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Nous remontions l'Orénoque sans parler. Cela dura des semaines, des mois. Il faisait une chaleur d'étuve. Deux d'entre nous étaient...

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« Nous remontions l'Orénoque sans parler. Cela dura des semaines, des mois. Il faisait une chaleur d'étuve. Deux d'entre nous étaient toujours en train de ramer, le troisième s'occupait de pêche et de .chasse.

A l'aide ,de quelques branchages et .des palmes, nous avions trans� formé notre chaloupe en carbet (1).

Nous étions donc à l'ombre.

Malgré cela, nous pelions, la peau nous tombait de partout et nos visages étaient tellement racornis que chacun de nous avait l'air de porter un masque.

Et ce masque nouveau qui nous collait au visage, qui se rétré­ cissait, nous comprimait le crâne, nous meurtrissait, nous déformait le cerveau.

Coincées, à l'étroit, nos pen­ sées s'atrophiaient. Vie mystérieuse de l'œil. Agrandissement. Milliards d'éphémères, d'infusoires, de bacilles, d'al­ gues, delevures, regards, ferments du cerveau. Silence. Tout devenait monstrueux dans cette solitude aquatique, dans cette profondeur sylvestre, la chaloupe, nos ustensi­ les, nos gestes, nos.... »

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