Les fonds souverains sont-ils une menace pour l'équilibre géopolitique et géoéconomique mondial ?
Publié le 03/03/2014
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(II) Le rapatriement des retours sur investissements des fonds souverains provoque des transactions monétaires car les ROI sont libellés en monnaie étrangère : le taux de change de lamonnaie nationale s’apprécie en raison de l’accroissement de sa demande.
Dans le même temps, la banque centrale peut chercher une dépréciation du taux de change afin de limiterl’impact d’une augmentation des taux d’intérêts (la banque centrale a dans ce cas souhaité augmenter les taux d'intérêts en vendant des obligations du trésor).
Il est donc nécessaire decoordonner la politique d’un fond souverain avec celle de la banque centrale lorsqu’il est question de liquidité sur le marché domestique.
B) L’impact sur les marchés et l’économie financière mondiale
Le FMI, après observation en 2008 des principaux fonds souverains, a déduit que les effets de leviers (unleveraged assets) et la non traçabilité dans leurs investissements étaient assezrares.
On en déduit qu’ils restent robustes en tant de crise financière, ce que nous a démontré l’année 2008 avec les participations de fonds souverains dans de grandes banquesd’affaire et commerciales de pays industrialisés.
Les fonds souverains sont ainsi perçus par les acteurs économiques comme des stabilisateurs de par leurs tailles : ils concourent en ce sens à réduire la volatilité sur le marché et àaméliorer son efficacité.
Dans le même temps cependant, ils causent aussi de la volatilité en brouillant les comportements des investisseurs sur certain petits marchés (pays moinsouverts, plus petits, moins industrialisés) à cause de leurs forces de frappe : les rumeurs au sujet d’investissements potentiels peuvent en effet perturber les marchés.
Ensuite, certainsfonds diversifient leurs portefeuilles dans des investissements plus risqués, dont l’effet levier est bien présent, ce qui, comme tout acteur institutionnel sur le marché, déstabilise lemarché.
Lorsque les fonds souverains utilisent les réserves comme celles de la Banque Centrale afin d’investir, le déplacement provoque un changement de valeur des capitaux, de la quantité decapitaux échangés avec d’autres pays ainsi que de l’évolution de la balance des paiements.
Plus précisément, l’impact se ressent sur les taux d’interêts des pays où les fonds choisissentd’investir : ces fonds diversifient leurs investissements en choisissant des parts d’entreprises côtées plutôt que des actifs de court termes moins risqués comme les obligations du trésor,ce qui entraîne une baisse des taux d’intérêts du pays concerné alors que la valeur des actions achetées augmente.
C) L’impact sur l’hégémonie des puissances financières actuelles
Depuis maintenant un siècle environ (avec la première Guerre mondiale), les Etats-Unis sont vu comme une superpuissance incontestable d’un point de vu économique, politique etfinancier.
Le dollar est la monnaie dominante sur la scène internationale : elle «est la première monnaie du monde pour les transactions économiques et financières et est l’unité de réserve desbanques centrales.» (http://www.pratique.fr/savoir-dollar.html). Son PIB représente le quart du PIB mondial, le pays se situe en première place dans de nombreux secteurs : production industrielle, importations, services, production d’électricité,transport aérien, IDE, … il possède également la 1ère Bourse du monde. Les entreprises les plus puissantes mondialement sont américaines, d’ailleurs on en compte 31 dans le classement des 100 premières entreprises mondiales et celles-ci dominent unnombre important de secteurs. En conclusion, le pouvoir des Etats Unis sur le monde paraît inébranlable selon ces données.
Cependant, la récente crise économique de 2008-2009, la montée en puissance des pays asiatiques, la dépréciation du dollar face aux autres monnaies, le recul du PIB, la perte de partsde marché et le besoin de plus en plus important de fonds extérieurs pour venir en aide aux grosses entreprises américaines semblent remettre en cause cette idée.
Dans ce contexte,les stratégies de plus en plus douteuses des fonds souverains laissent envisager une volonté de la part des pays émergents détenteurs de ces fonds de renverser les puissancesactuelles et de changer l’ordre mondial. Alors que les fonds souverains étaient à l’origine des produits sûrs, investis à long terme et donc considérés comme stabilisateurs de l’économie, il semble que leurs objectifs soient deplus en plus opportunistes et ambivalents. En effet, l’objectif initial des fonds souverains d’un point de vu financier était de réaliser des profits à long terme tout en restant « passif », et donc sans intention de prise de participationau sein des entreprises et sans aucunes prises de risques.
Ces fonds apparaissaient comme idéaux puisqu’ils étaient sans danger et raisonnables contrairement à tous lesinvestissements spéculatifs qu’il existe sur les marché de nos jours.
Pourtant, depuis les années 2000, c’est une nouvelle tendance qui se développe et qui génère l’inquiétude des puissances financières.
Dans un premier temps, on a vu les fonds souverains se multiplier (20 crées depuis l’an 2000 dont 12 depuis 2005), et ce sont alors de nouveaux acteurs qui ont émergé sur la scèneinternationale dont les ambitions politico-stratégiques étaient beaucoup plus inquiétantes. Effectivement, le débat sur le changement de nature des fonds souverains est apparu avec la création de fonds souverains chinois et russes.
