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Propos sur l'éducation I. Il y a longtemps que je suis las d'entendre dire que l'un est intelligent et l'autre...

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« Propos sur l'éducation I.

Il y a longtemps que je suis las d'entendre dire que l'un est intelligent et l'autre non. Je suis effrayé, comme de la pire sottise, de cette légèreté à juger les esprits.

Quel est l'homme, aussi médiocre qu'on le juge, qui ne se rendra maître de la géométrie, s'il va par ordre et s'il ne se rebute point? De la géométrie aux plus hautes recherches et aux plus ardues, le passage est le même que de l'imagination errante à la géométrie; les difficultés sont les mêmes; insurmontables pour l'impatient, nulles pour qui a patience et n' en considère qu'une à la fois.

[...] C e même homme qui a reculé devant le froid visage de la géométrie, j e le retrouve vingt ans après, en un métier qu'il a choisi et suivi, et je le .

vois assez int elligent en ce qu'il a pratiqué; et d'autres, qui veulent impro­ viser avant un travail suffisant, disent des sottises en cela, quoiqu'ils soient raisonnables et maîtres en d'autres choses.

Tous, j e les vois sots surabon­ damment en des questions de bon s ens, parce qu'ils ne veulent point regarder avant de prononcer .

D'où m'est venue cette idée que chacun est juste aussi intelligent qu'il veut.

Le langage aurait pu m'en instruire assez; car imbécile veut exactement dire faible ; ainsi l'instinct populaire me montre en quelque sorte du doigt ce qui fait la différence de l'homme de jugement au sot.

Volonté, et j'aimerais encore mieux dire travail, voilà ce qui manque. Aussi ai-je pris l'habitude de considérer les hommes, lorsqu'il me plaît de les mesurer, non point au front, mais au menton.

Nori point la partie qui combine et calcule, car elle suffit toujours; mais la partie qui happe et ne lâche plus.

Ce qui revient à dire avec d'autres mots qu'un bon esprit est un esprit ferme.

[ ...

] II.

On n'arrive jamais à trouver des degrés dans l'intelligence.

Les problèmes, réduits au simple, comme de faire quatre avec deux et deux sont si aisés à résoudre que l'esprit le plus obtus s'en tirerait sans peine, s'il n'était pas empêtré de difficultés imaginaires.

Jt dirais que rien n'est difficile, mais que c'est l'homme qui est difficile à lui-même.

Je veux dire que le sot ressemble à un âne qui secoue les oreilles et refuse d'aller.

Par humeur, par colère, par peur, par désespoir; oui, ce sont de telles causes ensemble et tourbillonnant qui font que l'on est sot.

Cet animal sensible, orgueilleux, ambitieux, chatouilleux, aimera mieux faire la bête dix ans que travailler pendant cinq minutes en toute simplicité et modestie.

Comme celui qui se rebuterait au piano, et parce qu'il se tromperait trois fois de suite, laisse­ rait tout là.

Toutefois, on travaille volontiers à des gammes; mais à raison­ ner, on ne veut pas travailler.

Peut-être par le sentiment qu'un homme peut se tromper de ses mains, mais qu'il ne lui est pas permis, sans grande humiliation, de se tromper de son esprit, qui est son bien propre et intime. Il y a certes, de la fureur dans les têtes bornées, une sorte de révolte, et comme une damnation volontaire. · On dit quelquefois que c'est la mémoire qui fait la différence, et que la.... »

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