Maroc (1993-1994) Impasse politique Au terme d'un cycle d'élections devant déboucher sur une alternance gouvernementale, sous contrôle royal, le Maroc...
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Maroc (1993-1994)
Impasse politique
Au terme d'un cycle d'élections devant déboucher sur une alternance
gouvernementale, sous contrôle royal, le Maroc s'est retrouvé dans une impasse
politique.
Ayant refusé de cautionner des législatives dénoncées comme "à
nouveau manipulées par l'administration", les principales forces de l'opposition
ont refusé de participer à la gestion du pays.
Ce blocage est intervenu après
dix années de politique économique d'ajustement structurel qui ont rétabli les
grands équilibres de l'économie, c'est-à-dire au moment où le Maroc, dans
l'expectative d'une croissance soutenue, allait devoir assumer le coût social de
ce redressement.
Il s'inscrit également, dans le contexte d'une déstabilisation
régionale marquée, notamment, par la menace islamiste en Algérie et de ses
répercussions dans le pays.
L'échec de la démocratisation est apparu devoir
peser aussi, malgré le consensus national sur la question, sur le règlement
rapide du contentieux territorial au Sahara occidental au terme d'un référendum
d'autodétermination sous les auspices des Nations unies.
En revanche, l'accord
israélo-palestinien "Gaza et Jéricho d'abord", signé le 13 septembre 1993, a
offert au royaume chérifien, impliqué de longue date dans les efforts de
réconciliation, des "dividendes de paix", à la fois diplomatiques et
commerciaux.
Ouverture politique non aboutie
La politique intérieure marocaine a été dominée par l'échéancier électoral,
depuis le référendum constitutionnel de septembre 1992 jusqu'aux législatives de
juin 1993, en passant par un scrutin communal en octobre 1992.
Décisive,
l'élection du dernier tiers des députés au vote indirect, le 12 septembre 1993,
a privé la Kootla - le "bloc démocratique" de l'opposition conduit par
l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces populaires (USFP) - d'une majorité à
l'Assemblée nationale, pourtant à portée de main après le premier tour au
suffrage direct.
La démission, en signe de protestation, et le départ en exil
volontaire du premier secrétaire de l'USFP, Abderrahman Youssoufi, ont alors
montré que toute participation de l'opposition au gouvernement était exclue.
Sans majorité parlementaire réelle, le roi Hassan II s'était résigné à
reconduire le Premier ministre sortant, Mohamed Karim Lamrani, avant de nommer à
ce poste, en mai 1994, Abdellatif Filali, ex-ministre des Affaires étrangères.
Concernant les "portefeuilles de souveraineté", malgré une promesse royale de
faire disparaître dans le prochain gouvernement cet étrange cumul de fonctions,
Driss Basri est resté à la fois ministre de l'Intérieur et de l'Information.
En
signe d'ouverture, le président du Rassemblement international des Juifs
marocains, Serge Berdugo, a été chargé du Tourisme, ce secteur constituant la
deuxième source de devises du pays, et un cofondateur de l'Organisation
marocaine des droits de l'homme (OMDH), Omar Azziman, a pris la tête d'un
nouveau ministère des Droits de l'homme.
La nomination, avec Serge Berdugo, d'un ministre juif en terre arabe a mis en
exergue l'originalité de la position marocaine quelques semaines seulement après
l'accord de paix israélo-palestinien.
Le lendemain de sa signature à la
Maison-Blanche, Itzhak Rabin et Shimon Pérès, Premier ministre et chef de la
diplomatie de l'État hébreu, ont fait halte dans le royaume chérifien qui,
malgré l'exode des années soixante, abrite la plus forte communauté juive en
terre d'Islam (environ 10 000 personnes).
Au-delà des symboles, grâce à la forte
communauté juive marocaine installée en Israël et à un tissu relationnel dense,
le Maroc escompte également bénéficier de la paix proche-orientale sur le plan
commercial (marchés pour la "reconstruction" de la Palestine financée par l'aide
internationale).
Une hypothèque diplomatique restait cependant à lever afin de permettre au roi
marocain de jouer un rôle international à la hauteur de ses ambitions: le Sahara
occidental.
Dans ce territoire disputé depuis le retrait de la puissance
coloniale espagnole, en 1975, on a attendu à partir de 1988 la tenue d'un
référendum d'autodétermination.
Or, le Maroc et le Front Polisario, le mouvement
de libération des Sahraouis qui s'est opposé, militairement, à la revendication
marocaine de ses "terres sahariennes", ont continué de diverger quant à la
définition du corps électoral appelé à se prononcer.
L'ONU, en charge de
l'organisation et du contrôle du vote, a prévenu que, faute d'accord entre les
deux....
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