Rassembler les matériaux DURÉE: 40 MINUTES ENVIRON 1 ■ L'étude préliminaire du sujet fournit déjà une première série d'éléments :...
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Rassembler les matériaux
DURÉE: 40 MINUTES ENVIRON 1
■
L'étude préliminaire du sujet fournit déjà une première série d'éléments : on
les aura notés au brouillon afin de ne pas les oublier.
Mais c'est un matériau mal
dégrossi, désordonné, incomplet.
Aussi le travail de recherche ne s'arrête-t-il
pas là.
■ Une fois la problématique élaborée, vous voyez dans quelles directions doit
s'engager la dissertation.
Le traitement du sujet commence vraiment avec la
recherche des matériaux permettant de répondre aux questions de la problé
matique.
Ensuite, il faudra organiser ces éléments, construire le plan de la dis
sertation.
■
Pour les idées personnelles, c'est à vous de jouer.
Nul ne peut penser à votre
place, heureusement.
Ne confondez pas réflexion personnelle et «opinion»
(voir plus haut, chapitre 3, p.
50 et suivantes).
■
Pour les exemples, à vous de jouer également et.
..
de bien jouer! Vous en
trouverez, et de bons, dans vos lectures (philosophiques ou autres), dans votre
expérience esthétique (théâtre, cinéma, expositions, etc.), dans votre savoir
(scolaire, technique, etc.).
Certains exemples surgiront au moment du plan.
Mais ne confondez pas exemple et anecdote: un exemple n'a de portée que s'il
est analysé.
Simplement décrit, il ne «donne» rien.
Et ne racontez pas votre vie.
■
Pour les analyses (de mots, expressions, etc.) : encore et toujours à vous de
jouer! C'est au fil de la réflexion que celles-ci s'imposent.
Et, comme certains
exemples, c'est au moment du plan, voire de la rédaction finale, que les mots,
expressions, notions à exploiter vous apparaîtront.
1.
Durée nécessairement approximative : tout dépend du sujet, de vos connaissances et de votre
mémoire.
De toute façon, si vous «séchez» devant le sujet, ne laissez pas filer le temps; essayez de
trouver quelques idées et passez à l'ébauche du plan : les éléments viendront sans doute avec le
souci de mettre en ordre les quelques idées trouvées.
1
\
■ C'est pour les connaissances proprement dites que le problème se pose
comment les chercher? Où les trouver?
Deux cas se présentent : la dissertation en temps libre et celle en temps limité.
Quand on a un mois pour faire un devoir, la mobilisation des connaissances ne
s'effectue pas dans les mêmes conditions que le jour de l'épreuve: à l'examen,
le seul anti-sèches autorisé, c'est la mémoire.
Et celle-ci est moins facile à utili
ser qu'une table des matières: la mémoire est une sorte de dictionnaire auquel il
manquerait des pages.
Sans limite de temps
Le travail de recherche et de culture personnelles est évidemment plus agréable
quand on a « tout son temps».
Mais cela ne veut pas dire «papillonner»
ni « butiner» n'importe quoi n'importe comment.
Le temps est une bonne
chose si l'on en fait bon usage.
8 Quelques principes
■ Ne pas attendre la veille du jour de remise de la dissertation pour se mettre en
quête d'informations et de connaissances : un devoir fait au dernier moment est
rarement un bon devoir.
■ Ne pas mettre le nez dans les livres, ne pas « fouiner» en bibliothèque avant
d'avoir lu, analysé et problérnatisé le sujet : comment voulez-vous savoir
quelles connaissances vous seront utiles si vous ne savez pas à quoi, au traite
ment de quel(s) problème(s), elles vont servir?
■ Ne pas lire fébrilement un cours ou un manuel en essayant d'imaginer un
petit montage de morceaux choisis (rappel).
Quelquefois, ce sont des parties du
cours inexploitables à première vue qui, à la réflexion, s'avèrent utiles.
0 Quelques techniques
■ Dans les bibliothèques, il existe des fichiers : fichiers par auteurs, par
matières.
