Les exigences de la vie en une société organisée n'interdisent à per sonne de penser, de juger et, par suite,...
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Les exigences de la vie en une société organisée n'interdisent à per
sonne de penser, de juger et, par suite, de s'exprimer spontanément,
à condition que chacun se contente d'exprimer ou d'enseigner sa pen
sée en ne faisant appel qu'aux ressources du raisonnement et s'abs
tienne de chercher appui sur la ruse, la colère, la haine ; enfin, à
condition qu'il ne se flatte pas d'introduire la moindre mesure nou
velle dans l'État, sous l'unique garantie de son propre vouloir.
Par
exemple, admettons qu'un sujet ait montré en quoi une loi est dérai
sonnable et qu'il souhaite la voir abroger.
S'il prend soin, en même
temps, de soumettre son opinion au jugement de la souveraine Puis
sance 1 (car celle-ci est seule en position de faire et d'abroger des lois),
s'il s'abstient entre-temps de toute manifestation active d'opposition
à la loi en question, il est - au titre d'excellent citoyen - digne en
tout point de la reconnaissance de la communauté.
Au contraire, si
son intervention ne vise qu'à accuser les pouvoirs publics d'injustice
et à les désigner aux passions de la foule, puis, s'il s'efforce de faire
abroger la loi de toute manière, ce sujet est indubitablement un per
turbateur et un rebelle.
SPINOZA
1.
Le pouvoir souverain dans un État.
1.
Dégagez l'idée générale du texte et les différentes étapes de son
argumentation.
2.
Expliquez l'affirmation suivante : « [ ...
] s'il s'abstient entre-temps
de toute manifestation active d'opposition à la loi en question».
3.
Le citoyen n'a-t-il le droit de s'opposer aux lois qu'en paroles?
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1.
Dégager la thèse du texte et son argumentation.
Spinoza s'interroge ici sur le droit de regard dont peut disposer l'individu
à l'égard des lois : que puis-je légitimement faire si une loi me déplaît, me
désavantage ou si je la trouve injuste?
La position de Spinoza est de prôner une action franche mais insérée
dans une démarche rationnelle et institutionnelle et non pas passionnée et
révolutionnaire.
Son raisonnement peut valoir aussi bien pour les citoyens
auxquels il conseille la liberté de pensée et d'expression dans des limites rai
sonnables, que pour les dirigeants auxquels il veut montrer que ces libertés
ne sont pas dangereuses en elles-mêmes et doivent même être encouragées
pour mieux isoler et réprimer la rébellion proprement dite : les libertés de
pensée et d'expression ne sont en rien contraires aux « exigences de la vie
en une société organisée».
L'architecture du texte est simple : il s'agit de l'énoncé du principe géné
ral suivi d'une illustration par l'exemple.
Le principe général est celui de la
liberté de pensée et d'expression limitée par trois conditions:
- la rationalité de la démarche;
- le renoncement à des procédés sournois et séditieux;
- le renoncement à une volonté arbitraire.
L'exemple reprend point par point les conditions énoncées dans la pre
mière partie, en ajoutant que le citoyen qui agit dans les conditions sou
haitables mérite la gratitude de la communauté dont il contribue à améliorer
le cadre de vie ; et qu'il mérite une répression sévère s'il nuit à la commu
nauté en détachant son intérêt individuel de celui de la société.
2.
Expliquez l'affirmation suivante : « [...J s'il s'abstient entre-temps de toute
manifestation active d'opposition à la loi en question».
Spinoza reprend ici une position classique à propos du respect des lois
et de la possibilité de réformer le système des lois : position d'autant plus
classique qu'elle remonte à Socrate lui-même, qui affirmait qu'il vaut mieux
subir l'injustice que de la commettre.
Or il est injuste de se révolter contre
la loi; il faut donc demander que la loi injuste soit réformée mais continuer
à la respecter pour montrer que l'on ne rejette pas l'ordre lui-même mais seu
lement un de ses aspects.
Spinoza s'oppose donc clairement à l'attitude de
désobéissance civile.
Plus je demeurerai exemplaire dans mes actes, veut-il
dire, plus ma protestation verbale, construite et rationnelle aura de poids.
3.
Le citoyen n'a-t-il le droit de s'opposer aux lois qu'en paroles?
Dans une démocratie respectueuse des personnes, ces dernières ont la
possibilité d'exprimer leur opposition à telle ou telle loi, dans la mesure où
elles choisissent pour ce faire le mode du discours, de la discussion ou de la
revendication verbale, signes que l'on renonce à la violence physique.
Mais
est-ce là véritablement le seul mode possible d'opposition? Après avoir rappelé la façon dont Spinoza justifie ce point de vue, nous nous demanderons
dans quelle mesure un recours à d'autres moyens peut être nécessaire.
Le point de vue de Spinoza pourrait être qualifié de légitimiste: certes il
ne prône pas la discipline muette et l'obéissance aveugle; mais il déconseille
la rébellion ouverte.
En fait, ce qui motive son point de vue est un attachement....
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