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Les Réécritures LA LITTÉRATURE AU SECOND DEGRÉ Textes 1. Madame de STAËL, Corinne ou l'Italie, Livre X, chapitre IV (1807)...

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« Les Réécritures LA LITTÉRATURE AU SECOND DEGRÉ Textes 1.

Madame de STAËL, Corinne ou l'Italie, Livre X, chapitre IV (1807) 2.

CHATEAUBRIAND, Lèttre à Julie Récamier, 1829, cité ., par Jean d'Ormesson Mon dernier rêve sera pour vous (1998) 3.

CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, Ill (1848-1850) Annexe : Gérard GENETIE, " La littérature au second degré », Palimpsestes (1982) Objet d'étude : Réécriture .,.,,,,, QUESTION (4points) Vous répondrez d'abord à la question suivante : Quels sont les éléments purement informatifs concernant le Miserere? TRAVAIL D'ÉCRITURE (16 points) 1.

Commentaire Vous commenterez l'extrait des Mémoires d'outre-tombe (texte 3). 2.

Dissertation En vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres que vous ·avez étu­ diées en classe et vos lectures personnelles, vous vous demanderez dans quelle mesure les œuvres littéraires ou artistiques sont des « œuvres déri­ vées d'une œuvre antérieure par transformation ou par imitation» (texte en annexe, lignes 5 et 6). 3.

Écriture d'invention Vous avez assisté à un concert ou à un spectacle qui vous a prof_ondément marqué.

Vous en faites le compte rendu pour un journal local en insistant sur les circonstances de l'événement, sur son déroulement et sur l'effet qu'il a produit sur vous. ' �.

• 1 CORPUS ■ Texte 1 : Madame de STAËL, Corinne ou l'Italie, livre X, chapitre IV (1807) À Rome, Oswald fait la connaissance de Corinne.

Ils visitent ensemble la ville et se rendent, au moment de la semaine Sainte, à la chapelle Sixtine pour y entendre le Miserere 1 d'Allegri. Oswald se rendit à la chapelle Sixtine pour entendre le fameux Miserere vanté dans toute l'Europe.

Il arriva de jour encore, et vit ces peintures célèbres de Michel-Ange, qui représentent le jugement dernier, avec toute la force effrayante de ce sujet, et du talent qui l'a traité.

Michel-Ange s'était 5 pénétré de la lecture du Dante; et le peintre comme le poète représente des êtres mythologiques en présence de Jésus-Christ; mais il fait presque toujours du paganisme le mauvais principe, et c'est tous la forme des démons qu'il caractérise les fables païennes.

On aperçoit sur la voûte de la chapelle les Prophètes et les Sibylles appelées en témoignage par les 1 o chrétiens; une foule d'anges les entourent, et toute cette voûte ainsi peinte semble rapprocher le ciel de nous; mais ce ciel est sombre et redoutable; le jour perce à peine à travers les vitraux qui jettent sur les tableaux plutôt des ombres que des lumières; l'obscurité agrandit encore les figures déjà si imposantes que Michel-Ange a tracées; l'encens, dont le parfum a 15 quelque chose de funéraire, remplit l'air dans cette enceinte, et toutes les sensations préparent à la plus profonde de toutes, celle que la musique doit produire. Pendant qu'Oswald était absorbé par les réflexions que faisaient naître tous les objets qui l'environnaient, il vit entrer dans la tribune des femmes, 20 derrière la grille qui les sépare des hommes, Corinne qu'il n'espérait pas encore, Corinne vêtue de noir, toute pâle de l'abstinence, et si tremblante dès qu'elle aperçut Oswald, qu'elle fut obligée de s'appuyer sur la balus­ trade pour avancer : en ce moment, le miserere commença. Les voix, parfaitement exercées à ce chant antique et pur, partent 25 d'une tribune au commencement de la voûte; on ne voit point ceux qui chantent; la musique semble planer dans les airs; à chaque instant la chute du jour rend la chapelle plus sombre.

[...] C'était une musique toute religieuse qui conseillait le renoncement à la terre.

Corinne se jeta à genoux devant la grille et resta plongée dans la plus profonde méditation; Oswald 30 lui-même disparut à ses yeux.

li lui semblait que c'était dans un tel moment d'exaltation qu'on aimerait à mourir, si la séparation de l'âme d'avec le corps ne s'accomplissait point par la douleur; si tout à coup un ange venait enlever sur ses ailes le sentiment et la pensée, étincelles divines qui retour­ neraient vers leur source : la mort ne serait pour ainsi dire alors qu'un acte 35 spontané du cœur, qu'une prière plus ardente et mieux exaucée. Le miserere c'est-à-dire ayez pitié de nous, est un psaume composé de versets qui se chantent alternativement, d'une manière très différente.

Tour à tour une musique céleste se fait entendre, et le verset suivant, dit en réci­ tati( est murmuré d'un ton sourd et presque rauque; on dirait que c'est la 40 réponse des caractères durs aux cœurs sensibles, que c'est le réel de la vie qui vient flétrir et repousser les vœux des âmes généreuses; et quand ce chœur si doux reprend, on renaît à l'espérance; mais lorsque le verset récité recommence, une sensation de froid saisit de nouveau; ce n'est pas la terreur qui la cause, mais le découragement de l'enthousiasme.

Enfin le 45 dernier morceau, plus noble et plus touchant encore que tous les autres, laisse au fond de l'âme une impression douce et pure : Dieu nous accorde cette même impression avant de mourir. On éteint les flambeaux; la nuit s'avance; les figures des Prophètes et des Sibylles apparaissent comme des fantômes enveloppés du crépus50 cule.

Le silence est profond, la parole ferait un mal insupportable dans cet état de l'âme où tout est intime et intérieur; et quand le dernier son s'éteint, chacun s'en va lentement et sans bruit; chacun semble craindre de rentrer dans les intérêts vulgaires de ce monde. 1.

Miserere: pièce de musique chantée d'inspiration religieuse. ■ 5 10 Texte 2 : CHATEAUBRIAND, Lettre à Julie Récamier (1998) Rome, mercredi 15 avril 1829. Je commence cette lettre le mercredi saint au soir, au sortir de la cha­ pelle Sixtine, après avoir assisté à Ténèbres1 et entendu chanter le Mise­ rere.

Je me souvenais que vous m'aviez parlé de cette belle cérémonie, et j'en étais, à cause de cela, cent fois plus touché.

C'est vraiment incompa­ rable.

Cette clarté qui meurt par degrés, ces ombres qui enveloppent peu à peu les merveilles de Michel-Ange; tous ces cardinaux à genoux; ce nou­ veau pape prosterné lui-même au pied de l'autel où, quelques jours avant, j'avais vu son prédécesseur; cet admirable chant de souffrance et de miséricorde s'élevant par intervalles dans le silence et la nuit; l'idée d'un Dieu mourant sur la croix pour expier les crimes et les faiblesses des hommes, Rome et tous ses souvenirs sous la voûte du Vatican.

Que 15 n'étiez-vous là avec moi! J'aime jusqu'à ces cierges dont la lumière étouf­ fée laisse échapper une fumée blanche, image d'une vie subitement éteinte.

C'est une belle chose que Rome pour tout oublier; pour mépriser tout et pour mourir.

Au lieu de cela, le courrier demain m'apportera des lettres, des journaux," des inquiétudes.

Il faudra vous parler de politique. Quand aurai-je fini de mon avenir et quand n'aurai-je plus à faire dans le monde qu'à vous aimer et à vous consacrer mes derniers jours? J.

Ténèbres: office du soir célébré pendant la semaine sainte..... »

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