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PASSION ET RAISON (cours de philosophie)

Publié le 10/07/2016

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1/ PASSION COMME RAISON DÉRAISONNABLE :
 
Toujours-déjà tenue pour \"maladie de l’âme”, la passion est une raison soumise, démise, bafouée, travestie et méconnaissable. C’est le théâtre qui rompt le sérieux de l’irrévocable raison humaine. Il n’y a réellement passion que si la raison s’y égare compl�tement.
 
Elle op�re sur la fronti�re qui sépare la raison de la déraison et ne la franchit dans un sens ou dans l’autre, que pour la dé-franchir simplement. Elle cherche à confondre RAISON et DÉRAISON, à faire aller comme la raison ce qui va contre-raison. D’où la dérision, lorsqu’elle simule UNE RAISON qui refuse de concevoir ce qu’elle redoute d’imaginer. La passion n’épouvante la raison que dans la mesure où elle lui rév�le son arbitraire.
 
Nul n’ignore son emprise et nul ne redoute son empire. C’est LE PIRE qu’aucune raison ne peut vraiment pénétrer, ni loyalement reléguer. Elle a raison de ses exc�s car une passion raisonnable ne serait ni passionnée, ni passionnante et encore moins une passion. Il lui appartient comme à son essence d’être errante et aberrante. Ennemie mortelle de la raison, la passion délaisse la raison et expie sur elle son impuissance à l’aimer. C’est ainsi et seulement ainsi qu’elle s’écarte du sillon et qu’elle s’adonne à son délire. Délirante elle est sans prise, aveugle aux yeux de la raison, sans égard ni regard pour sa maîtrise, elle demeure au-delà du raisonnable et du convenable semblable à “une captive qui aime ou adore ses chaînes\". La raison, la passion ne l’atteint jamais, d’où la souffrance. La passion, la raison ne l’atteint jamais, d’où la jouissance. Changer sans cesse sa souffrance en jouissance et sa jouissance en souffrance, fait que la passion n’est pas un état constitué et figé, mais un acte en cours d’exécution. Avec elle, tout est toujours en cours, course à travers ce monde immonde qui indique que rien n’est jamais révolu-pour-suivre la passion, il faut avoir à l’esprit l’idée d’un fait accompli toujours en train de s'accomplir. Déviante, elle ouvre la porte à toutes les déviances et partout elle franchit le seuil. Elle a même assez d’adresse pour “faire servir à sa justification, nous dit Malebranche, les vertus qui lui sont opposées”.
 
Rendue cél�bre par sa soi-disant “passivité”, ou par sa capacité de rendre passif, la passion agit et ne cesse d’agir en dehors et en dépit de “tout ce qui doit être”. Aigrie par le devoir, il faut toujours qu’elle fasse ce qu’il ne faut pas. Sa ruse consiste à déjouer l’œuvre d’une raison prétendument morale et pratique. Elle ne se leurre et ne se grise qu’à l’endroit de ses funestes transgressions. Déroutante, elle devient raisonnable, mais toute à l’envers. La ruse de la passion n’est rien d’autre que la machination d’un désir qui fuit le rôle de machiniste. Son hyperéalisme ne réalise que des chim�res. Elle tient les rênes d’une imagination débridée.
 
La passion fait du rêve le plus éveillé, le cauchemar le plus lucide. Elle a besoin de la mise en œuvre la plus complexe seule capable d’accréditer ses déviances extravagantes et ses détours grotesques. De l’intérieur, comme à l’intérieur elle est toute asservie, condamnée à servir un ordre qu’elle ne fait que subir. Passionnément perverse, la passion ne peut donc se définir qu’en rupture avec toute esp�ce de raison prescriptive et normative.


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« pour elle et sans elle, incrédule et incroyable.

Alors que la raison vise à conver­ tir, la passion s'emploie à pervertir.

Asociale, assoifée de société, ni normale ni proprement anormale, mais seulement exotique et excentrique par rapport à la norme :elle se vit et sévit en plein cœur de la sphère simplement pertubée d'une normalité.

Ni morale, ni amorale : elle ne fait que retourner une moralité.

La passion paraît en rupture totale avec la moralité et la normalité en même temps qu'elle s'y inscrit et s'y épanouit.

Elle habite pleinement cette morale : toute insouciante et, on ne peut plus, soucieuse.

Elle s'exerce dans le champ du moral qu'elle bouleverse.

Angélique et satanique à la fois, sa perdition exige d'elle une scrupuleuse topo­ graphie de sa propre dérive.

Il faudrait désormais lui prêter une profonde con­ naissance de ce qu'elle décide d'ignorer et présumer qu'elle adore l'ordre même qu'elle saccage.

21 PASSION COMME RAISON IRRATIONNELLE: "Le jou est celui qui a tout perdu, sauf la raison" Chesterton.

CONTRE-RAISON, force est de penser que la passion est une aberration de la raison.

C'est la raison qui s'éploie et se déploie en dehors de toute logique.

Logique du pire, la raison va contre elle-même : passion illogique qui s'avère répétitive, discursive et ianatiquemcnt persuasive.

La passion raisonne.

Elle raisonne mal.

Elle raisonne en aval.

Non pas contre la raison, mais à l'intérieur d'une raison contrariée, endomma­ gée et indignée.

Elle raisonne de la manière suivante nous dit Malebranche : -"Elle fait valoir le jugement des sens" -"Elle ne représente les objets que du côté jaux et trompeur qui les acco- mode".

- "Elle réveille toutes les traces et les idées accessoires ...

et fait taire tout le reste".

(Traité de morale- Vrin- tome Xl chap.

XIII).

La passion tente de tourner la raison à son service.

Ingénieuse et malin génie, la passion parvient à franchir les yeux bandés et au prix d'une feinte les clôtures apparentes de la raison-langagière.

Rien de commun avec la raison, rien de pire sur la raison.

Mais pour la passion la méprise est courante.

L'insuffisance de sa raison interpelle sa présomption.

Elle veut vaincre et convaincre, car en elle, il y a visiblement la caricature d'un vainqueur, pour ainsi dire le désir insensé de la victoire.

Sa logique à éclipses est une farce narrative, qui laisse la trace de ce qui n'a pas lieu d'être.

La passion devient une idée de la raison qui se développe sans elle et malgré elle.

Raison étrangère et passion familière sans vocation, sinon celle de dissiper la sienne.

Fausse et adroite raison, elle fausse adroitement le raisonnement, agite l'esprit et corrompt le dire et le dicible.

Logique promise à l'impasse, viciée et vicieuse, intenable et incontournable : la seule qui sache ne pas tenir ses promes­ ses.

Ingénue et infernale, la passion déprave l'écoute et réussit à se faire "enten­ dre".

Incompréhensible, elle parvient à se faire comprendre.

Elle est aveugle et perspicace :C'est par raison que la raison agit contre-raison.

"Le cœur a ses raisons" disait Pascal "que la raison ne connaît pas".

La raison elle-même se soupçonne d'être la passion la plus profonde.

L'imita­ tion de la raison exige une franche complicité de la raison ...

C'est dire qu'une. »

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