L’écologie politique prend des formes très différentes au Nord et au Sud Les dernières décennies du XXe siècle ont été...
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L’écologie politique prend des formes très différentes au Nord et au Sud
Les dernières décennies du XXe siècle ont été marquées par un élargissement
décisif de la conscience environnementale aux problèmes que pose l’irruption des
techniques et de la science dans tous les domaines de la vie quotidienne.
L’écologie avant la lettre existait certes depuis longtemps.
Dès le XIXe siècle,
aux États-Unis, des écrivains comme Henry Thoreau ou Walt Whitman avaient exalté
l’attrait de nouveaux rapports à la nature.
Au début de notre siècle, faisant
écho aux prophéties désespérées de grands chefs indiens, le Californien John
Muir avait saisi les risques de banalisation par la puissance technique des plus
beaux sites de l’Amérique et créé le Sierra Club.
C’est d’Amérique encore, au
début des années 1960, que viennent les souffles précurseurs de l’écologie
politique : Jack Kerouac et ses « clochards célestes », Gary Snyder et ses «
poèmes beatniks », Paul Goodman chantre du post-anarchisme, théorisé par le
philosophe hédoniste Alan Watts.
Ce sont les figures littéraires d’un
basculement culturel qui trouve aussi ses racines dans la critique scientifique
du productivisme avec Rachel Carson, auteur du célèbre Silent Spring (1962), ou
Barry Commoner à l’origine du mouvement Science and Survival (1966).
En Europe, dès 1965, les premiers « écolos » néerlandais avaient proposé de
lutter contre la pollution automobile en mettant des bicyclettes en
libre-service au centre des villes.
En juin 1970, une liste écologiste enlève 11
% des voix aux élections municipales d’Amsterdam.
En 1972, à Stockholm, en marge
de la première conférence des Nations unies consacrée à l’environnement, des
jeunes lancent le slogan qui deviendra le premier mot d’ordre de l’écologisme :
« Nous n’avons qu’une seule Terre ! » Jeunes des campus où a soufflé la révolte
étudiante, représentants d’associations de défense de la nature ou d’ethnies
écrasées par la colonisation, scientifiques critiques de la big science, tous
témoignent des dangers d’un développement destructeur de la nature et des
humains.
Au slogan « Une seule Terre ! », ils ajoutent le non moins fondamental
« Un seul peuple ! ».
À Stockholm, l’écologie politique est née à l’échelle
internationale.
Une nébuleuse planétaire
Ainsi se développent des mouvements de citoyens qui sont autant de protestations
contre la destruction de leur environnement quotidien, de leur milieu de vie, au
double sens matériel et culturel.
L’écologie politique naissante catalyse une
révolte profonde contre la destruction du « monde vécu » de chacun.
Aucun des
grands pays industrialisés n’échappe à la montée de ces nouveaux mouvements.
Le
cas du Japon est emblématique.
Au début des années 1960, la lutte s’y développe
sur trois fronts : l’empoisonnement par le mercure de la baie de Minamata, la
contamination par le cadmium de la préfecture de Toyama et la lutte contre la
pollution atmosphérique autour du combinat de Yokkaïchi.
Fondés sur le désir de
protéger les conditions élémentaires de la vie humaine, ces mouvements émergent
aussi en Europe et en Amérique du Nord.
Partout, ils s’expriment par de nouvelles formes d’organisation démocratique :
Burgerinitiativen en Allemagne, vastes lobbies de consommateurs aux États-Unis
pesant sur les décisions de l’administration et/ou boycottant certains produits
dangereux mis sur le marché par les grandes firmes de la chimie ou de
l’agro-alimentaire.
Dans de nombreux pays, des réseaux s’opposent au nucléaire
civil et militaire.
Les pays socialistes n’échappent pas à la montée de
l’écologie politique, voie privilégiée de l’émergence d’oppositions
d’inspiration démocratique.
Partout dans le monde, des luttes aux formes
extrêmement diverses alimentent une critique nouvelle de la modernité dont la
civilisation américaine est devenue l’emblème provocateur.
Exploitation aveugle
de la nature, destruction barbare des cultures dominées, risque nucléaire majeur
: tels sont les dangers contre lesquels se constituent les mouvements
écologiques de citoyens dans les pays industrialisés.
De la contestation à la gestion
Dans les années 1960, les Kabouters d’Amsterdam se couchent sur le parking du
maire de la ville.
Ils rejettent la civilisation automobile et veulent planter
des micropotagers sur le toit des maisons et des voitures pour absorber la
pollution.
Ils défendent l’habitat traditionnel qui seul permet de « rester....
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