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LES PRINCIPES DE LA RAISON

Publié le 29/08/2014

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Tous les raisonnements — ou du moins ceux d'entre eux qui sont reconnus logiquement valables — s'appuient sur des prin¬cipes, qui, selon une cél�bre formule de Leibniz', «sont néces¬saires comme les muscles et les tendons le sont pour marcher quoiqu'on n'y pense point�.

Ces principes ne figurent jamais explicitement dans nos raison¬nements mais ils sous-tendent toutes leurs démarches.

C'est d'abord le principe d'identité qui est à tel point fonda¬mental et nécessaire (sans lui aucune pensée ne serait possible) que son énoncé déconcerte toujours un peu (tant il paraît aller de soi) : «Ce qui est, est; A est A.� Par exemple, lorsque le géom�tre a défini le triangle et qu'il entreprend de déduire toutes les propriétés des triangles, il va de soi qu'il prend tou¬jours le concept de triangle au sens où il l'a défini. Le sens de ce concept reste identique dans tous les moments du raisonne¬ment. Sans cela notre pensée serait tout à fait incohérente.

1. Nouveaux essais sur l'entendement humain, I, 1, 20.

 

Le principe de contradiction n'est que la forme négative du principe d'identité. Aristote l'énonce ainsi : «Il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas au même sujet sous le même rapport.� Par exemple, le cheval d'Henri IV ne peut pas être à la fois blanc et non blanc. Le principe de contradiction s'appelle principe du tiers exclu lorsqu'il est présenté sous forme d'un dilemme : ou bien le cheval d'Henri IV est blanc ou bien il est non blanc. Ou bien il pleut, en ce moment, ou bien il ne pleut pas. Le principe du tiers exclu éli¬mine une troisi�me éventualité.

Le principe de raison suffisante postule que tout ce qui se passe s'explique, a sa «raison d'être� (on entend par raison d'être les conditions qui expliquent un événement, qui le ren¬dent intelligible). La raison humaine est caractérisée par une impérieuse exigence d'intelligibilité, une exigence de com¬prendre chaque phénom�ne en le rattachant à d'autres phéno¬m�nes. Ce principe est appelé principe de causalité2 (les effets s'expliquent par les causes, les mêmes causes produisent les mêmes effets). On le nomme encore — en particulier dans les sciences expérimentales — principe du déterminisme. Les phénom�nes ne se produisent pas au hasard ; ils sont déterminés par leurs conditions d'existence, et on peut les prévoir à partir de ces conditions d'existence lorsqu'elles sont connues.

La raison semble donc se présenter comme un ensemble de principes, de r�gles qui dirigent le travail de la pensée. Ces principes paraissent au premier abord universels (tout le monde, en toutes circonstances, les utilise ou du moins doit les utiliser pour penser et reconnaît leur valeur en y réfléchissant)

L Métaphysique IV, 3, 115 b.

2. Meyerson a bien montré que sous sa forme idéale le principe de causalité rejoignait le principe d'identité. Nous rêvons de ramener l'effet à sa cause comme on ram�ne une proposition mathématique nouvelle à l'ensemble des théor�mes déjà démontrés. L'idéal de la raison serait de déduire l'effet de la cause, de mon¬trer qu'il y est implicitement contenu, de montrer qu'il est identique à la cause, que la cause et l'effet sont la même chose, sont tautologiques. Le principe de causalité serait donc, selon Meyerson, « le principe d'identité appliqué à l'exis¬tence des objets dans le temps�. Seulement, précisément parce qu'il y a dans l'univers du changement, parce qu'il se passe toujours des choses nouvelles, cette identification totale des phénom�nes les uns aux autres n'est pas possible. Et la causalité est un compromis entre l'exigence d'identité et la réalité du changement (voir le chapitre sur l'Espace et le Temps).

 

et nécessaires (« nécessaire� signifie qui ne peut pas ne pas être) parce qu'il ne paraît pas possible de se passer d'eux pour penser, qu'ils sont la condition nécessaire de toute pensée cohé¬rente et logique. Lorsque j'affirme que ce qui est, est, ou que tout changement a une cause, je ne puis même pas concevoir et imaginer qu'il puisse en être autrement.

Quelle est l'origine de ces principes de la raison ? Comme ils paraissent inséparables de toute pensée, universels et néces¬saires, la philosophie classique a souvent répondu qu'ils étaient innés. Tout se passe comme si, abordant le monde pour tenter de le connaître, nous avions déjà en nous les principes qui vont guider notre effort de connaissance. Selon les innéistes classiques, l'esprit pourrait même tirer de son propre fonds, indépendamment de l'expérience concr�te, certaines idées, cer¬taines connaissances.

I L'INNÉISME CLASSIQUE

Nous nous contenterons de donner deux grands exemples de philosophie innéiste : le platonisme et le cartésianisme.

1° LE PLATONISME

Dans un de ses Dialogues, le Ménon, Platon met en sc�ne Socrate faisant découvrir la géométrie à un jeune esclave. Sur une figure tracée sur le sol, Socrate raisonne tandis que l'esclave, que nul n'avait jamais initié à la géométrie, suit tr�s bien chaque étape de ce raisonnement, et en approuve les conclusions. L'esclave, aidé par Socrate, redécouvre tr�s vite les propriétés des figures sans jamais les avoir apprises aupara¬vant. Les vérités mathématiques «surgissent chez lui comme en un songe � '. S'il retrouve tout «sans aucun maître, par de

« Le principe de contradiction n'est que la forme négative du principe d'identité.

Aristote 1 l'énonce ainsi: «Il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas au même sujet sous le même rapport.» Par exemple, le cheval d'Henri IV ne peut pas être à la fois blanc et non blanc.

Le principe de contradiction s'appelle principe du tiers exclu lorsqu'il est présenté sous forme d'un dilemme: ou bien le cheval d'Henri IV est blanc ou bien il est non blanc.

Ou bien il pleut, en ce moment, ou bien il ne pleut pas.

Le principe du tiers exclu éli­ mine une troisième éventualité.

Le principe de raison suffisante postule que tout ce qui se passe s'explique, a sa «raison d'être» (on entend par raison d'être les conditions qui expliquent un événement, qui leren­ dent intelligible).

La raison humaine est caractérisée par une impérieuse exigence d'intelligibilité, une exigence de com­ prendre chaque phénomène en le rattachant à d'autres phéno­ mènes.

Ce principe est appelé principe de causalité 2 (les effets s'expliquent par les causes, les mêmes causes produisent les mêmes effets).

On le nomme encore- en particulier dans les sciences expérimentales -principe du déterminisme.

Les phénomènes ne se produisent pas au hasard; ils sont déterminés par leurs conditions d'existence, et on peut les prévoir à partir de ces conditions d'existence lorsqu'elles sont connues.

La raison semble donc se présenter comme un ensemble de principes, de règles qui dirigent le travail de la pensée.

Ces principes paraissent au premier abord universels (tout le monde, en toutes circonstances, les utilise ou du moins doit les utiliser pour penser et reconnaît leur valeur en y réfléchissant) 1.

Métaphysique IV, 3, 115 b.

2.

Meyerson a bien montré que sous sa forme idéale le principe de causalité rejoignait le principe d'identité.

Nous rêvons de ramener l'effet à sa cause comme on ramène une proposition mathématique nouvelle à l'ensemble des théorèmes déjà démontrés.

L'idéal de la raison serait de déduire l'effet de la cause, de mon­ trer qu'il y est implicitement contenu, de montrer qu'il est identique à la cause, que la cause et l'effet sont la même chose, sont tautologiques.

Le principe de causalité serait donc, selon Meyerson,. »

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