Magistrat On tend aujourd'hui à réserver le mot «magistrat" aux personnes investies d'une autorité juridictionnelle (juges d'instruction ou membres des...
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Magistrat
On tend aujourd'hui à réserver le mot «magistrat" aux
personnes investies d'une autorité juridictionnelle (juges
d'instruction ou membres des tribunaux).
Sont aussi magistrats ceux qui disposent d'une autorité administrative
(les maires sont des magistrats municipaux) ou politique
(le président de la République exerce, en France, la magistrature suprême).
Dans !'Antiquité, en effet, le terme «magistrat» désignait bien toute personne investie de l'autorité publique.
En Grèce comme à Rome, les magistrats ont exercé, pour
l'essentiel, le pouvoir exécutif: les magistratures n'étaient
pas héréditaires; elles étaient conférées par le peuple et
le plus souvent temporaires.
La fonction royale comme la
fonction impériale, à Rome, étaient originellement des
magistratures et elles en ont gardé certains traits.
Les magistratures en Grèce
La politique n'était pas en Grèce une carrière: tous
les citoyens en faisaient.
A Athènes, les magistratures,
annuelles et, pour la plupart, non immédiatement renouvelables, leur étaient réservées.
Les magistrats devaient subir un examen d'honorabilité, la « dokimasie »,
avant d'entrer en fonction.
Au terme de celle-ci, ils
rendaient des comptes à une commission de vérificateurs qui faisait un rapport et le soumettait au tribunal
des héliastes (voir à Forum).
Aucun magistrat ne pouvait quitter la cité, au sortir de sa charge, avant d'avoir
rendu ses comptes.
Il y avait neuf archontes, tirés au
sort, parmi les candidats élus de chaque tribu qui, pour
la plupart, codifiaient les lois.
L'archonte éponyme
donnait son nom à l'année et réglait le calendrier.
Les
dix stratèges étaient élus par l'assemblée du peuple et,
seuls magistrats à être indéfiniment rééligibles, ils
commandaient les armées, la flotte, et ils négociaient
les traités.
Il y avait aussi des magistrats chargés de la
police, d'autres surveillaient les marchés, d'autres en-
core (les quinze «métronomes») contrôlaient les poids
et les mesures, d'autres avaient en charge les finances,
etc.
Dans la démocratie athénienne, aux ye et IVe siècles avant J.-C., la diversité des charges et la rapidité
de leur rotation portèrent beaucoup de citoyens aux
affaires de l'Etat, à tour de rôle.
Les deux rois de Sparte étaient également des magistrats et, au début, ils furent à la fois prêtres, généraux
et juges.
Puis leurs pouvoirs passèrent aux éphores : ils
présidèrent alors le sénat et n'eurent plus que des fonctions mineures, la surveillance des routes, par exemple.
Les cinq «éphores» ou «surveillants», élus chaque année par l'assemblée du peuple, eurent désormais toute
autorité sur la vie publique comme sur la vie privée des
Spartiates : ils infligèrent ainsi une amende à un roi
coupable d'avoir épousé une femme de trop petite
taille qui, jugèrent-ils, donnerait le jour à des « roitelets».
Les magistratures à Rome
Les rois furent également, à Rome, des magistrats
élus par les comices.
Leurs attributions, non héréditaires, étaient en fait proches de celles d'un président de
la République.
Aux rois succédèrent sous la république romaine,
deux magistrats, les consuls.
Puis furent créés les tribuns de la plèbe, pour défendre les intérêts des plébéiens, leurs auxiliaires, les édiles, les censeurs, chargés de dénombrer et d'évaluer les biens des citoyens,
les questeurs, auxiliaires des consuls, et les préteurs, la
plus haute magistrature après le consulat.
Les plébéiens
briguèrent peu à peu toutes les fonctions (mais -les
patriciens ne purent jamais devenir tribuns de la
plèbe).
En fait, la recherche d'un équilibre entre patriciens et plébéiens explique souvent la création de magistratures nouvelles.
L'empire fut également une magistrature.
En tout
cas, les empereurs furent assez avisés pour en mainte-
nir la fiction tout en concentrant de fait, entre leurs
mains, tous les pouvoirs.
On vit alors coexister les
magistratures républicaines qui devinrent de plus en
plus honorifiques, et perdirent de leur importance
réelle, et des magistratures proprement impériales, de
création récente, dans la totale dépendance du prince,
qui furent bien entendu les véritables leviers du pouvoir.
Le consulat, la préture, la questure subsistèrent.
L'empereur s'arrogea les fonctions de censeur.
Et il
s'entoura de préfets qu'il nommait ou révoquait personnellement.
Les pouvoirs du préfet du prétoire ne
cessèrent de croître, au point que le chef de la garde
impériale joua le rôle d'un premier ministre et que l'on
dédoubla la fonction, pour l'affaiblir.
Le préfet de la
ville remplaçait l'empereur en son absence.
Le préfet
de l'annone était cnargé de l'approvisionnement en blé
de la capitale et il avait de nombreux collabor~teurs.
Dans les provinces sénatoriales, les gouverneurs étaient
des magistrats nommés par le sénat pour un an alors
que, dans les provinces impériales, les gouverneurs
n'étaient pas des magistrats, mais étaient désignés par
l'empereur qui seul décidait de la fin de leur mission
(voir à Sénat).
On peut considérer que les magistrats étaient devenus si puissants sous la république que l'un d'eux,
l'empereur, capta tous les pouvoirs, affaiblit les autres
magistratures, et leur en adjoignit de nouvelles, à sa
discrétion.
Pourtant, les institutions républicaines paraissaient devoir offrir des garanties.
Tous les magistrats, en effet, avaient le pouvoir administratif ou « potestas »: le droit de prendre les auspices - c'est-à-dire
d'observer et d'interpréter le vol des oiseaux dans
Rome -, celui de faire des édits, ceux d'imposer des
amendes, de convoquer le peuple ou le sénat.
Mais
seuls les consuls, le préteur et le dictateur avaient
l' « imperium » qui; aux pouvoirs de la potestas, joignait
notamment le haut commandement militaire et le pouvoir judiciaire.
Dans les périodes de trouble, le sénat
pouvait décider de faire nommer par un des consuls un
dictateur: c'était une magistrature extraordinaire (les
autres fonctions étaient des magistratures ordinaires).
Le dictateur, désigné pour six mois, détenait le pouvoir
absolu et il avait la préséance sur les autres magistrats.
Des remparts contre le pouvoir personnel avaient
certes été prévus: la collégialité (l'autorité était, chaque fois, partagée entre deux collègues, d'où les deux
consuls) et l' « intercessio » par laquelle tout magistrat
pouvait s'opposer à ses pairs et à ses inférieurs.
Ces
précautions furent habilement tournées, on le sait, par
César, dictateur....
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