Ces deux puissances émergentes pouvantvoir en ces fonds un moyen de contrôler les entreprises stratégiques des grandes puissances et ainsi un moyen de faire pression sur celles-ci.
Elles pourraient alors bouleverser l’ordremondial pour concevoir un monde multipolaire où les Etats Unis, l’Europe et le Japon ne seraient plus les maîtres incontestés. Accompagnée à cette multiplication des fonds, les montants d’actifs gérés par ces derniers ont fortement augmenté comme l’illustre le graphique suivant : [pic] Cette rapide augmentation a entrainé une prise de conscience des gouvernements et organisations mondiales de l’importance et de la pérennité de ces fonds qui risquent d’influer deplus en plus l’économie mondiale.
Enfin, ce sont notamment cinq opérations d’investissements (qui ont suscité de vives polémiques sur le plan mondial), qui ont révélé le danger éventuel que peuvent représenter lesfonds souverain pour le maintien de l’hégémonie des puissances.
Ils ont donné naissance au débat actuel sur l’opportunisme et les motivations douteuses qui se cachent derrière lesfonds souverains en exposant leurs stratégies de prise de pouvoir au sein d’entreprises stratégiques de certains Etats.
Voici ces évènements: - Aout 2005 : retrait de l’entreprise chinoise CNOOC au sein de l’entreprise américaine pétrolière UNOCAL.
Les chinois furent soupçonnés de vouloir prendre le contrôle de celle-ci etdonc de constituer un danger pour le pays. - Janvier 2006 : Temasek (fond singapourien) se voit dans l’obligation de réduire sa prise de participation au sein de l’entreprise Thaïlandaise Shin Corp.
Cette dernière étant une desmeilleures entreprises du pays, l’idée qu’elle se retrouve sous contrôle étranger inquiète. -Mai 2006 : Abandon du transfert de 6 ports américain vers Dubaï Ports World, compagnie publique des Emirats Arabes Unis. -Mai 2006 : Discours du Ministre du Commerce Britannique au sujet de l’hypothétique acquisition de Centrica par Gazprom qui met en évidence la crainte du pays. -Septembre 2006 : Acquisition de 5.02% d’EADS par la banque publique russe VTB qui entraine une vague d’interrogation sur les réelles motivations stratégiques déguisées de laRussie.
Ces cinq opérations reflètent parfaitement la peur grandissante des pays occidentaux vis-à-vis des investissements étrangers.
En effet, on remarque que dans chacune d’elle, desinvestisseurs publics tentent d’acquérir des entreprises importantes qui font parti des secteurs reconnus comme stratégiques pour le pays. On peut ainsi comprendre l’enjeu que représentent ces fonds étrangers pour les pays occidentaux.
Il va falloir désormais vérifier les motivations des investisseurs.
Auparavant intéressésuniquement par la maximisation des investissements et considérés par conséquent comme « passifs » au sein des entreprises, il faudra maintenant surveiller les prises de participationstrop importantes qui peuvent leur permettre de prendre le contrôle sur des sociétés vitales pour la nation.En conclusion, il existe un impact réel des fonds souverains sur l’hégémonie des puissances financières actuelles dans la mesure où ces pays ont besoin de ces investissements maisaussi vu que des prises de contrôles d’entreprises stratégiques de ces pays sont possibles.
Néanmoins, il nous faut nuancer cet impact des fonds souverains. Tout d’abord, ils ne sont pas les seuls à influer sur les sociétés puisqu’ils existent beaucoup d’autres stratégies d’influences qui ne nécessitent pas nécessairement une acquisition decapital. Ensuite, ce sont surtout les entreprises publiques et non les fonds souverains qui seraient à même de prendre le contrôle d’entreprises stratégiques des pays occidentaux.
Cesentreprises sont les véritables acteurs sur le plan industriel et ils connaissent davantage les marchés pour pouvoir les influer.
Ainsi, malgré d’incontestables changements dans les stratégies d’investissement des fonds souverains à l’origine de l’inquiétude des gouvernements vis-à-vis de ces derniers.
Ils nepeuvent être considérés comme les uniques dangers. Par contre, par mesure de précaution, il apparait nécessaire de les avoir à l’œil et donc de mettre en place des normes afin d’éviter tout débordements sur la scène international.
Pour conclure, s’ils n’ont pas actuellement remis en cause l’hégémonie des puissances, les fonds souverains « marquent cependant l’émergence d’un monde financier multipolaire danslequel les pays émergents auront inévitablement voix au chapitre dans la réforme du système monétaire et financier international »( Bertrand Blancheton et Yves Jégourel, « Les fondssouverains : un nouveau mode de régulation du capitalisme financier ? », Revue de la régulation).
III.
Les fonds souverains au cœur de la crise 1.
De la crise des subprimes à une crise généralisée des marchés financiers. Il existe trois catégories de prêts hypothécaires aux Etats-Unis : La catégorie A (A-paper ou prime), la catégorie ALT-A (Alternative-A paper) et la catégories subprimes.
Les deuxpremières catégories énoncées sont des prêts à risque faible.
En revanche, les subprimes correspondent à des « prêts à taux variables accordés à des individus ayant une côte de.
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