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L'intérêt pour l'histoire est-il refus du présent ? ■ Analyse du sujet - La question est classique, qui appelle à...

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« L'intérêt pour l'histoire est-il refus du présent ? ■ Analyse du sujet - La question est classique, qui appelle à montrer que présent et his­ toire sont en fait complémentaires. - Cela suppose que l'histoire participe bien à l'élaboration du présent, ce qui a pour conséquence que s'y intéresser ne constitue aucunement un refus du présent, mais peut au contraire en proposer une meilleure com­ préhension. " - Il pourrait être intéress�t de prendre comme exemple significatif la philosophie elle-même, puisqu'il lui est souvent reproché de trop s'attar­ der sur sa propre histoire, au point d'ignorer les problèmes du présent, ou d'être sans efficacité relativement à ce dernier. ■ Pièges à éviter - Pas de récitation de cours sur l'histoire en général. - Pas davantage d'analyse abstraite de la temporalité en elle-même: la question est plus précise, qui concerne, non le passé en lui-même et ses relations avec le présent, mais la connaissance du passé. - Le récit historique lui-même se modifie dans l'histoire : prendre garde à ce que sa relation avec le présent peut également être conçue, selon les époques, de manière variable. [Introduction] Comme le montre Le Voyageur sans bagages d' Anouilh, l'absence radicale du passé rend le présent impossible, parce que l'existence y manque à la fois de fondement et de repères.

Faut-il pour cela se consa­ crer au passé au risque de négliger le présent ? On pourrait craindre que l'intérêt pour ce qui a eu lieu témoigne d'un besoin de s'éloigner du pré­ sent, sinon de le fuir.

Chez un individu aussi bien que dans une collecti­ vité, l'intérêt pour l'histoire est-il refus du présent? SUJETS CORRIGÉS [I.

L'histoire est fondatrice] Si le récit historique s'élabore initialement du moins pour ce qui concerne la culture occidentale en Grèce, ce n'est certainement pas par hasard: c'est au contraire en relation avec l'organisation politique de cette dernière en cités différentes, toujours soucieuses d'affirmer leur suprématie ou leur indépendance.

Dans un tel contexte, chercher à connaître les origines de la cité (même si elles restent encore en majeure partie mythiques), c'est d'abord justifier l'existence de cette dernière; c'est aussi renforcer son sentiment communautaire par référence à une origine commune; c'est enfin pouvoir s'enorgueillir d'un passé déjà long ou glorieux, qui donne en quelque sorte« le droit» de s'imposer aux autres, par la simple comparaison de ce qui fut accompli dans le passé de chaque cité.

L'intérêt initial pour l'histoire paraît ainsi lié à un « civisme » particulier, préfiguration du patriotisme, ou même du nationalisme.

Mais il concerne du même coup la recherche des valeurs communes, en soulignant leur ancienneté et en renforçant ainsi leur légitimité. Lorsque Hegel affirme que « être, c'est avoir été», il lie inextricablement le présent à l'histoire, et prend acte des relations complexes qui les unissent.

Ce faisant, il introduit dans la réflexion philosophique la nécessité d'une connaissance historique : pour comprendre ce qui est, il faut commencer par analyser ce qui a été.

De ce point de vue, l'intérêt pour l'histoire indique, non un refus du présent, mais tout au contraire le souci de l'explorer et de l'interpréter plus justement, comme «conséquence» ou «production» de l'histoire elle-même.

L'idéalisme hégélien pourra être critiqué par Marx.

Il n'en reste pas moins que ce dernier réaffirme, dans son propre système, le primat de la connaissance historique, et considère à son tour qu'en l'absence de cette dernière, toute analyse du présent est vouée à l'incompréhension : il est impossible de comprendre les problèmes de l'organisation moderne du travail si on ignore ses origines et son évolution historique, tout comme il est impossible de comprendre ce que peut être la liberté actuelle, ou ce que pourra être son futur, si l'on n'a pas d'abord la connaissance historique de ses moments antérieurs, des luttes qui en ont ponctué l'histoire, et de la façon dont son élargissement partiel s'est toujours opéré pour résoudre des contradictions sociales. [Il.

L'intérêt pour l'histoire agit sur le présent] Ce n'est donc pas seulement d'un point de vue politique que l'histoire fonde le présent, c'est, peut-être plus fondamentalement, aussi d'un point de vue philosophique.

Dans la philosophie elle-même, telle qu'elle se pratique, il est d'ailleurs aisé de constater, malgré les reproches qui peuvent lui être adressés un peu naïvement à ce propos, que l'intérêt pour sa propre histoire, loin d'être un refus du présent, constitue la condition CORRIGÉ32 d'un travail efficace mené sur ce présent.

Travailler les textes classiques ne témoigne pas du tout d'une volonté de s'isoler de l'actualité : peut-être est-ce plutôt le seul moyen de saisir le présent dans la nouveauté des problèmes qu'il fait surgir et dans la manière dont il invite la réflexion à formuler d'autres concepts.

Ainsi L'Histoire de la folie de Michel Foucault, par exemple, ne s'est pas contentée de recenser les conceptions anciennes de la «folie», elle a eu pour conséquence d'ébranler ce qui semblait en être la conception actuelle, ne serait-ce qu'en montrant combien la définition de la folie est variable, en fonction des contextes culturels. L'histoire montre en effet comment le présent s'est formé, mais aussi qu'il n'est que le résultat d'un certain nombre de déterminations, et qu'en conséquence il serait totalement illusoire de considérer que la version qu'il réalise du monde est «obligatoire», «naturelle».... »

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