Les pas - Poème de Paul Valéry : Repérer trois Métasémèmes dans le texte "Les pas" de Paul Valéry, les...
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Les pas - Poème de Paul Valéry :
Repérer trois Métasémèmes dans le
texte "Les pas" de Paul Valéry, les expliquer et en dégager les effets.
Quelques remarques préalables
En rhétorique, un métasémèmes est une figure affectant le sens des mots : il s’agit donc
d’un terme assez proche du trope (figures repérables et isolables dans un fragment
d’énoncé, qui peut se limiter à un terme ; il s’agit de figures essentiellement microstructurales).
On doit cette terminologie au Groupe µ, qui poursuit depuis 1967 des travaux
interdisciplinaires en rhétorique, en poétique, en sémiotique et en théorie de la
communication linguistique ou visuelle.
Les métasémèmes figurent à côté des
métaplasmes (figures morphologiques), des métalogismes (figures logiques et figures de
la référence) et des métataxes (figures de syntaxe).
Les principaux métasémèmes sont donc la comparaison, la métaphore, la
synecdoque et la métonymie.
Ce poème de Valéry prend place dans le recueil Charmes qui se voulait une
tragédie de l'esprit ou chaque poème pourrait constituer une étape dans l'aventure de la
connaissance.
Charme vient du latin carmen qui signifie parole magique enchantement.
La dimension intellectuelle de la poésie n'empêche pas chez Valéry son extrême
sensualité ni sa dimension suggestive mystérieuse et magique
à il s’agira ici de repérer trois métasémèmes afin d’en faire une analyse
détaillée dans le cadre du poème de Valéry.
Nous analyserons ici plusieurs
exemples tirés des différentes sous-catégories de métasémèmes.
I)
La métaphore
1)
métaphore in praesentia
- « tes pas, enfants de mon silence » :
·
il s’agit d’une métaphore in praesentia puisque
la métaphore est fondée sur une relation contextuelle
entre un comparé ( « tes pas ») et un comparant
(« enfants de mon silence.
·
La métaphore a ici une fonction appositive :
c’est le comparant qui est mis en apposition : il semble
alors être un ajout accidentel, une forme de retouche qui
est cependant le fondement d’une représentation originale
de l’objet.
·
Notons que cette métaphore est filée,
puisqu’elle se poursuit explicitement au vers 4 à travers
l’idée d’une procession muette des pas, renvoyant à l’idée
de silence.
·
La métaphore, d’un point de vue sémantique
permet
d’accentuer
la
personnification,
l’antropomorphisme associé au pas.
·
Cette métaphore a ici pour effet d’amorcer une
réflexion sur l’inspiration poétique et le rôle de la muse :
les pas sont explicitement enfantés par le silence du
poète : c’est-à-dire que la muse doit venir aider le poète
lorsque celui-ci est en manque d’inspiration.
Valéry établit
d’abord, à travers cette métaphore, une relation filiale
entre la muse et le poète.
2)
métaphore in absentia
- « L’habitant de mes pensées » :
·
Il s’agit ici d’une métaphore in absentia puisque
elle est fondée sur une relation de substitution : le
comparé n’est pas exprimé ; cette construction
substitutive participe ici d’une stratégie de l’énigme,
puisque la suite du poème (« nourriture d’un baiser »,
« acte tendre », « mon cœur ») dévoile partiellement le
comparé, qui semble être l’amour ici.
·
Cette métaphore opère une concrétisation de
l’abstrait à travers le terme « habitant ».
Elle a pour effet
d’entretenir le mystère sur l’identité de la personne
évoquée par Valéry dans ce poème : muse ( auquel cas
« l’habitant de mes pensées » serait la partie du cerveau
où se trouve l’inspiration du poète) ou femme aimée ???
II)
La synecdoque
On trouve dans ce poème, plusieurs synecdoques particularisantes, évoquant la
partie pour le tout ; notons que le poème lui-même est construit sur une synecdoque de
ce type , celle des « pas » désignant une personne entière, la femme aimée ou la muse.
Etudions ici de façon particulière un exemple :
- « Viennent à moi ces pieds nus » :
·
·
·
Ici le poète isole un élément ou un détail caractéristique de la personne
évoquée, par un mouvement de focalisation et de concentration de la vision.
La synecdoque des « pieds nus » poursuit dans le poème le réseau
sémantique et métaphorique autour des « pas ».
Les « pieds nus » sont ici porteurs de « dons », ceux de l’inspiration poétique.
Le choix des « pieds » comme représentatifs de la personne évoquée accentue
la sensualité présente dans ce poème, les pieds étant, chez la femme, un attribut
de séduction.
La mention de la nudité vient souligner la pureté de l’être à qui
ces pieds appartiennent.
III)
La métonymie
La métonymie est une forme de discours oblique qui repose sur un transfert d’ordre
logique, nommé association par contiguïté entre un signifié 1 et un signifié 2.
Il n’y a pas
dans la métonymie, de rupture d’isotopie.(tout comme dans la synecdoque d’ailleurs)
- « La nourriture d'un baiser » :
·
·
Ici nous observons une métonymie du concret pour l’abstrait dans laquelle le
baiser évoque l’amour, le sentiment amoureux.