Consultez-les.
Faites sortir et empruntez les livres, textes ou articles
auxquels ils renvoient et qui peuvent vous aider.
■ Dans les livres, vous trouverez des tables des matières, des index: index
nominum (liste des auteurs cités avec renvois de pages), indexrerum (c'est-à
dire des ques'tions ou des matières traitées, également avec des renvois de pages
ou des indications de chapitre).
Lisez alors les passages susceptibles de vous
servir.
Parfois vous n'y trouverez rien : dans ce cas, « laissez tomber»; ne cher
chez pas à les utiliser à tout prix : le hors-sujet vous guette.
Si vous rencontrez
des éléments pertinents, notez-les : mettez des signets entre les pages intéres
santes : éventuellement, recopiez les textes ou fragments qui vous donneront de
bonnes citations ou qui vous serviront de références.
■ Il existe des encyclopédies, par exemple la fameuse Encyclopaedia
Universalis : ne recopiez pas bêtement ce qui concerne votre sujet.
Mais sachez
que vous y trouverez de très utiles informations (sur les sciences, les tech
niques, l'histoire des religions, etc.).
Attention! Certains articles sont difficiles.
■ Ne négligez pas l'apport des dictionnaires: dictionnaires «tout court», c'est
à-dire de la langue française (Littré, Robert, etc.) très utiles quand on a
besoin de fixer le sens d'un mot (définitions), de distinguer des notions, d'ana
lyser des expressions du sens commun; dictionnaires historiques - pour com
bler des lacunes, préciser un point sur lequel on hésite, trouver des exemples;
dictionnaires des auteurs et des thèmes littéraires; dictionnaires des œuvres,
des symboles, etc.
Vous vivez dans un monde où la culture se met à la disposi
tion de tous: profitez-en.
Ne restez pas enfermé(e) dans une «tour d'ivoire» qui
ne serait qu'un «asile de l'ignorance»: la «librairie» de Montaigne est aujour
d'hui bibliothèque municipale ou centre de documentation.
Beaucoup d'ou
vrages de référence sont désormais disponibles sur CD-ROM (y compris des
œuvres classiques) ou sur Internet : si vous avez la maîtrise de ces nouveaux
outils, n'hésitez pas à imprimer ce dont vous pouvez avoir besoin.
Attention,
toutefois, à faire preuve de discernement et à ne pas transformer en un jeu pué
ril le maniement des sources numériques d'information et de culture.
Une mention particulière pour les dictionnaires/lexiques/vocabulaires de
philosophie1 : il en existe d'excellents et pour tous les budgets.
Et ils sont irrem
plaçables en matière de définition et d'analyse de concepts.
Vous trouverez éga
lement des dictionnaires ou répertoires de thèmes et d'auteurs philosophiques
très .utiles.
Servez-vous aussi des ouvrages d'histoire de la philosophie.
■
■
Si votre professeur ne vous a pas donné de bibliographie sur le sujet, rien ne
vous interdit de vous en fabriquer une.
Dissertation après dissertation, vous
vous constituerez ainsi votre proprefichier de thèmes et d'auteurs : bon moyen,
moyen indispensable même, de compléter le cours de philosophie sur le pro
gramme.
Un sujet est souvent l'occasion d'approfondir une notion2 (rappel)
saisissez-la.
N'hésitez pas à faire des dossiers de textes ou de documents.
Le
1.
Consultez la bibliographie en fin d'ouvrage, p.
247.
2.
Voir le chapitre Il, p.
179.
jour de l'examen, vous n'emporterez pas avec vous ces dossiers et ce fichier.
Mais ils vous auront fortifié la mémoire, mis les idées en place : à défaut de
livres sous la main, vous aurez dans la tête une petite bibliothèque portative.
Et
ce travail vous aura permis d'acquérir de la méthode, une culture, donc le pou
voir de mettre en œuvre vos connaissances d'une manière originale.
En réalité, on déconseille souvent aux élèves de travailler avec les fichiers,
index et autres tables des matières, plus vivement encore de« lire en diago
nale».
