Pologne (1982-1983): Le parti contre la junte La Pologne a vécu l'année 1982 sous le règne de la loi martiale....
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Pologne (1982-1983):
Le parti contre la junte
La Pologne a vécu l'année 1982 sous le règne de la loi martiale.
L'"état de
guerre", proclamé par le WRON (Conseil militaire de salut national) le 13
décembre 1981, n'a été "suspendu" que le 30 décembre 1982.
Mais la junte (qui
n'a pas d'existence constitutionnelle) reste en place et la loi de "suspension"
adoptée par la Diète maintient, quant au fond, l'essentiel des dispositions
contenues dans la loi martiale.
Un dignitaire du régime, K.
Barcikowski,
expliquait d'ailleurs très clairement le 16 novembre 1982, lors d'une réunion de
cadres de l'armée et du parti, la signification de cette "libéralisation"
limitée: "La suspension de l'état de guerre a pour nous une valeur symbolique.
Nous en attendons des avantages concrets sur le plan des relations commerciales
avec l'Occident et sur le plan politique en ce qui concerne la révision des
restrictions discriminatoires imposées par les États-Unis dans les relations
bilatérales avec la communauté socialiste.
La démilitarisation des entreprises
industrielles et des transports n'est pas possible."
L'interdiction de Solidarité, le 8 octobre 1982, suffisait en vérité à dissiper
les illusions de ceux qui espéraient la clémence du général-secrétaire.
Le pays
est cependant encore loin d'une "normalisation" à la hongroise ou à la
tchécoslovaque.
La réforme impossible
Il suffit pour s'en convaincre de confronter les objectifs que le général
Jaruzelski s'était lui-même fixés, aux résultats obtenus.
Il se promettait de
sortir le pays du "chaos" en redressant l'économie et en assurant la stabilité
politique.
Cela exigeait des efforts ponctuels de production et une réforme
d'ensemble des structures économiques.
Quatorze "programmes opérationnels"
couvraient les secteurs prioritaires pour l'attribution des matières premières.
Restées pour l'essentiel à l'état de textes législatifs, les réformes relevaient
d'une conception plus libérale de la direction économique, en rendant aux
entreprises leur autonomie de fonctionnement, aux travailleurs un certain regard
sur le processus de production et aux prix, leur rôle d'instrument économique.
Le projet du général Jaruzelski ne visait pas à restaurer l'ancien
fonctionnement politique, mais à nouer des liens nouveaux de type paternaliste
avec la population et la classe ouvrière.
Fondée sur la répression et l'atteinte
aux libertés fondamentales, cette méthode ne cherchait toutefois pas
l'écrasement physique de la classe ouvrière, comme semblaient le prôner les
ultras du Parti.
Le chef de la junte voulait trouver appui sur un "centre"
silencieux et passif ("Qui n'est pas contre nous est avec nous").
Il voulait
aussi privilégier l'État et son administration comme l'interlocuteur
d'organisations ouvrières locales, uniques et dispersées (les nouveaux
syndicats).
Le Parti communiste (POUP) serait ainsi confiné au rôle d'un
référent idéologique de façade.
L'alliance sociale nouvelle se rassemblerait
dans les "Conseils du mouvement patriotique de renaissance nationale" (PRON).
Le
but du général dépassait donc la simple "normalisation": il s'agissait de
rénover le mode de domination politique en réaffirmant l'autorité de l'État et
du groupe dirigeant sur la société.
Or, ces réformes se révèlent à court terme impossibles.
Les résultats
économiques de 1982 parlent d'eux-mêmes.
Ils confirment "l'effondrement sans
précédent de l'équilibre économique", évoqué par le Comité central du POUP le 28
octobre 1982.
La production nationale globale nette a régressé de 9% par rapport
à l'année précédente et la production industrielle vendue a diminué de 2%,
malgré le "miracle" minier.
Ce dernier sera d'ailleurs éphémère, car fondé sur
une exploitation intensive de la main-d'oeuvre, des machines et des équipements.
Et la relance de la production charbonnière n'a été possible qu'au prix d'un
nombre incroyable d'accidents (une quarantaine de morts officiellement!) et de
l'élévation du prix de revient.
La tonne de charbon vendue 1 800 zlotys aux
entreprises d'État et 2 800 zlotys aux particuliers, a coûté de 4 000 à 7 000
zlotys à la production...
Dans l'agriculture, de l'aveu même des responsables gouvernementaux, la
situation a frisé la catastrophe.
Les récoltes de céréales et de pommes avaient
pourtant été favorables.
Mais la résistance passive des paysans au régime a fait
dangereusement chuter le niveau de livraison de leurs récoltes à l'État.
Au
cours de la campagne céréalière 1982, l'État n'a pu acheter que 2,7 millions de
tonnes de céréales sur les 5,7 millions escomptées.
Les livraisons de pommes de
terre ont de leur côté diminué de 36,8%.
L'effet combiné de récoltes
insuffisantes en fourrage et de la réduction des importations en provenance de
l'Ouest, résultat des sanctions prises par les gouvernements occidentaux après
le 13 décembre, a aggravé la situation de l'élevage.
On a noté au second
semestre 1982 un abattage excessif du cheptel porcin et bovin, de mauvais augure
pour la consommation de viande les années suivantes.
Au total, le régime n'a pu
mettre en avant une amélioration du niveau de vie de la population à court
terme: celui-ci a en effet baissé de 40% en 1982 et l'on craignait une "baisse
du minimum vital" pour 1983.
L'existence d'une gestion administrative
centralisée renforcée par la militarisation, l'inflation galopante (la masse
monétaire sans couverture atteignait 1 440 milliards de zlotys fin 1982, dont
561 milliards entre les mains de la population), et les luttes de fractions au
sein de l'équipe dirigeante n'ont rien arrangé.
Le projet économique du général Jaruzelski apparaît....
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