Cette métonymie joue un rôle particulier dans l’économie du poème
puisqu’elle amorce de façon explicite le thème de l’amour, de la femme aimée.
·
Les « dons » dont il est question au vers 7 ne sont peut-être pas des dons
d’inspiration, comme le laisse penser la première partie du poème, mais des
baisers symbolisant l’amour.
IV)
Etude du dernier vers regroupant de façon signifiante métaphore,
métonymie et synecdoque
Le dernier vers du poème - « Et mon cœur n'était que vos pas » - regroupe de
façon signifiante une métaphore in praesentia, une métonymie et deux synecdoques.
·
Les deux synecdoques sont particularisantes : l’une évoque à travers le
« cœur », celui qui le porte, c’est-à-dire, le poète, et l’autre, à travers les
« pas » la femme aimée qui est aussi la muse.
·
Notons que l’emploi du terme « cœur » constitue aussi une métonymie du
concret pour l’abstrait en évoquant l’amour que le poète porte à cette femme.
·
Le verbe être établit ici une équivalence et une relation attributive entre les
deux synecdoques.
Cette métaphore a pour effet de dévoiler, d’une part, la
fusion entre homme et femme aimée, d’autre part, la fusion entre le poète et
sa muse et révèle finalement le lien nécessaire et indispensable entre inspiration
poétique et amour, réunissant ainsi, au dénouement muse et femme aimée !
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SUPPLEMENT : Peut-on dire avec Bachelard que "l'opinion ne pense pas" ?
Il faut définir « dire » : par le fait d'affirmer, plus encore par le fait d'affirmer une
connaissance en toute connaissance de cause.
La notion d'opinion doit quant à elle être
ici penser comme une croyance, un jugement premier, contenant par degré un certain
niveau de certitude et portant sur la réalité ou sur la vérité d'une chose et en la
considérant donc comme inférieur à une vérité d'ordre scientifique par exemple.
Il faut
donc s'interroger sur la capacité de l'opinion à émettre une vérité ayant une validité
d'ordre scientifique ou encore d'ordre morale.
Il faudra alors se demander comment une
vérité qui ne pense pas peut avoir une valeur, si l'opinion a toujours tort, et finalement
se demander ce qui peut donner une valeur à l'opinion.
L'opinion comme obstacle :
« L'opinion, écrit Bachelard, pense mal, elle
ne pense pas : elle traduit des besoins en
connaissances.
En désignant les objets par
leur utilité, elle s'interdit de les connaître.
On
ne peut rien fonder sur l'opinion, il faut
d'abord la détruire.
Elle est le premier
obstacle à surmonter.
» .
En somme, l'opinion
est fausse par nature et non pas par accident,
elle se fonde sur l'intérêt et plus généralement
sur des critères autres, que ceux que doit
mobiliser la vérité.
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Bachelard a contribué à donner à l'épistémologie
française ses lettres de noblesse, en particulier en déclarant
dès les premières pages de « La formation de l'esprit
scientifique » (1938) : « C'est en terme d'obstacle qu'il faut
poser le problème de la connaissance scientifique.
»
Bachelard s ‘est battu contre deux idées fausses
portant sur les sciences, répandues dans le public.
D'une part,
celle qui veut que le savant arrive pour ainsi dire l'esprit
« vierge » devant les phénomènes à étudier, d'autre part celle qui voit le développement des sciences
comme une simple accumulation de connaissance, un progrès linéaire.
En affirmant cette citation, il souhaite montrer les difficultés inhérentes à l'acte
même de connaître.
Les obstacles à une connaissance scientifique ne viennent pas
d'abord de la complexité des phénomènes à étudier, mais des préjugés, des habitude de
savoir, des héritages non interrogés.
« Quand il se présente à la culture scientifique,
l'esprit n'est jamais jeune.
Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.
»
La première bataille à livrer pour accéder à la connaissance scientifique est donc une
bataille contre soi-même, contre le sens commun auquel le savant adhère spontanément.
C'est une bataille contre l'opinion : « L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit
des besoins en connaissance.
» Ainsi les travaux de Bachelard peuvent-ils être compris
comme une « psychanalyse de la connaissance ».
Mais il va plus loin : « En fait on connaît toujours contre une connaissance antérieure, en
détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même fait
obstacle à la spiritualisation.
»
Non seulement nous avons à nous défendre des préjugés communs, mais aussi
des connaissances scientifiques antérieures.
Bachelard a su se rendre très attentif aux
périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une
autre, d'un système à un autre, d'une méthode à une autre.
Si « La Formation de
l'esprit scientifique » est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la
connaissance scientifique, « Le Nouvel Esprit Scientifique » s'interroge sur les
révolutions scientifiques contemporaines.
La relativité Einsteinienne, la naissance de la
mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats
d'efforts pour penser « contre une connaissance antérieure », mais cette dernière prend
alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique, qu'il faut
reconsidérer et réformer.
Or, en prenant un exemple peu Bachelardien, on aimerait illustrer le propos de
l'auteur : « Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et
l'expérimentation.
» En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de
l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et en ses
prétendus faits est l'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle.
L'exemple le plus célèbre et le plus célébré reste le dispositif expérimental par
lequel Galiléé, à l'aube....
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