Les recompositions de la famille dans la société française

LA SITUATION DES ENFANTS

En 1990, sur les 14,1 millions d’enfants mineurs, 85 % vivaient avec leurs deux parents ; 1,4 million vivait dans des familles monoparentales, soit environ 10 % de ces enfants (89 % d’entre eux avec leur mère), et 750 000, dans des familles recomposées, c’est-à-dire avec un de leurs parents et un des deux beaux-parents, soit plus de 5 % des enfants mineurs. La progression du nombre de ces situations risque d’être considérable. D’après l’institut national d’études démographiques, sur 100 enfants de parents divorcés, 85 voient leur père et/ou leur mère constituer un nouveau couple (pour 31 d’entre eux, leur père renoue une nouvelle union, alors que leur mère vit seule; 17 ont une mère qui refonde un couple, alors que leur père vit seul, et 37 voient leurs parents former un nouveau couple chacun de son côté). Le plus souvent, ces enfants ont au moins un demi-frère ou une demi-sœur de ces nouvelles unions.

Il a fallu attendre le début des années quatre-vingt-dix pour que l’on se penche, en France, sur ce qui apparaît désormais comme une véritable révolution dans le domaine de la vie privée : la recomposition des familles après divorce ou séparation. Ignorées par le droit et les sciences humaines, ces familles sont aujourd’hui sur le devant de la scène.

On leur consacre des émissions télévisées, des dossiers, des séries et des livres.

La famille recomposée inspire manifestement les médias, qui nous la présentent sous un jour plutôt sympathique : de véritables petites tribus, de nouvelles familles nombreuses, dans lesquelles les acteurs « bricolent » leurs rôles, leurs places et leurs modèles, entre vrais, demi-et quasi-liens familiaux.