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Liban (1983-1984) Le Liban traverse depuis avril 1975 une crise de plus en plus dramatique. Neuf années d'une guerre aux...

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« Liban (1983-1984) Le Liban traverse depuis avril 1975 une crise de plus en plus dramatique.

Neuf années d'une guerre aux rebondissements multiples, où les périodes de vraie guerre succèdent aux périodes de fausse paix, ont abouti en 1984 à une dégradation générale de la situation du pays dans tous les domaines.

Ainsi, jamais l'économie libanaise n'a été aussi atteinte, l'avenir aussi bouché, au point que de nombreux Libanais, dont le dynamisme et le courage avaient émerveillé le monde et qui s'étaient adaptés aux pires conditions d'insécurité, étaient au printemps 1984 en proie à l'abattement et au désespoir et ne songeaient qu'à quitter définitivement leur pays. Alors qu'à l'automne 1982, le plus grand optimisme régnait à Beyrouth, que l'on croyait les combats définitivement écartés et que l'on ne songeait qu'à la reconstruction du pays (évaluée fin 1982 à 13 milliards de dollars), il faut expliquer rapidement comment la situation s'est en quelques mois aussi gravement détériorée.

La crise libanaise juxtapose en fait plusieurs conflits étroitement imbriqués.

Il s'agit d'abord d'une guerre civile aux dimensions politiques, sociales, confessionnelles, parfois même tribales et claniques, lorsque se développent des luttes acharnées entre clans rivaux à l'intérieur d'une même communauté.

Dans un État dont les structures politiques reposent sur l'équilibre confessionnel et où toute vie civile est définie par l'appartenance à une communauté, les revendications politiques et sociales ont très vite dégénéré en conflits confessionnels vécus de façon passionnelle, conduisant de part et d'autre aux pires atrocités. La mosaïque humaine libanaise favorise donc les tensions intérieures, mais ces dernières sont aussi aggravées par les interventions extérieures: palestinienne, syrienne et israélienne.

Après le départ des palestiniens armés de Beyrouth en août 1982, et les combats fratricides entre Palestiniens à Tripoli (novembre et décembre 1983) conduisant à un nouveau départ de Yasser Arafat et de ses partisans, il ne subsistait plus au Liban que des Palestiniens étroitement contrôlés par la Syrie ; la dimension palestinienne de la crise libanaise se confond donc de plus en plus avec l'intervention syrienne.

Cette intervention de Damas a toujours été prépondérante depuis 1975, et se manifeste par la présence de l'armée syrienne sur le territoire libanais et une aide militaire et financière à certaines milices.

De plus, les renversements d'alliance entre la Syrie et les différentes parties libanaises n'ont fait que compliquer les données du problème libanais.

De son côté, Israël intervient aussi constamment dans la crise libanaise, soit directement avec son armée qui occupait encore la partie méridionale du pays à l'été 1984, soit indirectement en armant les milices chrétiennes, les "Forces libanaises". La guerre civile est donc en même temps un conflit régional, le Liban étant la caisse de résonance de toutes les rivalités et contradictions moyen-orientales, derrière lesquelles se profilent les luttes d'intérêt et d'influence des États-Unis et de l'URSS.

Il y a ainsi plusieurs lectures possibles de la crise libanaise et chaque Libanais, ou presque, a sa propre interprétation du conflit. Mais la cause première et essentielle de cette crise demeure la situation intérieure.

En 1983 et au début de 1984, les divisions profondes entre Libanais sont apparues une fois encore aux yeux.... »

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