On a de bonnes raisons : risque de dispersion, de superficialité, de
contresens, de mélange des genres, etc., manque de culture ou culture« trop
fraîche>>, influehçabilité, perméabilité aux idéologies, expérience fragile de la
pensée ...
Mais la multiplication des interdits décourage les bonnes volontés
s'il faut avoir lu tout L'être et le néant pour oser une référence à Sartre, il y a de
quoi baisser les bras.
Il faut donc préciser :
■ On peut parcourir un livre à la recherche d'un passage utile : beaucoup de
pages seront ainsi tournées sans être réellement lues.
Mais, lorsque vous tom
bez sur le passage utile, arrêtez-vous, chaussez les lunettes de l' attention,
armez votre stylo, et au travail! Même si un texte philosophique ne prend tout
son sens qu'à l'intérieur d'une œuvre complète et d'un vaste champ de l'his
toire des idées, il possède une unité de signification immédiate : il n'est pas
nécessaire d'avoir lu tout Husserl ni même tout Sartre, pour comprendre telle
analyse sartrienne de l'angoisse ou du corps.
Sinon, comment pourrait-on vous
proposer des commentaires de textes? Se cultiver veut dire : ne pas avoir peur
de la culture, ne pas avoir peur d'un livre de 500 pages, ne pas avoir peur de
20 tomes d'encyclopédie.
La culture n'est pas un revolver braqué sur vous!
Chercher ne veut pas dire trouver tout tout de suite.
Il faut savoir tâtonner.
■ Tous les ouvrages, y compris ceux de philosophie, ne sont pas d'une systémati
cité«en béton» : on peut souvent y entrer, et avec intelligence, autrement que par
le début; et on peut en sortir, muni de bonnes références, avant la fin.
D'ailleurs,
tous les textes philosophiques ne sont pas d'une continuité logique et d'une dis
cursivité rationnelle parfaites.
Ou alors les Pensées de Pascal ne sont pas de la
philosophie, et il faut rayer Nietsche de la liste des auteurs au programme.
Ce qui
ne signifie pas que les auteurs qui pensent, écrivent par fragments, ne sont pas
conséquents, cohérents, rigoureux; mais cela, c'est une autre affaire.
■ Il y a des livres - ne parlons pas des articles de revues ou d'encyclopédies -
qui ne nécessitent pas une lecture«stakhanoviste» : même si, dans l'absolu, on
ne saurait vous recommander la lecture« en diagonale», fût-ce d'un policier
- dans un«polar», précisément, tout compte ou peut compter, le moindre
indice -, on ne peut pas en condamner la pratique dans le cadre de la prépara
tion au bac.
Que leurs auteurs nous (vous) pardonnent, mais tel livre de
,·
Hannah Arendt sur la conscience moderne ou de Raymond Aron sur la paix et
la guerre peuvent être parcourus, feuilletés à la recherche d'un exemple, d'une
idée ou d'une analyse qui serviront le sujet.
Du reste, les bons élèves le savent;
ils n'attendent pas le pardon posthume des «maîtres» qu'ils citent.
Après tout,
la dissertation, de philosophie ou d'autre chose, est un «pillage organisé» des
bons auteurs du passé et du présent : voilà déjà, au chapitre des matériaux, une
raison de...
s'intéresser au passé.
Soyez donc tactique dans vos recherches, c'est-à-dire à la fois prudent - ne pas
faire dire n'importe quoi à n'importe qui, réfléchir avant de citer- et audacieux:
explorez, lisez, informez-vous.
À ce sujet, n'oubliez pas la lecture des journaux
qui est, selon Hegel, la «prière» du philosophe, son rendez-vous quotidien avec
le monde objectif des hommes et de l'histoire.
Lire le journal en prenant son café
le matin, par exemple, c'est une (très) bonne façon de se réveiller intellectuellement des illusions et des rêves de la nuit.
En d'autres termes, prenez le temps de
réfléchir sur les événements, non pas pour infliger au correcteur votre conception du monde, mais pour essayer vos idées sur des faits et recueillir les idées
qu'ils vous suggèrent, pour vous préparer directement, intérieurement, à penser
le réel : vous en aurez besoin au bac et après le bac.
