Maroc (1997-1998) Une alternance voulue par le Trône A quarante ans d'intervalle, le Maroc a revécu l'expérience d'une " alternance...
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Maroc (1997-1998)
Une alternance voulue par le Trône
A quarante ans d'intervalle, le Maroc a revécu l'expérience d'une " alternance "
voulue par le Palais royal.
Nommé Premier ministre le 4 février 1998,
Abderrahmane Youssoufi, le leader du principal parti d'opposition, l'Union
socialiste des forces populaires (USFP), a formé le 14 mars 1998, au terme de
longues tractations, un gouvernement de coalition.
Quatre " ministères de
souveraineté " - l'Intérieur, les Affaires étrangères, la justice et les
Affaires islamiques - sont demeurés entre les mains d'hommes choisis par le
souverain chérifien ; le portefeuille de la Défense restant supprimé depuis le
coup d'État de son dernier titulaire, le général Oufkir, en 1972.
Le nouveau
gouvernement s'est immédiatement trouvé confronté à un triple défi : une
situation sociale difficile, l'islamisme montant et le référendum
d'autodétermination au Sahara occidental (revendiqué par le Front de libération
sahraoui - ou Front Polisario), prévu en principe pour décembre 1998.
Quatre décennies auparavant, entre 1958 et 1960, le gouvernement d'Abdallah
Ibrahim, issu de l'Istiqlal, le Parti de l'indépendance, avait dû faire face aux
attentes suscitées par l'accession à la souveraineté nationale et assumer à la
fois la sanglante répression de l'insurrection dans le Rif et la liquidation de
l'Armée de libération dans le Sud saharien (opération militaire franco-espagnole
Écouvillon).
Un socialiste à la tête du gouvernement
Combattant de la première heure pour l'indépendance, compagnon de lutte de la
grande figure que fut Medhi Ben Barka (enlevé en 1965) et, en tant que militant
socialiste, condamné par Hassan II à la prison puis à un long exil en France
(1965-1980), Abderrahmane Youssoufi, avocat de formation, n'ignore rien de ce
passé.
Devenu secrétaire général de l'USFP en 1992, après la mort d'Abderrahim
Bouabid, il a d'abord refusé l'offre royale d'une alternance, à la suite des
élections législatives de 1993, en dénonçant les " tripatouillages indécents "
du scrutin et en repartant, pendant un an, en exil volontaire à Cannes.
Après
les législatives du 14 novembre 1997, également entachées de fraudes et
qualifiées par lui-même de " décevantes ", il a cependant accepté la charge du
gouvernement, estimant que, face à la montée des périls, " les forces populaires
au Maroc [devaient] s'associer au Trône " pour assurer la continuité dynastique
dans les meilleures conditions.
Presque septuagénaire, le roi Hassan II (au
pouvoir depuis 1961) doit en effet préparer sa succession.
Cependant, l'" alternance " n'est pas sortie des urnes.
Lors des législatives de
novembre 1997, le Bloc démocratique (Koutla), rassemblant notamment l'USFP et
l'Istiqlal, a fait jeu égal, d'une part, avec l'ancienne majorité de l'Entente
nationale (Wifaq) et, d'autre part, avec un " centre " lui aussi composé en
bonne partie de " partis de l'administration " aux ordres du Palais royal.
Au
lendemain du scrutin, l'Istiqlal, grand perdant (32 sièges sur 325 à la chambre
base du Parlement), avait d'ailleurs dénoncé la " falsification de la volonté
populaire " et annoncé son boycottage de " toute structure issue de ces
élections ".
Il n'a accepté d'entrer au gouvernement qu'après l'élection d'un
nouveau secrétaire général, Abbas al-Fassi....
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