L'État pakistanais connaît une grave crise de légitimité, conséquence de l'influence combinée du conservatisme paysan, de l'échec du populisme et...
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L'État pakistanais connaît une grave crise de légitimité, conséquence de
l'influence combinée du conservatisme paysan, de l'échec du populisme et d'une
série de dictatures militaires.
Le Pakistan est le fruit de l'idéologie des
"deux nations" que la petite bourgeoisie musulmane a adoptée en vue de la
création d'un État indépendant en Asie du Sud où elle pourrait exercer ses
activités sans être gênée par les classes dominantes hindoues.
Ce n'est pas une nation mais un État, constitué de deux parties séparées par 2
000 km de territoire indien, qui naquit en 1947.
En 1958, un coup d'État
militaire annula les résultats des premières élections législatives ; quatorze
ans plus tard, la majorité de la population, voyant ses droits bafoués par les
résultats du scrutin, chercha à se soulever pour se défendre.
Le pays fut
bientôt en proie à la guerre civile et au chaos.
Le Pakistan était devenu une
république islamique mutilée et menacée de toute part.
Le populisme timide d'Ali
Bhutto heurtait les classes traditionnellement privilégiées sans donner
satisfaction aux paysans pauvres et aux ouvriers.
L'hostilité systématique de
Bhutto à l'égard des partis politiques rivaux déclencha une guerre civile au
Baloutchistan (1973-76) après la dissolution par le pouvoir central d'un
gouvernement élu.
Au cours de ce conflit, 20 000 insurgés tinrent en respect
quatre divisions de l'armée et une escadre aérienne pakistanaise, aidées par les
pilotes et les hélicoptères fournis par le Shah d'Iran.
Le Baloutchistan servit de terrain d'entraînement à la guerre
anti-insurrectionnelle.
Camps de concentration, tortures et commandos spéciaux
habilités à arrêter et à tuer les Baloutches dans tout le pays se multiplièrent.
Bhutto commit là une erreur fatale: en ramenant l'armée sur la scène politique,
il se passait lui-même la corde au cou.
Et en juillet 1977, il était renversé
par le général Zia Ul Acq qui ouvrait ainsi la troisième période militaire de
l'histoire du Pakistan.
Le général Zia réussit à asseoir un régime de violence.
L'armée mit en place une
dictature militaire obscurantiste, n'hésitant pas à recourir aux flagellations
et aux exécutions publiques pour décourager toute opposition: l'islam devenait
entre ses mains un instrument de contrôle de la population.
Un rapport d'Amnesty
International sur le Pakistan, publié en 1982, apporte des preuves que la
torture et l'emprisonnement arbitraire étaient pratiqués sur une grande échelle.
Pour la première fois dans l'histoire du pays, les prisonnières politiques ont
été torturées et violées par leurs geôliers.
Les hommes qui dirigent le pays, outre le général Zia, sont les cinq principaux
chefs de corps de l'armée ; les généraux Arif, Lodhi, Sarwar Khan, Rahimudi et
Iqbal.
Ce sont eux et leurs prédécesseurs qui ont pris la décision de faire
exécuter Zulficar Ali Bhutto le 4 avril 1979.
L'évasion des capitaux, à la suite des nationalisations des banques en 1973-74,
a entraîné un ralentissement du développement économique du pays.
L'incapacité
des gouvernements civils et militaires qui se sont succédé à mettre en œuvre une
véritable réforme agraire explique que la population vit dans des conditions
misérables: 70% des Pakistanais, les plus pauvres, n'ont accès qu'à 20% des
services publics.
Le niveau d'éducation et de santé est extrêmement bas ; le
taux d'alphabétisation (20%) est l'un des plus faibles du monde.
L'essentiel des
ressources en devises du pays provient des envois des travailleurs pakistanais
émigrés en Grande-Bretagne ou dans les États du Golfe.
Nombre de familles ont
fait leur le slogan "Jeunes gens, allez dans les pays du Golfe".
L'exode de
main-d'œuvre qualifiée vers les Émirats arabes unis et vers l'Arabie saoudite a
eu pour le pays des conséquences désastreuses.
Ingénieurs, médecins,
professeurs, mécaniciens, soudeurs, maçons, menuisiers, électriciens, tous
désirent ardemment trouver du travail dans les pays riches du Golfe.
Le gouvernement militaire n'ignore rien de la situation économique critique dans
laquelle se trouve le pays.
En 1982, M.
Mahbubul Haq, haut fonctionnaire de la
Banque mondiale, a été nommé par Islamabad vice-président de la Commission de
planification du Pakistan.
Le 25 mars 1982, il a rendu public un plan en cinq
points qui devait permettre ; 1) d'augmenter très sensiblement la production
agricole ; 2) de relancer le développement industriel du pays ; 3) d'élever le
taux d'alphabétisation ; 4) de créer des "îlots de sécurité" pour les groupes
sociaux les plus vulnérables ; 5) et enfin, d'améliorer la situation du secteur
privé.
Les gouvernements précédents avaient eux aussi tenté, sans succès,
d'atteindre ces objectifs.
Mais tant qu'un changement radical n'aura pas modifié
les structures rurales, aucun progrès notable ne saurait être enregistré dans
les villes.
De plus, l'incapacité du régime militaire à tenir ses promesses de retour à la
démocratie et de redressement de l'économie a provoqué un vif mécontentement.
La
plupart des partis politiques se sont regroupés en 1980 pour créer le "Mouvement
pour le rétablissement de la démocratie" (MRD) et lancer une grande campagne.
C'est à ce moment critique que Al-Zulfiqar - organisation terroriste basée à
Kaboul et commandée par Mir Murtaza, fils aîné d'Ali Bhutto - a détourné vers
l'Afghanistan un avion....
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