Royaume-Uni (1993-1994): Revers répétés pour John Major Pour rétablir la situation économique et sociale du pays, le Premier ministre John...
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Royaume-Uni (1993-1994):
Revers répétés pour John Major
Pour rétablir la situation économique et sociale du pays, le Premier ministre
John Major avait tout d'abord placé ses espoirs dans les effets bénéfiques de la
sortie, en septembre 1992, de la livre sterling du mécanisme de change du
Système monétaire européen (SME).
Mais l'évolution positive de quelques
indicateurs, annonciatrice de la reprise, n'a pas suffi à redonner confiance aux
entreprises et aux consommateurs.
La situation économique est restée affectée
par des failles structurelles profondes.
Lors du congrès de la Confédération de
l'industrie britannique (CBI) en novembre 1993, le patronat et le gouvernement
conservateur se sont renvoyé la responsabilité de la crise.
Le premier a
reproché au second la faiblesse de sa politique industrielle, tandis que le
chancelier de l'Échiquier, Kenneth Clarke, déplorait que les entreprises aient
utilisé la dévaluation pour regonfler leur trésorerie et non pour investir.
Si l'on a néanmoins constaté à partir de 1992 une tendance à la reprise, elle a,
semble-t-il, fortement dépendu de la croissance de la consommation (+4,8% en
deux ans).
Le mouvement est apparu directement menacé par les mesures
budgétaires très impopulaires portant notamment sur une forte augmentation,
étalée sur trois ans, de la pression fiscale et entrées en vigueur le 1er avril
1994.
La baisse du chômage, (un peu moins de 10% en 1993) n'est pas apparue
réjouissante à tous points de vue, notamment en ce qui concerne les effets en
termes de précarité de l'emploi d'une politique systématique de flexibilisation
du marché du travail.
Le plus inquiétant est demeuré l'importance grandissante
des inégalités, phénomène que le patronat lui-même a fini par dénoncer.
Le
président de la CBI a rappelé que le revenu moyen du dixième des salariés situés
au sommet de l'échelle a augmenté de 62% dans les années quatre-vingt, tandis
que le revenu du dixième situé à la base a baissé de 14% pendant la même
période.
D'autres enquêtes ont montré que l'espérance de vie dans certaines
catégories de la population a diminué par rapport à celle d'il y a quarante ans
ou que les hommes âgés de 45 à 54 ans sont quatre fois plus nombreux à mourir
dans les régions économiquement les plus pauvres.
Dans un tel contexte, les propos sur la mendicité de John Major ont été très
malvenus.
Il a laissé entendre en mai 1994 que vivre sur le trottoir constituait
"un style de vie" dépourvu de "justification", préjudiciable au tourisme et "à
tout le monde" et qu'il ne fallait pas craindre de sanctionner la mendicité
conformément à la loi.
Sa politique de "retour aux vraies valeurs" ("back to basics") amorcée en
octobre 1993 et constituant une pâle imitation du "retour aux vieilles valeurs
victoriennes" chères à son prédécesseur conservateur Margaret Thatcher
(1979-1990) ne lui a pas mieux réussi.
Peu après son lancement, la
multiplication des "affaires" a ruiné la prétention des tories à apparaître
comme le parti le plus compétent et le plus vertueux.
Ainsi, à côté de
révélations sur les ventes d'armes illicites ou sur les gaspillages, sur les
fraudes et la corruption autour de la privatisation partielle de
l'administration, éclatait une série impressionnante de scandales
politico-sexuels.
Négociations avec les nationalistes irlandais
En politique extérieure, le sort n'a pas davantage épargné le Premier ministre.
Il a failli réussir un tour de force en signant, le 15 décembre 1993, avec le
chef du gouvernement d'Irlande du Nord, Albert Reynolds, la "déclaration de
Downing Street", appel conjoint à la cessation des hostilités et invitation à
engager une véritable négociation après une période probatoire de trois mois
sans violences.
Pour la première fois depuis 1921, Londres se déclarait ainsi
disposé à renoncer à sa souveraineté sur la province à la condition que la
population manifeste son souhait que l'Ulster soit rattaché à la République
d'Irlande.
De son point de vue, l'enjeu réel consistait à amorcer une dynamique
de paix sans toutefois remettre en question l'unité du Royaume-Uni.
C'est
pourquoi le gouvernement britannique avait proposé la tenue de deux référendums
d'autodétermination certes "simultanés", mais "séparés", dans l'île, tablant
qu'avec une majorité d'"unionistes" protestants dans la province, le "non"
l'emporterait certainement.
En Ulster, le chef de file extrémiste du camp unioniste, Ian Paisley, a dénoncé
un "acte de traîtrise"; James Molyneux, chef du Parti unioniste, plus modéré, a
adopté une attitude expectative et conciliante (avant de renoncer, le 28 février
1994, aux contacts directs avec le gouvernement de Dublin).
Le Sinn Fein et son
bras militaire, l'Armée républicaine irlandaise (IRA), ont, pour leur part,
immédiatement décelé l'ambiguïté de la "déclaration" et se sont mobilisés pour
rester en position de force.
Ils devaient, en effet, composer avec un courant
"pacifiste" au sein de l'IRA et une partie de l'opinion publique catholique
d'Irlande du Nord pour laquelle la "déclaration" représentait une occasion
historique de mettre fin à la violence, mais aussi de vaincre la tendance "dure"
des "soldats" de l'IRA refusant de renoncer à la violence.....
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