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« même.

Cette définition relève d'une étude méthodique du texte, et doit attester une capacité de compréhension et d'attention à l'égard d'une pensée qui s'exprime.

{ylontrer qu'on a compris un texte, en philosophie, c'est savoir identi­ fier le problème dont il traite, et le point de vue qu'il expose sur ce problème.

C'est aussi se situer soi-même par rapport à ce problème, c'est-à-dire développer une réflexion philoso­ phique originale dont le sens n'est pas de réduire le texte à un simple prétexte, mais de philosopher sur le texte et à partir de lui : une sorte de dialogue s'institue entre l'auteur du texte et l'auteur de son étude, dialogue signifiant non pas combat d'opinions (la philosophie n'a affaire qu'à des juge­ ments, non à des opinions) mais développement d'une ré­ flexion commune en vue du vrai_: le point de vue de l'un est pris en compte par l'autre, intégré à une approche désormais enrichie.

La pensée d'un texte ne doit pas être prise comme simple résultat, mais comme démarche réflexive comprise en son mouvement. • Remarques suggérées pour envisager l'intérêt philoso­ phique du texte de Rousseau à partir de la reprise de sa problématique. L'ambiguîté de la référence à l'état de nature doit être envisagée en relation avec la fonction théorique qu'elle rem­ plit.

S'agit-il de développer une approche critique de la réalité sociale présente, et d'en considérer les caractères les plus négatifs ? L'état de nature sera référence critique, valorisée positivement non pas comme ce à quoi il faut revenir (Rous­ seau lui-même écartait un tel point de vue) mais comme ce qui doit faire norme en tant que domaine originaire dans le­ quel se donne à comprendre ce que l'homme aurait pu être, ou aurait dû être, en amont des développements les plus contestables.

S'agit-il de souligner le progrès que représente l'état présent, et de le valoriser comme tel ? L'état de nature sera présenté alors comme ce dont on devait s'éloigner, soit parce que les potentialités humaines ne pouvaient s'y réali­ ser, soit parce que les rapports entre les hommes n'y étaient pas conformes à ce qu'exige une humanité pleinement ac­ complie.

Le mérite du texte de Rousseau est d'exclure ce que chacune de ces deux approches a d'unilatéral, en les combinant.

L'état civil rend possible l'avènement de l'huma­ nité, en suscitant le développement des potentialités dont l'homme est porteur.

Il rend manifeste la « perfectibilité» de l'homme, c'est-à-dire son aptitude à l'évolution : en l'homme est inscrite, naturellement, une disposition à la culture.

Mais il faut considérer aussi l'idéal d'une réalisation optimale de ces potentialités, qui n'est pas n'importe quelle fin du pro­ cessus culturel.

La destination morale de l'homme, corres­ pondant à cet idéal, accomplit si l'on veut la nature, mais selon la plus haute idée de réalisation d'elle-même qui puisse se concevoir.

La nature, comme principe de développement, donne naissance, grâce à l'état civil, à la nature comme es­ sence réalisée en sa plénitude.

A ce titre, elle peut fournir au droit la référence fondatrice et critique dont il a besoin : invoquer le droit naturel, c'est à la fois rappeler la sphère de l'humanité originaire comme valeur référentielle, et signifier l'ensemble des exigences qui s'attachent à l'idée du plein accomplissement de cette humanité.

Les différentes déclara­ tions des droits de l'homme relèveront, peu ou prou, de cette double démarche.

L'institution de la norme de nature .ne se réfère plus à «l'amont» (le principe de développement originaire) que pour le finaliser par « l'aval» (l'accomplisse­ ment de toutes les potentialités de l'homme, et notamment l'avènement d'une moralité en acte dans l'ordre civil).

On comprend dès lors deux conceptions centrales d'une telle problématique : la référence à l'état de nature ne signifie pas négation de l'état social, mais rappel simultané d'une origine fondatrice et d'une exigence.

Dans le rappel de l'origine fon­ datrice, s'inscrit la reconnaissance de plusieurs devenirs pos­ sibles, dont l'un, le devenir réel, perd ainsi son caractère de fatalité, ce qui suppose une contingence d'un devenir par rapport à un autre : la théorie du libre arbitre de l'homme, affirmée par Rousseau,.... »

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