Molière, Tartuffe, Acte V, scène 7 (dernière scène). TARTUFFE. Pourquoi donc la prison ? L'EXEMPT. Ce n'est pas vous à...
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Molière, Tartuffe, Acte V, scène 7 (dernière scène).
TARTUFFE.
Pourquoi donc la prison ?
L'EXEMPT.
Ce n'est pas vous à qui j'en veux rendre raison.
Remettez-vous, Monsieur, d'une alarme si chaude.
Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude,
Un prince dont les yeux se font jour dans les coeurs,
Et que ne peut tromper tout l'art des imposteurs.
D'un fin discernement sa grande âme pourvue
Sur les choses toujours jette une droite vue ;
Chez elle jamais rien ne surprend trop d'accès,
Et sa ferme raison ne tombe en nul excès.
Il donne aux gens de bien une gloire immortelle ;
Mais sans aveuglement il fait briller ce zèle,
Et l'amour pour les vrais ne ferme point son coeur
A tout ce que les faux doivent donner d'horreur.
Celui-ci n'était pas pour le pouvoir surprendre,
Et de pièges plus fins on le voit se défendre.
D'abord il a percé, par ses vives clartés,
Des replis de son coeur toutes les lâchetés.
Venant vous accuser, il s'est trahi lui-même,
Et par un juste trait de l'équité suprême,
S'est découvert au Prince un fourbe renommé,
Dont sous un autre nom il était informé ;
Et c'est un long détail d'actions toutes noires
Dont on pourrait former des volumes d'histoires.
Ce monarque, en un mot, a vers vous détesté
Sa lâche ingratitude et sa déloyauté ;
A ses autres horreurs il a joint cette suite,
Et ne m'a jusqu'ici soumis à sa conduite
Que pour voir l'impudence aller jusques au bout,
Et vous faire par lui faire raison du tout.
Oui, de tous vos papiers, dont il se dit le maître,
Il veut qu'entre vos mains je dépouille le traître.
Molière, Tartuffe, Acte V, scène 7 (dernière scène).
TARTUFFE.
Pourquoi donc la prison ?
L'EXEMPT.
Ce n'est pas vous à qui j'en veux rendre raison.
Remettez-vous, Monsieur, d'une alarme si chaude.
Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude,
Un prince dont les yeux se font jour dans les coeurs,
Et que ne peut tromper tout l'art des imposteurs.
D'un fin discernement sa grande âme pourvue
Sur les choses toujours jette une droite vue ;
Chez elle jamais rien ne surprend trop d'accès,
Et sa ferme raison ne tombe en nul excès.
Il donne aux gens de bien une gloire immortelle ;
Mais sans aveuglement il fait briller ce zèle,
Et l'amour pour les vrais ne ferme point son coeur
A tout ce que les faux doivent donner d'horreur.
Celui-ci n'était pas pour le pouvoir surprendre,
Et de pièges plus fins on le voit se défendre.
D'abord il a percé, par ses vives clartés,
Des replis de son coeur toutes les lâchetés.
Venant vous accuser, il s'est trahi lui-même,
Et par un juste trait de l'équité suprême,
S'est découvert au Prince un fourbe renommé,
Dont sous un autre nom il était informé ;
Et c'est un long détail d'actions toutes noires
Dont on pourrait former des volumes d'histoires.
Ce monarque, en un mot, a vers vous détesté
Sa lâche ingratitude et sa déloyauté ;
A ses autres horreurs il a joint cette suite,
Et ne m'a jusqu'ici soumis à sa conduite
Que pour voir l'impudence aller jusques au bout,
Et vous faire par lui faire raison du tout.
Oui, de tous vos papiers, dont il se dit le maître,
Il veut qu'entre vos mains je dépouille le traître.
DORINE.
Que le Ciel soit loué !
MADAME PERNELLE.
Maintenant je respire.
ELMIRE.
Favorable succès !
MARIANE.
Qui l'auroit osé dire ?
ORGON, à Tartuffe.
Hé bien ! te voilà, traître...
CLÉANTE.
Ah ! mon frère, arrêtez,
Et ne descendez point à des indignités ;
A son mauvais destin laissez un misérable,
Et ne vous joignez point au remords qui l'accable :
Souhaitez bien plutôt que son coeur en ce jour
Au sein de la vertu fasse un heureux retour,
Qu'il corrige sa vie en détestant son vice
Et puisse du grand Prince adoucir la justice,
Tandis qu'à sa bonté vous irez à genoux
Rendre ce que demande un traitement si doux.
ORGON.
Oui, c'est bien dit : allons à ses pieds avec joie
Nous louer des bontés que son coeur nous déploie.
Puis, acquittés un peu de ce premier devoir,
Aux justes soins d'un autre il nous faudra pourvoir,
Et par un doux hymen couronner en Valère
La flamme d'un amant généreux et sincère.
Il s’agit de la dernière scène d’une comédie.
But de la comédie chez Molière : « castigat ridendo mores » => corriger les mœurs par le
rire.
À la fin de la comédie, le « méchant », et ici l’imposteur, est puni.
Cf.
« la prison ».
NB : un peu avant dans la scène, Tartuffe avait, entre autre, dit : « Mais l'intérêt du Prince
est mon premier devoir; /De ce devoir sacré la juste violence ».
I- L’éloge du prince
NB : le prince est Louis XIV.
A- Un grand prince
• Démontrez que le prince est présenté par l’exempt de manière très laudative.
• Cf.
tout le vocabulaire très mélioratif rattaché au prince.
Ex : « ce zèle » ; « une droite
vue » ; « sa ferme raison »… > que des adjectifs mélioratifs.
• Prince : qui se caractérise par l’honnêteté.
Cf.
« ennemi de la fraude ».
• Prince > vénéré par ses sujets.
Cf.
« Tandis qu'à sa bonté vous....
»
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