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L’idée de loi et les transformations qu’elle a subies. — Valeur des lois scientifiques.

Publié le 12/11/2016

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De quoi s’agit-il ? — Les succès obtenus par la Science dans l’ordre de la prévision (et de l’action) ne sauraient être, nous l’avons dit précédemment, l’effet d’un pur hasard. Notre action sur les choses, si elle n’est pas la preuve d’une valeur absolue dam l'ordre de la connaissance, indique, à tout le moins, que les lois de la Physique sont une traduction cohérente du réel. Ces lois ont une valeur objective et ne sauraient être arbitraires, puisque, encore une fois, leur vérification ne dépend pas de nous. L’astronome ne fait pas une éclipse ! La « réponse • de la nature nous est donnée. Et elle est favorable...

 

Les théories, dont nous parlerons bientôt, unissent en de vastes synthèses les faits scientifiques. Les lois sont donc autre chose qu'une suite décousue de constatations.

 

Le pragmatisme sous ses diverses formes, soutient qu'en son ensemble, la Science n’est jamais que description et classification. Rien d’autre. Elle permet de prévoir ; elle permet d’agir ; elle ne permet pas de comprendre. Elle n’a donc pas valeur de connaissance.

Si le mot loi est issu de l’idée de décrets impératifs divins, si par des métaphores (qu’il ne faudrait pas trop appuyer) on parle volontiers de faits qui « obéissent >> aux lois, la signification moderne, même chez le croyant, est uniquement — du point de vue scientifique — celle d’une possibilité de prévision (ou d’application). On postule (c’est ce que nous avons appelé le « déterminisme expérimental ») la constance des phénomènes naturels. Ce postulat peut s’exprimer, comme chez Claude Bernard, avec l’accent de la certitude ; «... Tout se passe suivant des lois qui sont absolues... Le mot exception est anti-scientifique : dès que les lois sont connues, il ne saurait y avoir d’exception »... (Intr. Méd. exp. Ire partie, chap. I ; 2e partie, ch. I). Il n’en est pas moins vrai que c’est un postulat, une convention si l’on veut, mais faute de quoi — nous avons eu déjà l’occasion de le dire — la Science serait impossible et même inconcevable.

 

C’est également André Lalande, dans un autre ouvrage (lect. pp. 186, sq) qui a précisé (il l’avait fait dès 1890 ; et ces notions sont maintenant assez courantes) les points importants que voici :

 

La relation causale, en dépit d’une tradition ancienne, est assez étrangère aux préoccupations des sciences expérimentales ; d'ailleurs, l’idée de cause efficiente physique est une idée populaire, pratiquement commode, mais, scientifiquement, inadéquate. (Nous avons vu tout cela précédemment ; nous tenons cependant à le rappeler ici, en résumant l’essentiel). Au surplus, en dehors des lois, la recherche

« 102 PHILOSOPHIE DES SCIENCES scientifique peut porter sur un fait, dûment constaté : Ex.

La décou­ verte de Neptune ...

Les lois scientifiques portent le plus souvent sur tout autre chose qu'un " antécédent »et un " conséquent »(une « cause »et un « effet »).

Elles portent : r0 sur ce que Bacon, appelait des «]ormes "· Ex.

Struc­ ture de la molécule ; constitution de l'atome ; théorie (;inétique des gaz, etc ...

2° sur des rapports numériques reliant des grand eurs mesurées , du type y = f (x) ; gravitation ; réfrac tion ; rapport entre la force électromotrice, la résistance et l'in tensité dans le -courant ; 3° sur des déterminations de constantes numériques : vitesse de la lumière ; longueurs d'ondes ; chaleur spécifique ; poids atomiques ...

; 40 sur des liaisons pPrmanentes de caractères, partout et toujours constatées : constance des propriétés chimiques ; des dispositions anatomiques ; concomitances (ex.

: tous les Rutninants ont le pied fourchu) ...

; 5° sur les répétitions de mêmes processus : cristallisation ; phases de réactions chimiques ; karyokinèse ;·stades du développement embryonnai re, etc ...

; 6° des lois de vect!o n, appelées aussi • prin­ cipes » : principe de Carnot ; dégradation de l'énergie ; évolution géologique, paléontologique ...

Nous avons déjà signalé que, dans bien des cas, la distinction est fort malaisée entre le fait (scientifique) et la loi.

Simonne DAVAL et B.

GUIL LEMAIN (lect.

p.

r87) préfèrent, finalement, le mot « énoncé » au mot loi.

Rappelons encore, d'après Ed.

GoBLOT (lect.) qu'une seconde expérience, une troisième, etc., ne prouvent rien de plus qu'une pre­ mière expérience bien faite et dont l'on n'a aucune raison de douter.

Recomm�n ce·r pour s'assurer qu'il n'y a pas eu d'erreur, rien de mieux.

Mais ne pas croire qu'il y a deux opérations de l'esprit, deux fonctions successives.

dont l'une serait de const• •ter, la seconde de génér aliser !.

..

La général isation, avons-nous dit, elle'est déjà contenue implicitement, à titre de postulat, dans la pensée de 1 'ho mme de science.

Sans quoi, ses travaux n'auraient pas leur raison d'être ...

Dans les sciences dites expérime ntales, et spécialement -mais non uniquement -dans les sciences de la m1 tièrc, les lois reYêtent la fo rme mathémJtique.

Les relations fonctionnelles s'expriment par des graphiques.

A toute Yariable de x correspond une valeur déter­ minée de la fon ction y.

Ces liaisons fonctionnelles (cf.

CuvrLLIER, lect .

pp.

245, sq) peuvent se présenter comme une fonction linéaire exprimant une relation de proportionnalité directe entre deux grandeurs.

Plus complexe déjà est (2°) la fonction homographique, exprimant la proportionnalité inverse de deux variab les.

Un 3e type de liaison fonc tionnelle est celui de la proportionnalité de 1 'inverse carré, rappelant K une branche d'hyperbol e, et dont l'équation s'écrit y ;e· Un 48 type (très important) est la fonc tion quadratique ou parabolique, c'est-à-dire la proportionnalité au carré.

5° La fonc tion parabolique. »

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