Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont brisé l'isolement international du Pakistan qui a retrouvé son statut d'allié...
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Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont brisé l'isolement
international du Pakistan qui a retrouvé son statut d'allié privilégié des
États-Unis en rejoignant la coalition antiterroriste mise en place par ceux-ci.
L'abandon du soutien au régime des taliban en Afghanistan a marqué l'échec de la
politique de «profondeur stratégique» menée depuis vingt ans par le pays.
Le
général Pervez Musharraf a justifié son virage à 180 degrés au nom de la relance
de l'économie, de l'intégrité et de la cohésion du pays, de la sécurité de
l'armement nucléaire et de la protection des intérêts pakistanais au Cachemire.
Les conséquences du soutien à la coalition antiterroriste
L'effondrement rapide des taliban a pris de court et désorienté les mouvements
extrémistes religieux qui les soutenaient et qui ont été privés de leur base
arrière.
Les milliers de Pakistanais, pachtounes pour la plupart, qui étaient
allés combattre les Américains, se sont sentis trahis par des taliban prompts à
abandonner le combat ; beaucoup ont disparu et des centaines d'autres ont été
capturés dans le nord de l'Afghanistan.
Le directeur des services de
renseignements de l'armée (ISI) et le chef d'État-Major adjoint, dont les
sympathies pour les taliban étaient notoires, ont été mutés.
Craignant d'être
abandonnés par l'establishment militaire et de perdre leurs sources de
financement, les groupes extrémistes sont devenus agressifs.
Les attentats
perpétrés le 1er octobre 2001 à Srinagar, le 13 décembre 2001 contre le
Parlement de New Delhi et le 14 mai 2002 contre un camp militaire au Cachemire,
attribués au Jaish-e Mohammad (Armée du prophète Mohammed) et au Lashkar-e Taiba
(Armée des purs), groupes menant le jihad («guerre sainte») au Cachemire, ont
entraîné un regain aigu de tension avec l'Inde et la reprise, en mai 2002, des
affrontements sur la ligne de contrôle, faisant craindre le déclenchement d'une
guerre totale et le recours à l'arme nucléaire.
Le référendum-plébiscite entaché d'irrégularités organisé le 30 avril 2002, et
qui - avec un taux de participation ne dépassant probablement pas 10 % - a
légitimé le maintien de P.
Musharraf à la présidence pour cinq ans, a quelque
peu entamé sa crédibilité et semé le doute quant à son intention de rétablir la
démocratie.
L'opposition, toujours aussi fragmentée et dont le gouvernement,
soucieux d'empêcher le retour au pouvoir du Parti du peuple pakistanais (PPP),
manipulait les dissensions, ne parvenait toutefois pas à mobiliser la population
pour les élections législatives fixées à octobre 2002.
Le nombre de sièges à
l'Assemblée nationale et aux assemblées provinciales a été augmenté de 50 % ; 60
sièges ont été réservés aux femmes et 25 aux technocrates à l'Assemblée
nationale ; ces réformes avaient pour but de garantir qu'aucun parti
n'obtiendrait la majorité et de mettre en place des assemblées dévouées au
président.
Par ailleurs, les électorats séparés pour les minorités non
musulmanes ont été supprimés.
L'amendement constitutionnel envisagé en vue
d'instaurer un «équilibre des pouvoirs» visait à institutionnaliser le rôle
politique de l'armée par le biais du Conseil national de sécurité habilité à
contrôler le Premier ministre élu.
Escalade des violences confessionnelles
Malgré ses promesses, le gouvernement n'est pas parvenu à rétablir l'ordre ni à
garantir la sécurité des citoyens et la situation n'a cessé de se dégrader à
partir de la fin de 2001.
Des attaques contre une église de Bahawalpur
(Pendjab), fin octobre, et contre une mosquée chiite de Rawalpindi peu après ont
fait chacune une quinzaine de victimes.
Cédant aux pressions de la communauté internationale, P.
Musharraf a interdit,
le 12 janvier 2002, cinq groupes religieux - Lashkar-e Taiba, Jaish-e Mohammad,
Sipah-e Sahaba Pakistan (Armée des compagnons du prophète Mohammed du Pakistan),
Tehrik-e Jaafria Pakistan (Mouvement chiite-Pakistan) et Tehrik-e Nifaz-e
Shariat-e Mohammadi (Mouvement pour l'application de la charia).
Les quelque 2
000 personnes arrêtées ont toutefois été rapidement remises en liberté.
Après
une brève accalmie, les violences confessionnelles ont connu une escalade à
partir de la fin janvier 2002, ce qui tendait à démontrer que la capacité de
nuisance des groupes extrémistes n'avait pas été affectée.
Outre des dignitaires
religieux sunnites et chiites, plusieurs dizaines de médecins chiites ont été
assassinés à Karachi et, le 25 avril 2002, l'explosion d'une bombe dans une
mosquée chiite de Bhakkar (Pendjab) a causé la mort de douze femmes et enfants.
La détermination des autorités à lutter contre les groupes «jihadistes» et
sectaires semblait freinée par le soutien qui leur était apporté par des membres
des services de renseignements, ainsi que par le souci de ne pas donner
l'impression d'abandonner la cause cachemirie et la crainte des représailles,
menace réelle comme en a témoigné l'assassinat du frère du ministre de
l'Intérieur Moinuddin Haider.
Les étrangers jusque-là épargnés ont été pris pour cible.
L'assassinat du
journaliste américain Daniel Pearl en janvier 2002, l'attaque contre un temple
protestant américain d'Islamabad en mars et l'attentat de Karachi qui a coûté la
vie à onze techniciens français le 8 mai ont été attribués à des militants
extrémistes liés à....
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