Lévi-Strauss, Claude - anthropologie.
Publié le 19/05/2013
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Dans cette perspective, un article de Lévi-Strauss fait date : « l’Analyse structurale en linguistique et en anthropologie » (1945), repris dans Anthropologie structurale I (1958), où il formule les principes fondamentaux de sa méthode de recherche.
Inspiré par les travaux de la linguistique — notamment par ceux de Nicolas Troubetskoï et de Roman Jakobson avec qui il se lie d’amitié — Lévi-Strauss postule que les faits sociaux sont structurés par un ensemble de déterminations inconscientes qui
s’articulent de manière à former un système organisé.
Chacun des éléments de ce système ne se définit que dans la relation qu’il entretient avec les autres ; l’analyse structurale consiste donc à dégager les lois générales qui régissent ces relations.
Telle est la méthode appliquée dans son maître ouvrage, les Structures élémentaires de la parenté (1949), où sont analysées les formes prototypiques de l’alliance matrimoniale.
Il s’agit pour Lévi-Strauss de montrer que, sous la diversité des
systèmes de parenté propres à chaque société, il existe des règles universelles.
Ainsi en est-il de l’interdit concernant l’inceste qui, dans toutes les sociétés et de manière diversement codifiée, conditionne les relations d’alliance matrimoniale.
4 LES MYTHOLOGIQUES
L’application de l’analyse structurale à l’étude des mythes est centrale dans l’œuvre de Lévi-Strauss.
Les mythes sont une forme du récit qu’il faut considérer comme un instrument intellectuel à partir duquel les sociétés formulent des réponses
originales à des questions que se pose l’humanité en général (origine du monde, de l’Homme, phénomènes astronomiques, météorologiques, etc.).
L’objectif fixé par les quatre volumes des Mythologiques (le Cru et le Cuit, 1964 ; Du miel aux cendres, 1966 ; l’Origine des manières de table, 1968 ; l’Homme nu, 1971) est de comprendre les mécanismes de construction de la pensée mythique ;
mais c’est aussi une véritable plongée dans les catégories les plus fondamentales de la pensée symbolique.
Cette vaste enquête prolonge, en quelque sorte, l’étude des systèmes de parenté qui sont aussi des systèmes de symboles offrant un terrain
privilégié pour saisir la spécificité de l’esprit humain.
Conjointement, à travers l’analyse structurale, la recherche de Lévi-Strauss amène à cette constatation majeure : tout système mythologique est le reflet d’une structure sociale indissociable d’un système de valeurs déterminé.
Étudier et comparer les
mythes, c’est découvrir comment, dans une société donnée, les techniques, l’art, les croyances religieuses, l’économie, l’organisation politique, les liens de parenté sont des aspects interdépendants de la vie sociale et constituent des domaines qui se
répondent à des niveaux différents d’une même structure.
Dans cette ligne, avec le Totémisme aujourd’hui (1962) et la Pensée sauvage (1962), Lévi-Strauss montre que, loin d’être l’expression d’une mentalité primitive et arbitraire de l’Homme, les mythes traduisent des opérations de pensée complexes et
fournissent des modèles logiques à travers lesquels les sociétés dites « traditionnelles » structurent leurs représentations du monde et d’elles-mêmes.
5 UN HUMANISTE DANS LE SIÈCLE
En 1952, sur une commande de l’Unesco, Lévi-Strauss rédige un texte intitulé Race et Histoire (repris dans Anthropologie structurale II, 1973) qui donne au structuralisme la dimension d’un nouvel humanisme.
Mettant à profit les acquis de la
réflexion ethnologique, Lévi-Strauss récuse l’idéologie raciste en remettant en cause le préjugé d’une relation entre l’apparence physique d’un individu et ses dispositions morales, et l’idée d’une hiérarchisation des « races » fonction de leurs
productions culturelles.
C’est pourquoi Lévi-Strauss rejette la notion de « progrès » liée à l’histoire et au développement technique de la civilisation occidentale, parce qu’elle « implique l’idée que certaines cultures, en des temps et en des lieux
déterminés, sont supérieures à d’autres, puisqu’elles ont produit des œuvres dont ces dernières se sont montrées incapable de produire » ( De près et de loin, 1988).
On ne saurait donc se pencher sur le problème de « l’inégalité des races humaines »
sans aborder le problème de la diversité entre des cultures humaines qui conditionne la perception d’une différence de « nature » entre les groupements humains.
Enfin, il est absurde de décréter qu’une culture est « supérieure » à une autre, car dans l’humanité aucune société ne s’est développée à l’écart des autres : aucun groupement social n’étant jamais absolument endogène, il est le produit historique
d’échanges et de relations « interhumaines », au cours desquelles ont fusionné des influences culturelles variées.
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