Maroc (1992-1993) Ayant apuré ses comptes avec l'Europe, en matière de violation des droits de l'homme, le Maroc a amorcé...
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Maroc (1992-1993)
Ayant apuré ses comptes avec l'Europe, en matière de violation des droits de
l'homme, le Maroc a amorcé un développement à long terme qui pourrait faire de
lui "le Mexique du Vieux Continent": un pays-tampon, pour contenir la pression
migratoire de l'Afrique et, en contrepartie, une vitrine de prospérité, grâce à
l'établissement d'une relation, aussi étroite que possible avec l'Europe.
Fin
décembre 1992, la Communauté européenne (CE) a donné son feu vert pour la
négociation d'une "relation privilégiée" avec Rabat qui, au terme de dix ans
d'ajustement structurel, a réussi son pari de redressement du pays au point de
pouvoir envisager la libre convertibilité de sa monnaie sur les marchés
internationaux.
Après la fermeture, fin 1991, du terrible bagne de Tazmamart, dont l'existence
avait finalement été reconnue par le roi Hassan II, le Maroc s'est engagé dans
une politique active en matière de respect des droits de l'homme et a enchaîné
des consultations électorales censées démontrer la vitalité de sa démocratie
pluraliste.
Sur le premier plan, malgré les apparences, le rapport du Sénat
américain, en janvier 1993, a constaté que la situation des droits de l'homme
avait plutôt régressé en 1992, le Conseil consultatif pour les droits de
l'homme, instauré par le roi en 1990, "[étant apparu], plus encore
qu'auparavant, manipulé par le gouvernement à des fins de propagande".
Sur le plan électoral, l'avalanche des scrutins - du référendum constitutionnel
en septembre 1992, avec 99,96% de suffrages approbateurs, en passant par les
élections communales, en octobre 1992, jusqu'aux législatives de juin 1993,
marquées par la progression spectaculaire du "bloc oppositionnel" formé par
l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et l'Istiqlal - a
progressivement accrédité l'idée qu'in fine, tout en préservant le sanctuaire du
pouvoir que demeure le palais royal, le régime permettrait un vote "dans la
transparence la plus totale", selon la promesse maintes fois réitérée du
souverain.
Après neuf ans sans recours aux urnes, au nom de "l'union sacrée pour
la récupération des provinces sahariennes", il est vrai que l'échéancier
électoral, en lui-même, a tenu lieu d'ouverture démocratique et, comme fait
accompli au nez et à la barbe des Nations unies, aux forces déployées sur le
terrain pour....
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