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Russie (2002-2003): Une «routine Poutine» ? Trois ans après le départ de l'impétueux président Boris Eltsine, la vie russe prenait...

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« Russie (2002-2003): Une «routine Poutine» ? Trois ans après le départ de l'impétueux président Boris Eltsine, la vie russe prenait un cours routinier.

Mode «rétro» aidant, certains parlent d'un nouveau zastoï («stagnation»), brandissant le vocable utilisé pendant la perestroïka pour stigmatiser la somnolence des années Brejnev (du milieu de la décennie 1960 à 1982).

Le culte de Vladimir Poutine est apparu de plus en plus sensible, facilité par une cote de popularité inébranlable.

Les analystes étaient nombreux à souligner que sa désormais traditionnelle «Adresse à la nation», prononcée cette année 2003 en mai, n'avait rien apporté de nouveau, sinon le retour des accents utopiques, présents dans des objectifs tels que le doublement du PIB, la convertibilité du rouble et la fin de la pauvreté d'ici 2010.

Les réformes ne s'en sont pas moins poursuivies, le syncrétisme de l'ancien et du nouveau restant à l'ordre du jour. Le poids des échéances électorales Même si elle ne devait officiellement être ouverte que le 1er septembre 2003, la campagne pour l'élection des députés de la Douma (14 décembre), puis celle du président (14 mars 2004) était déjà entamée au printemps.

Alors que la reconduction de V.

Poutine pour un second mandat ne fait guère de doute, le succès de Russie unie, souvent désigné comme «parti du pouvoir», n'était pas assuré, la cote de popularité du président ne s'étendant pas à ses affiliés, comme l'atteste, par exemple, l'échec de son candidat aux fonctions de gouverneur de Magadan en février 2003. Les diverses stratégies déployées sont apparues plus modelées par le savoir-faire des conseillers en communication que par les programmes politiques. On a ainsi assisté à un dédoublement du mouvement poutinien, avec la création du Parti de la vie, sous la houlette du président du Conseil de la Fédération Sergueï Mironov.

Ce parti a tenu son premier congrès en avril 2003 et le loyalisme à l'égard du chef de l'État n'a pas manqué d'y être affirmé.

Dans ce jeu, le gouvernement a semblé voué au rôle de bouc émissaire.

Critiqué par le président pour la modestie de ses ambitions, il a aussi été la cible privilégiée de ceux qui voudraient capter le vote des mécontents.

Les libéraux du parti Iabloko associés aux communistes du PCR (Parti communiste de Russie) ont ainsi tenté de faire passer une motion de censure en juin.

Dans un paysage politique flou, les alliances ont du mal à se dessiner.

Iabloko et l'Union des forces de droite n'étaient toujours pas parvenus à une entente.

Boris Berezovski, oligarque proche de B.

Eltsine, en exil à Londres, qui fait plus que jamais figure d'ennemi «numéro un» du président, a d'abord prôné la coalition du Parti libéral avec les communistes, ce qui lui a valu d'être exclu d'une organisation que pourtant il finançait largement, avant de tenter des ouvertures du côté de l'Union des forces de droite.

L'assassinat en avril 2003 du dirigeant du Parti libéral, Sergueï Juchenkov a attesté à quel point la politique est demeurée chose obscure.

Dans ce contexte confus, la fonction critique de la presse indépendante, de plus en plus muselée, s'est d'autant réduite que le pôle médiatique d'État se renforçait. La société quant à elle se passionne peu pour ce type de jeu électoral, semblant sans illusion aussi bien sur la nature du régime en place que sur les vertus de la démocratie en général.

C'est sans grand émoi qu'elle a vu le poids des forces de sécurité se renforcer au sein de l'appareil d'État avec le remaniement ministériel d'avril 2003.

En octobre 2002, la prise en otages de plusieurs centaines de spectateurs dans un théâtre moscovite par un commando-suicide tchétchène, malgré son issue tragique (environ 160 morts dont une quarantaine de preneurs d'otages, victimes du gaz utilisé par les forces de l'ordre lors de leur assaut), avait confirmé le soutien majoritaire aux autorités et renforcé le clan des partisans de la ligne dure dans le conflit tchétchène – qui trouve son origine dans la déclaration d'indépendance de cette république en novembre 1991 – ; après un fléchissement au cours des mois précédents, leur pourcentage dans l'opinion publique égalait à nouveau celui des tenants des négociations (45 %). Finalement, en parallèle à la poursuite de la guerre (maintien de 80 000 hommes, poursuite d'opérations contre la population civile), le pouvoir entendait mettre en œuvre une normalisation politique.

Après le référendum qui s'est déroulé le 23 mars en Tchétchénie sur l'adoption du nouveau statut de la République (officiellement 85 % de participation, 95 % de votes favorables), dans un contexte qui a été mis en cause par les observateurs, V.

Poutine a présenté en mai à la Douma un projet d'amnistie conditionnelle pour les rebelles déposant les armes avant le 1er août.

L'effet escompté était de conférer le plus de légitimité possible à l'élection d'un nouveau président tchétchène. L'attachement déclaré à la personne de V.

Poutine ne signifiait néanmoins pas pour autant la fin de la défiance dans la relation pouvoir-société.

Seule la persistance de cette défiance explique le relatif échec du recensement d'octobre 2002 : la société s'y est montrée rebelle, peu disposée à se laisser radioscopier.

Sans doute se sent-elle toujours vulnérable.

Malgré l'amélioration de son niveau de vie et la promesse électorale d'une augmentation des pensions de retraite et des traitements des fonctionnaires, elle craint des réformes qui l'affecteront sensiblement : celle, effective déjà, des charges locatives ; celle, sans cesse annoncée, des tarifs de l'énergie (les coupures de plus en plus fréquentes étant les prémices de la future privatisation du secteur). D'autres agissements, plus discrets, ne sont pas sans effet sur son niveau de bien-être : le renforcement de la «verticale du pouvoir», thème mobilisateur du début de la présidence Poutine, s'est désormais traduit en termes budgétaires, Moscou limitant le pouvoir fiscal des régions. Une économie en voie de consolidation La croissance du PIB a été de 4,3 % en 2002, après 5,0 % en 2001.

Le solde de la balance commerciale est resté positif, la bonne récolte de 2002 ayant de plus permis le retour de la Russie sur un marché mondial qu'elle avait déserté depuis longtemps, celui des céréales.

Les prévisions pour 2003 étaient bonnes.

Si certains ont souligné l'influence néfaste des pétrodollars, trop faciles, qui atténuent l'urgence des restructurations et gèlent les idées novatrices, les évolutions positives ont néanmoins été réelles.

Les grands groupes enrichis grâce à l'appropriation de la rente des ressources naturelles se tournent de plus en plus vers le secteur productif.

Le marché financier russe s'anime.

Les agents économiques se focalisent davantage sur le marché intérieur, avec la mise en sourdine du débat sur l'entrée de la Russie à l'OMC (Organisation mondiale du commerce).

Les réformes exigées en préalable à cette adhésion ont néanmoins suivi leur cours et le nouveau code douanier (en débat depuis décembre 1999) a finalement vu le jour en avril 2003.

Une certaine transparence de l'actionnariat a commencé à s'instaurer.

Des alliances se construisent : ainsi.... »

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