■ Et les manuels? Soit.
Mais modérément.
Il vaut mieux se fier à un cours
qu'on a soi-même entendu, à condition de l'avoir bien compris et correctement
pris en note, qu'à un exposé qui, par bien des côtés (style, façon de poser les
problèmes, etc.), présentera de grandes différences avec l'enseignement reçu.
Mais ce peut être une bonne occasion, justement, de se frotter à une autre
méthode, à un autre esprit.
Et l'on n'a pas toujours suivi un cours sur le sujet à
traiter.
Sachez que certains livres écrits par les philosophes, qu'ils aient été ou
non conçus comme tels par leurs auteurs, peuvent tenir lieu, efficacement, de
manuels.
Exemples : Alain, Éléments de philosophie (Gallimard, «Idées»),
Éric Weil, Logique de la philosophie (Vrin) - plus difficile -, Hegel,
Propédeutique philosophique (Gonthier, «Médiations»)- moins difficile qu'il
y paraît : vous y trouverez même des cours de philosophie à l'usage des classes
élémentaires (correspondant en gros à nos classes de seconde et première)-,
Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique (GF) - une mine d'analyses
et de distinctions conceptuelles; la République de Platon (lecture quasi obliga
toire de l'élève de terminale), qu'est-ce donc sinon un somptueux manuel de
philosophie à l'égard des « grands débutants» que sonttous les hommes en
matière de vérité et de sagesse?
■ La tactique circonstancielle élaborée sur tel ou tel sujet ne doit pas vous faire
oublier la stratégie fondamentale de la préparation (rappel) : lire les œuvres �
maîtresses de la pensée philosophique.
Parmi les principaux piliers de la raison, �
citons: le Discours de la méthode (Descartes), les Fondements de la métaphy
sique des mœurs (Kant), La raison dans l'histoire (Hegel), derechef la
République (Platon).
Tout professeur de philosophie est à votre disposition pour
vous indiquer ce qu'il faut lire, ce qu'il est bon d'avoir lu.
Pour cc qui est du choix des connaissances, lisez le point suivant.
En temps limité
Pour commencer, soyez persuadé que vous les mobiliserez d'autant mieux que
vous n'aurez pas rechigné, pendant l'année, devant l'effort de culture.
Avec du
travail derrière soi, on aborde plus sereinement le travail qu'on a devant soi.
Cela dit, il y a quelques règles élémentaires à observer :
■ Ne pas «paniquer» si, à la lecture du sujet, aucune connaissance précise ne
vient à l'esprit.
Corollaire: ne pas faire appel à la mémoire avant d'avoir étudié
le sujet (rappel).
■ Avant de chercher des connaissances, trouver des idées-forces sur le sujet: si
les connaissances viennent d'elles-mêmes avec les idées personnelles, tant
mieux: vous êtes un bon candidat ; passez à la lecture du chapitre suivant.
■ N'utiliser que les connaissances dont on est sûr, afin d'éviter les erreurs, les
approximations et les allusions.
■ Ne pas réciter «tout ce qu'on sait»: centrer, axer les connaissances sur le
sujet, le problème à traiter (rappel).
■ Rester critique, c'est-à-dire capable de jugement: une connaissance n'est
efficace que si elle est mise en regard avec d'autres et «testée», vérifiée sur
des exemples, des faits.
Éviter surtout de dogmatiser, par exemple en ne citant
qu'un auteur ou alors en ressassant indéfiniment la même thèse, le même
thème de connaissance.
En philosophie, la question n'est pas : Marx ou
Jésus?/Qui a raison, de Marx ou de Jésus? Et la réponse ne sera pas Marx ou
Jésus/C'est Marx ou C'est Jésus.
Elle ne sera pas non plus: Ni Marx ni Jésus
(scepticisme mou qui renvoie dos à dos les deux dogmatismes).
Le problème
est plutôt de comprendre, en les confrontant, en les....
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