On divise habitu'ellement la production littéraire en genres. Expli quez ce que l'on entend par là. Discutez et appréciez cette...
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On divise habitu'ellement la production littéraire
en genres.
Expli quez ce que l'on entend par là.
Discutez
et appréciez cette division (C.E.
L.
G., Nancy).
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
1.
,Nous aPons déjà parlé du' problème de l'épénement littéraire (sujet
n° 1) et du pl'olilème des écoles {sujet n° 15).
Il nous faut examiner
ici une autre de ces grandes notions utiles aux exposés d'histoire
littéraire.
En effet, alors même que les auteurs ne s'acStreignent plus à
suÎPre les règles qui séparaient impériéusement les genres, les histo
riens de la littérature considèrent encore comme commode de diPiser
leurs liPres ou leurs études en chapitres qui correspondent très soupent
à ces genres.
2.
Or une notion peut-elle être à la fois commode et absolument dJnuJe
� fondeme1J,t objectif? Cela paraît douteux.
En tout cas, la notion de
genre, dont bien des écoles littéraires ont annoncé la mort depuis le
, romantisme, semble assez vivace.
On peut même se demander si la
littérature moderne n'a pas mùltiplié,les genres, tel un Gide inPentant
(t la sotie )) romanesqué, un Valéry « l' exe�cice >i p()étique ( il ne Peut pas
appeler La Jeune Parque poème lyrique, épiqùe, etc., mais> Ibid.)
C'est ainsi qu'il peut être question de genre sans qu'il y ait de
véritable différence formelle; le genre s'identifie presque au ton
exigé par les circonstances ou par le mouvement de l'âme : par
exemple, on parle de genre burlesque, de genre baroque, Diderot
parlera au théâtre du« genre sérieux», etc ....
3.
Classification et hiérarchie.
Dès lors une classification apparaît
possible, non seulement d'une façon formelle, mais d'une façon
profonde, pour ainsi dire humaine.
Classer les genres, ce sera en
quelque sorte classer les · mouPements de l'esprit (héroïsme, ten
dresse, action, tragique, comique, badinage, enjouement, -sévé
rité, etc...) et on pourra même proposer une hiérarchie des génres
répondant, à la hiérarchie que la psychologie classique établit
volontiers entre les mouvements de l'esprit.
La tragédie,
qui exprime l'effroi de l'homme devant le destin, est un grand
genre, alors que la fable, qui enseigne une sagesse pratique et
usuelle, est un petit genre.
L'épopée, qui traduit les mouyements
héroïques de l'âme, �st un genre noble, alors que le conte est Ln
genre familier, parce qu'il narre dès aventures pour l� simple
amusement, etc..., Urie distinction forn:ielle, une distinction
de ton, une distinction psychologique, voilà donc çe que nous
apporte, en première analyse, la fameuse distinction des genres.
Mais cette notion a peut-être évolué et n'a sans doute pas toujou·rs
eu la même signification : no1,1s nous heurtons à des a·mbiguïtés
historiques et nous allons tenter de les débrouiller rapidement.
II'.
Les ambiguïtés historiques de là notion de genre.
1.
La séparation matérielle.
Primitiveiµent il y a· surtout entre les
ge11res une séparation matérielle : l'épopée naît vraisemblable
ment de la récitation orale par l'aède ou par le trouvère, alors
que le'roman s'adresse plutôt à un public qui lit.
Le théâtre sort
du lyrisme choral, quand, au lieu d'un récitant et d'un chœur,
on.
a l'idée dé faire dialoguer plusieurs récitants devant ce éhœur
(origine du théâtre tragique grec).
Il est lui-même lié au culte,
et au Moyen Age il est un développement semi-laïc de la liturgie.
Au Moyen Age encore, la poésie lyrique est essentiellement diffé
renciée de la poésie épique ou didactique par des nécessités' musi
cales ou chorégraphiques (le poème lyrique est celui qui se chante
et même se danse).
A cette étape, la distinctipn des genres est très
claire, elle est une nécessité matérielle, non point arbitraire,
mais ·justifiée par l'effet artistique recherché.
'
.
2.
L'avènement du goût.
Dans une pai,eille perspective, les gen·res
sont assez clairement divisés, mais d'une façon tout extérieure.
Au fur et à mesure des progrès de la culture mondaine, le tact, le
bon goût, le sens des situations vont imposer d'àutres fondements
à la distinction des genres.
On se rendra compte assez vite qu'on
n'écrit pas une lettre comme un discours et on assistera à une
spécification très fine : alors qu'un Guez de Balzac compose ençore ·
des lettres _oratoires, plus soucieux de belle prose que de bon goût,
une Mada.me de Sévigné.
s'attache, sans aucun dogmatisme, à
trouver le ton exact de la lettre.
Elle crée véri_tablement le genre ·
épistolaire, non pas qu'il n'y ait pas eu avant elle de bons épisto
liers, mais parce qu'elle est la première à comprendre qu'il y a un
ton aussi caractéristique de ce genre que le fait, tout matériel,
.
de s'adresser par écrit à quelqu'un qui n'est pas là.
Sans doute
cette.
circonstance est-elle à l'origine du genre, mais il restait à·
trouver le ton exa_èt, et beaucoup de ses prédécesseurs tâtonnent;
elle, va· droit au ton adéquat : souci du correspondant, all1,1re
primesautière, mais non négligée, du style et de la composition,
-volonté d'amuser sans bouffonnerie, etc....
Dès lors le geµre est
né, il a ce que les classiques appelleront-ses règles.
,,
3.
Le genre posé e:q raison.
Le genre est au bord de la dernière trans
_formation qu'il lui reste à subir : nécessités des genres, lois· des
genres, voilà cè qt1e les classiques vont poser en raison.
Il devient ainsi une sorte d'essence éternelle corrèspondànt :
a) à la diPersité et à la hiérarchie· des esprits (voir Boileau, Art
· poétique, I, 13-18).
« La nature, ,fertile en esprits excellents,
Sait entre les auteurs partager les talents :
L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme;
L'autre, d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme;
Malherbe, d'un héros peut vanter les exploits;
.
Racan, cha,nter Philis, les bergers et.les bois»;
b) 'à la· diPisfon des moupem·ents naturels du cœur (voir Horace
Epître aux Pisons, vers 105-107 cités plus haut);
1
c) à la nécessité des règles rationnellement déduites de l'idée même
qu'on se fait du genre.
En d'àutre.s termes, la règle....
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