LE VOYAGE Texte. On entrait jadis en Cotentin par la vaste et brumeuse baie des Veys, qui creuse la hanche...
Extrait du document
«
LE VOYAGE
Texte.
On entrait jadis en Cotentin par la vaste et brumeuse
baie des Veys, qui creuse la hanche droite de la presqu'île:
à marée basse, des passeurs patentés guidaient les caravanes
au milieu des sables incertains et des ruisselets que la marée
montante transforme en fleuvçs infranchissables.
Les légions
romaines arpentèrent son sablt, et atissi les pèlerins en.
route pour Saint-Jacques-de-Compostelle.
La guerre de Cent
Ans y trouva son épilogue, l'ultime carré anglais n'ayant
le choix qu'entre la noyade et les fourches paysannes
masS'ées sur le rivage.
Au début du siècle dernier, carrosses
et charrois s'engageaient encore en brinquebalant dans la
traversée, longue de cinq kilomètres.
Aujourd'hui, plus rien.
Quelques milliers· de mouettes qui apposent gravement sur
Je sable Jeurs empreintes digitales.
Le silence du voyageur
interroge l'immense espace, que la marée lait éternellement
vierge, mais il faut avoir bonne oreille pour entendre sous
le clapotis du jusant le martèlement des légions en marche,
les litanies des pèlerins, le cri d'angoisse des noyés, les
jurons des marchands, Je murmure obscur d'une humanité
innombrable.
Aucun monument dont la visite soit inévitable
(peu de châteaux, du reste, mais des fermes à la volée et
des manoirs pàr poignées).
Si ce très vieux pays reste à
1
découvrir pour le plus grand nombre, c'est qu'il ne ne s'est
jamais résigné à devenir son propre musée.
Une marée
amène les drakkars vikings de Rollon ; une autre, les barges
américaines d'Eisenhower.
Entre deux, la vie va...
...
Au reste, les gens d'ici n'attendent pas le touriste,
même s'ils sont plus accueillants que beaucoup d'autres au
voyageur.
Les pêcheurs sont _à la mer, les agriculteurs aux
foins, les vaches ne suspendent point leurs fournitures de
lait.
Il est des régions qui ressemblent en été au hall
d'entrée d'un grand hôtel, avec le personnel aligné en haut
des marches, le sourire aux lèvres et la paume vers le ciel.
Le Cotentin a les mains occupées.
Pour découvrir ce pays réservé, préservé, secret, il faut
secouer de ses chevilles les chaînes hôtelières et renoncer à
mettre le cap sur « les trois étoiles » ; ne ·point chercher
les « son et lumière » qui font ailleurs reluire et résonner
la coquille creuse des monuments historiques ; délaisser les
guides et leurs itinéraires planifiés : il faut oublier d'être
touriste ou vacancier et redevenir l'un de ces voyageurs
d'autrefois qui trouvaient leur bonheur à surprendre la vie
dans son ordinaire.
G.
PERRAULT.
Questions.
1 ° Donner un titre à ce texte.
2° Chercher les idées essentielles et les présenter en
quelques lignes.
3 ° Expliquer les mots ou expressions en italique dans le
texte.
Commentaire.
Commenter la phrase suivante : « Il faut oublier d'être
touriste ou vacancier et redevenir l'un de ces voyageurs
d'autrefois qui trouvaient leur bonheur à surprendre la vie
dans son ordinaire ».
Illustrer votre commentaire par des exemples.
\
(Session de 1983.)
RÉPONSES
1°
Titre.
Nous venons de lire une description très précise et
très poétique du Cotentin, une région peu touristique
mais très belle, qu'il faut découvrir en véritable ,
voyageur.
Les titres suivants pourraient convenir à ce
passage:
- Cotentin, d'hier et d'aujourd'hui.
- L'authenticité d'une région.
Pas de touristes en Cotentin.
2° Analyse du texte.
La presqu'île du Cotentin est une....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