Nietzsche Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée: «À tout prendre, les méthodes scientifiques sont...
Extrait du document
«
Nietzsche
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude
ordonnée:
«À tout prendre, les méthodes scientifiques sont un aboutis
sement de la recherche au moins aussi important que n'importe quel
autre de ses résultats; car c'est sur l'intelligence de la méthode que
repose l'esprit scientifique, et tous les résultats de la science ne pour
raient empêcher, si lesdites méthodes venaient à se perdre, une recru
descence de la superstition et de l'absurdité reprenant le dessus.
Des
gens intelligents peuvent bien apprendre tout ce qu'ils veulent des résultats
de la science, on ri en remarque pas moins à leur conversation, et
notamment aux hypothèses qui y paraissent, que l'esprit scientifique
leur fait toujours défaut: ils riant pas cette méfiance instinctive pour
les aberrations de la pensée qui a pris racine dans l'âme de tout homme
de science à la suite d'un long exercice.
Il leur suffit de trouver une
hypothèse quelconque sur une matière donnée, et les voilà tout feu tout
flamme pour elle, s'imaginant qu'ainsi tout est dit.
Avoir une opinion,
è est bel et bien pour eux s'en faire les fanatiques et la prendre doré
navant à cœur en guise de conviction.
Y a-t-il une chose inexpliquée,
ils s'échauffent pour la première fantaisie qui leur passe par la tête et
ressemble à une explication; il en résulte continuellement, surtout dans
le domaine de la politique, les pires conséquences.»
lcoRRIGÉ
■ Éléments d'analyse
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NOTIONS EN JEU
Le mythe, la science et la philosophie.
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DOMAINE DE RÉFLEXION
La connaissance.
THÈSE ADVERSE
L'esprit scientifique produit une somme de résultats, prêts à l'emploi.
PROCÉDÉS D'ARGUMENTATION
Le texte repose essentiellement sur une longue description de ceux qui,
privés d'esprit scientifique,sont victimes d'« aberrations de la pensée».
DÉCOUPAGE DU TEXTE ET IDÉES PRINCIPALES
► La première partie (du début jusqu'à « le dessus») introduit ce que
Nietzsche va ensuite longuement développer : là où la méthode fait
défaut, il n'y a pas d'esprit scientifique.
► Dans la deuxième partie (depuis « Des gens » jusqu'à « un long
exercice»),l'auteur décrit l'intelligence à laquelle la méthode fait défaut.
► La troisième partie (depuis « Il leur suffit » jusqu'à la fin) présente le
fanatisme comme la conséquence inévitable du défaut de méthode.
REMARQUES ET DIFFICULTÉS
► Si l'on a quelques connaissances de Nietzsche, il faudra, non les
« plaquer»- car l'auteur,qui fait ici l'éloge de « l'esprit scientifique »,
dans d'autres textes, condamne « la» science-, mais s'interroger sur
les différents sens possibles et l'extension du terme « scientifique »
(lequel évoque ici davantage l'esprit de « recherche » et la rigueur de
la méthode, que l'ensemble des sciences positives).
► Il conviendra, comme à chaque fois, de regrouper et analyser soi
gneusement les termes ou expressions apparentés- tels que ceux de
« superstition », « absurdité », « apprendre .•• des résultats », «aberra
tions de la pensée »,« tout feu tout flamme », « fanatiques », etc.
► On prendra garde au terme « intelligence » qui est, dans le texte,
utilisé en deux sens opposés (cf.« l'intelligence de la méthode»,« des
gens intelligents »).
THÈME, QUESTION, THÈSE
►Thème: L'esprit scientifique.
► Question: En quoi consistent l'esprit scientifique et son contraire, le
fanatisme?
► Thèse: L'esprit scientifique réside dans la méthode,le fanatisme dans
l'adhésion irréfléchie à des hypothèses dangereuses.
1.
Si la méthode vient à manquer, l'esprit scientifique
laisse place à la superstition et à l'absurdité
La première partie {du début jusqu'à« le dessus») est une présentation
de la thèse à développer : si la méthode vient à manquer, l'esprit de
recherche disparaît.
Pour défendre cette idée, Nietzsche commence par affirmer, contre toute
évidence, que « les méthodes scientifiques sont un aboutissement de
la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses
résultats ».
Il semble aller de soi que les « autres » résultats de la
recherche concernent les théories obtenues par elle - c'est-à-dire les
explications de la réalité auxquelles elle aboutit ou encore l'ensemble
des lois relatives à un, champ de connaissance donné : ainsi la théorie
de Darwin portera-t-elle sur l'évolution des espèces, celle de la gravi
tation, énoncée par Newton, sur le mouvement des corps.
En revanche, il ne va pas de soi que les« méthodes » soient« un abou
tissement de la recherche » - de surcroît « au moins aussi important
que n'importe quel autre de ses résultats » : la méthode n'est-elle donc
pas, comme telle, un simple outil extérieur à la recherche, un instrument
prêt à l'usage? Le pluriel qu'emploie d'ailleurs Nietzsche pour la désigner
(« les méthodes scientifiques») en est la preuve: si chaque science {bio
logique, physique, sociologique et sans doute aussi philosophique) a sa
méthode, c'est précisément parce qu'elle l'adapte à son contenu, et, pour
ce faire, la produit elle-même {elle figure comme l'un de ses« résultats»).
Ainsi le physicien appliquera-t-il la méthode expérimentale (méthode
consistant à tirer, à partir des phénomènes observés, des hypothèses
explicatives que l'on cherche à vérifier ensuite au moyen de l'expé
rience), tandis que l'historien, à défaut de pouvoir expérimenter sur le
passé, procédera à une analyse critique des documents.
Or, c'est précisément« sur l'intelligence de la méthode que repose l'esprit
scientifique, et tous les résultats de la science ne pourraient empêcher,
si lesdites méthodes venaient à se perdre, une recrudescence de la super
stition ...
».
Qu'est-ce que cela signifie?
Premièrement, l'intelligence d'une chose désigne sa compréhension, l'in
tuition de ce qu'elle est, dans sa nature intime.
Avoir l'intelligence de
la méthode, c'est avoir immédiatement le sens des règles à appliquer les ajuster exactement à son objet....
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