Rom - anthropologie.
Publié le 19/05/2013
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Les Rom, cependant, ne sont pas maltraités dans toute l’Europe, ni par toute la population — de nombreux nobles, en Roumanie et en Bohême par exemple, continuent àles protéger.
Dans la Russie des tsars, leurs conditions de vie diffèrent assez peu de celles des paysans pauvres.
Dans les Balkans, pendant la domination turque, denombreux Rom jouissent de privilèges en se convertissant à l’islam.
3.3 Le génocide des Rom : le samudaripen
La deuxième vague migratoire des Rom a lieu à partir du milieu du XIXe siècle, initiée par la libération progressive des esclaves rom de Roumanie ; essentiellement constituée de Kalderash et de Lovara, cette migration prend une dimension mondiale.
Au cours du XXe siècle, les persécutions ne cessent pas, bien au contraire : ainsi, en France, le carnet anthropométrique ( baro lil, « gros cahier » en romani), créé en 1912, oblige le chef de famille à signaler le moindre de ses déplacements ; c’est en Allemagne, dès 1905, que se met en place un processus de contrôle : publication d’un « livre tzigane » (Zigeuner Buch), recensant des milliers de Rom, lois de contrôle (1926) et de surveillance (1928).
Le régime du III e Reich met en place des lois de stérilisation (1933) et d’interdiction des mariages mixtes (1934) ; dès 1936, des Rom sont internés dans les camps de concentration, en particulier à Dachau.
Les persécutions s’intensifient à partir de 1939 et, en 1942, les Rom sont déportés dans lecamp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où, le 1 er août 1944 (Zigeunernacht), près de 4 000 d’entre eux sont gazés et brulés.
Les Rom de Roumanie paient également un lourd tribut, victimes de déportations massives en Transnistrie sur ordre d’Ion Antonescu.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, environ 500 000 Rom ont péri dansles camps nazis, sans que la question ne soit jamais abordée dans les procès de Nuremberg.
Certains prisonniers ne sont libérés qu’en 1946, en Allemagne et en France,dans l’indifférence générale.
Il faut attendre les années 1970 pour que le génocide rom ( samudaripen en romani) soit reconnu par les gouvernements des pays impliqués (France, Allemagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, République tchèque…).
3.4 Vers une affirmation culturelle et une reconnaissance institutionnelle
Après la Seconde Guerre mondiale, les Rom continuent à subir vexations et discriminations, mais leur situation s’améliore lentement : en Grande-Bretagne, instauration duCaravan Site Act (1968), qui oblige les communes à prévoir une aire d’accueil, dans les républiques soviétiques, reconnaissance des Rom comme minorité.
En France, lecarnet anthropométrique est remplacé par un carnet de circulation (1969) — ce carnet doit néanmoins être visé tous les trois mois par les autorités.
Le premier Congrès del’Union romani internationale (URI) a lieu en 1971 : un hymne (intitulé Gelem gelem ) et un drapeau y sont adoptés, et le développement d’une langue commune, un romani normalisé, est mis en œuvre.
L’après-guerre froide voit de nouveau une dégradation de la situation des Rom : l’effondrement économique des anciens pays du bloc de l’Est provoque à la fois uneflambée de violence à l’encontre des communautés rom (notamment en Roumanie et en Bulgarie), et une émigration de ces communautés vers les pays les plus riches(Europe de l’Ouest), où elles se heurtent au racisme « tsiganophobe ».
Le conflit yougoslave amène également son lot de persécutions : en particulier les Rom musulmansde Bosnie sont victimes des persécutions des nationalistes serbes et croates, et on estime que plusieurs milliers de Rom sont exécutés.
Les demandes d’asile vers les paysoccidentaux sont rejetées, suspectées d’être opportunistes et sans fondement réel de persécution.
L’éclatement du bloc de l’Est, et plus encore l’entrée de la Roumanie et dela Bulgarie dans l’Union européenne (2007), permettent toutefois à de nombreux Rom de quitter leur pays afin d’aller chercher une vie meilleure dans les pays occidentaux.
Dans le même temps, l’organisation des Rom au niveau national et européen se renforce, notamment au niveau associatif, avec des répercussions politiques ; en France,par exemple, la loi Besson (1990) oblige les communes de plus de 5 000 habitants à se doter d’une aire d’accueil, même si de nombreuses communes préfèrent payer uneamende plutôt que de respecter la loi.
C’est dans les régions les moins industrialisées du sud de l’Europe, des Balkans et du Moyen-Orient que les Rom tendent à s’intégrerle mieux du point de vue économique et culturel.
Les instances de l’Union européenne (UE) s’attachent depuis le milieu des années 1990 à défendre le droit des Rom, quiconstituent l’une des plus importantes minorités au sein de l’UE, en particulier depuis les élargissements de 2004 et de 2007 (avec notamment des programmes contre ladiscrimination au travail et au logement, et en faveur de l’accès aux droits sociaux).
Aujourd’hui, ces efforts de reconnaissance politique, au niveau européen et national, nedoivent cependant pas masquer les conditions de vie souvent misérables des Rom, contraints à la sédentarisation par des mesures coercitives, et victimes dediscriminations à l’emploi ainsi que des préjugés millénaires attachés à leur peuple.
Village romImplantés depuis des siècles en Roumanie, les Rom ne sont pour autant pas acceptés par les Roumains, et connaissent des conditionsde vie difficiles, marquées par la pauvreté et la discrimination à l'emploi et au logement.Marc Schlossman/Panos Pictures - anthropologie.
4 LA SOCIÉTÉ ROM
Enfants roms jouant de la musiqueLa musique traditionnelle des Roms, peuple nomade, a inspiré bon nombre de grands compositeurs européens.ORF Enterprise Ges.m.b.H.
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