Paul ÉLUARD T qu'un out jeune, j'ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut battement d'ailes au ciel...
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«
Paul
ÉLUARD
T qu'un
out jeune, j'ai ouvert mes bras à la pureté.
Ce ne fut
battement d'ailes au ciel de mon éternité, qu'un
Les Dessous d'une vie, « La Dame de carreau».
battement de cœur amoureux qui bat dans les poitrines
conquises.
Je ne pouvais plus tomber.
s
Aimant l'amour.
En vérité, la lumière m'éblouit.
J'en
garde assez en moi pour regarder la nuit, toute la nuit,
toutes les nuits.
Toutes les vierges sont différentes.
Je rêve toujours d'urte
vierge.
10
À l'école, elle est au banc devant moi, en tablier noir.
Quand elle se retourne pour me dema;nder la solution d'un
problème, l'innocence de ses yeux me confond à tel point
que, prenant mon trouble en pitié, elle passe ses bras
autour de mon cou.
1s
Ailleurs, elle me quitte.
Elle monte sur un bateau.
Nous
sommes presque étrangers l'un à l'autre, mais sa jeunesse
si grande que son baiser ne me surprend point.
est
'üu bien, quand elle est malade, c'est sa main que je
garde dans les miennes, jusqu'à en mourir, jusqu'à m'éveil20 Ier.
Je cours d'autant plus vite à ses rendez-vous que j'ai
peur de n'avoir pas le temps d'arriver avant que d'autres
pensées me dérobent à moi-même.
Une fois, le monde allait finir et nous ignorions tout de
2s notre amour.
Elle a cherché mes lèvres avec des mouve
ments de tête lents et caressants.
J'ai bien cru, cette nuit-là,
que je la ramènerais au jour.
Et c'est toujours le même aveu, la même jeunesse, les
mêmes yeux purs, le même geste ingénu de ses bras autour
30 de mon cou, la même caresse, la même révélation.
Mais ce n'est jamais la même femme.
Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais
sans la reconnaître.
Aimant l'amour.
© Éditions Gallimard.
Vous ferez de ce poème un commentaire composé.
Vous vous
interrogerez, par exemple, sur l'originalité de la voie qu'emprunte
Éluard et de la voix qu'il fait entendre.
Voici un plan schématique de commentaire.
Il vous appartiendra:
L d'élaborer une introduction et une conclusion,
2.
d'élaborer aussi les transitions entre les différentes parties,
3.
de rédiger l'une des sous-parties en faisant porter votre effort
sur la technique des citations.
1.
Un poème surréaliste*
a) La fusion du souvenir et du rêve
Elle est caractéristique de l'intérêt que
portent les surréalistes* à l'activité
psychique, consciente ou onirique.
• L'expression directe de souvenirs
d'enfance: «Tout jeune, j'ai ouvert
mes bras à la pureté» (1.
1 ), «À
l'école, elle est au banc devant moi»
(1.
10); thème de la jeunesse: «sa jeu
nesse est si grande» (1.
16-17), «la
même jeunesse» (1.
28).
• Un «rêve étrange et pénétrant»
(Verlaine, Poèmes saturniens, «Mon
rêve familier») : importance de la
1.
l re PARTIE
al l ,e sous-partie
phrase «Je rêve toujours d'une
vierge» (l.
8-9), qui annonce cinq
sortes de fantasmes: «à l'école»
(1.
10-14), «elle me quitte» (L 15-17),
«elle est malade» (1.
18-20), «ses ren
dez-vous» (1.
21-23), «le monde allait
finir» (1.
24-27).
L'opposition rêve/vie
est soulignée par les dernières lignes
(L 32-34).
b) La fusion du «réalisme» et de l'in- bl 2" sous-partie
solite
Conséquence de ce qui précède, elle
est facilitée par...
• la force directe de persuasion que
donnent les caractères «autobiogra
phique» du poème et discursif-" du récit.
• les «syllogismes du rêve», expres
sion employée par un commentateur
du texte pour désigner «des formes
impeccables de raisonnement dont les
termes sont à peine altérés, mais qui
nous étonnent toujours lorsque, à notre
réveil, il nous arrive de nous ressouve
nir .
du dernier, que nous trouvions
évident dans notre rêve» (Georges
Mounin).
C'est le cas dans les évoca
tions successives des lignes 10-27, où
l'insolite s'introduit par ce biais.
c) Les corollaires
cl 3° sous-partie
• Construction assez rigoureuse : la
réalité....
»
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