes.

L'économie de ce pays sahélien non producteur de pétrole reste largement dépendante des conditions climatiques ; or, depuis 1970, l'agriculture sénégalaise a souffert de la sécheresse quasiment une année sur deux.

Un important chômage s'est également développé dans les villes gonflées par l'exode rural. De l'avis de la Banque mondiale, le Sénégal a vécu, en pratique, au-dessus de ses moyens.

Il doit, de ce fait, traverser une pénible cure d'austérité, à l'image de bon nombre d'États africains soumis aux mêmes contraintes.

Les tours de vis sont allés croissant depuis le début des années quatre-vingt.

En 1979, le gouvernement a adopté un premier "plan de réhabilitation économique" de cinq ans, qu'il a dû durcir progressivement pour continuer à recevoir l'aide internationale massive qui, seule, lui évite la faillite.

L'assainissement de l'économie entrepris par le gouvernement du président Abdou Diouf a produit des effets que les experts du Fonds monétaire international ont jugés positifs, mais encore insuffisants. En janvier 1985, un nouveau train de mesures difficiles a été adopté par le gouvernement, en particulier le relèvement de 23% du prix du riz - denrée de base de l'alimentation des Sénégalais -, alors que le salaire minimal n'a été augmenté que de 5%.

La dernière augmentation du prix du riz remontait à août 1983.

En 1984, l'huile, le sucre, l'essence et d'autres produits avaient connu de fortes hausses.

Le Sénégal importe chaque année environ 400 000 tonnes de riz, et l'augmentation, forcément impopulaire, était destinée à la fois à encourager le développement de la production locale, et à détourner les consommateurs vers des produits traditionnels (maïs, mil...). Avec ces mesures draconiennes, le Sénégal a obtenu, également en janvier 1985, que le Club de Paris (qui regroupe les pays développés créanciers du tiers monde) rééchelonne sa dette extérieure (1,8 milliard de dollars), et des promesses d'aide au programme d'ajustement s'élevant à 500 millions de dollars par an jusqu'en 1991.

Les experts internationaux appelés au chevet de l'économie malade ont estimé qu'il fallait cinq à dix ans pour la redresser, avec un niveau d'aide extérieure élevé.

Le Sénégal a misé sur le développement de son agriculture (avec la construction de barrages géants destinés à l'irrigation sur le fleuve Sénégal, un projet très controversé du fait des graves perturbations qu'il va introduire dans la vie et le travail des paysans du fleuve), de l'industrie de la pêche, du tourisme et des ressources minières (phosphate, fer), ainsi que du complexe des Industries chimiques du Sénégal (ICS), inauguré en 1984. Un tel programme de restructuration n'était pas fait pour soulever l'enthousiasme.

Morosité et apathie se sont installées dans le pays, qui a cependant évité, lors des hausses de prix, les "émeutes de la faim" enregistrées ailleurs dans les mêmes circonstances.

A cela s'est ajouté le désenchantement de ceux qui avaient misé sur des changements rapides et profonds lors de l'arrivée à la présidence d'Abdou Diouf, en janvier 1981, auquel Léopold Sedar Senghor, sentant l'usure du pouvoir, avait passé la main. Pluralisme politique La démocratisation - entamée sous Senghor - à laquelle s'est attelé Abdou Diouf a renforcé l'assise du Parti socialiste (PS) au pouvoir, l'opposition éclatant en quatorze fractions rivales impuissantes.

Mais le chef de l'État a déçu ses partisans en ne parvenant pas à éliminer réellement - notamment au Congrès extraordinaire du PS en janvier 1984 - la vieille garde des "barons".... »

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