Le traitement du temps et de l'espace LE TEMPS 1 Quelques repères L'année Le narrateur ne nous dit pas en...

« Le traitement du temps et de l'espace LE TEMPS 1 Quelques repères L'année Le narrateur ne nous dit pas en quelle année se déroule l'action de Pierre et Jean.

Toutefois, nous connaissons l'âge de Jean (vingt-cinq ans) et celui de Pierre (tr1?nte ans).

Or, quand M.

Roland cherche en quelle année sa femme et lui ont fait la connaissance de Léon Maré­ chal, Mme Roland répond : C'était en cinquante-huit, mon gros.

Pierre avait alors trois ans (p.

120). Le lecteur peut faire le calcul.

En 1858, Pierre avait trois ans. S'il en a trente aujourd'hui, c'est donc que nous sommes en.1885. Maupassant a situé l'action de son roman trois ans avant la date à laquelle il le publie. La saison Nous possédons peu de précisions sur la période de l'année pen­ dant laquelle se déroule l'action.

Quelques indications apparaissent pourtant au chapitre vI : C'était l'époque des récoltes mûres.[ ...] On commençait à mois­ sonner par places, dans les champs attaqués par les faux et on voyait les hommes se balancer en promenant au ras du sol leur grande lame en forme d'aile (p.

155). Nous sommes donc en été.

Mais le narrateur le montre par une description au lieu de le signaler directement.

Il préfère généralement les impressions aux dates.

Il précise pourtant que la dernière page correspond à la journée du 7 octobre : Le 1er octobre, la Lorraine, venant de Saint-Nazaire, entra au port du Havre, pour en repartir le 7 du même mois à destination de New York (p.209). La dernière journée du récit est celle du 7 octobre. La durée A l'aide de ces indications, il est facile de calculer la durée globale du récit.

L'intrigue commence au milieu de l'été 1884 et s'achève au début de l'automne, très exactement le 7 octobre de la même année.

Par conséquent, l'action de Pierre et Jean ne dure guère plus de deux mois. 1Le rythme du récit On a vu que l'action suivait un cours régulier.

Un chapitre correspond souvent au rythme d'une journée.

Par ailleurs, le narrateur précipite parfois le récit (voir ci-dessus le tableau du chapitre 5, p.

48). Si l'on s'intéresse au rythme de la narration, certains éléments sautent aux yeux. Tout d'abord, une page ou un chapitre ne correspondent pas de manière systématique à un certain laps de temps.

Parfois le narrateur utilise plusieurs phrases pour décrire un geste qui ne dure qu'un instant : Mais le père Roland ne buvait pas.

Il regardait son verre, son verre plein de vin lumineux et clair, dont l'âme légère, l'âme enivrante s'envolait par petites bulles venues du fond et montant, pressées et rapides, s'évaporer à la surface ; il le regardait avec une méfiance de renard qui trouve une poule morte et flaire un piège (p.

110). Ailleurs, le narrateur balaie en une phrase des événements qui sont pourtant étalés dans le temps : nommé en quelques jours » (p.

202). « Pierre eut la chance d'être A l'intérieur du récit, un même nombre, de pages ne correspond donc pas nécessairement à une durée fixe. Il est important, également, de remarquer que le narrateur isole certains épisodes qu'il choisit de décrire très précisément.

Ainsi, il aime peindre des plages de temps, qu'il restitue avec minutie.

Pierre et Jean n'a pas le rythme d'un roman d'action.

Le narrateur ne saute PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 5 3 pas d'événements importants en événements importants.

Il suit au contraire le cours de certaines journées dont il aime montrer les points forts tout autant que les temps morts.

Quand Pierre, par exemple, s'ennuie et cherche en vain une occupation, le narrateur ne résume pas d'un mot cet ennui.

Il décrit longuement le désœuvrement du héros (chap.

111). Enfin, le roman couvre une période brève.

Deux mois pour cent soixante pages : ce rythme est assez lent.

Plusieurs commentateurs ont remarqué que, sur ce point, Pierre et Jean ressemble davantage à une nouvelle qu'à un roman.

La nouvelle nous enferme généralement dans une durée réduite.

Le roman, lui, peut nous faire parcourir des années.

Si l'on considère la courte période pendant laquelle se déroule l'action, Pierre et Jean semble composé comme une longue nouvelle. L'ESPACE ILe cadre De même que l'histoire de Pierre et Jean se déroule en peu de temps, elle prend place dans un cadre limité. À aucun moment, en effet, nous ne quittons la Normandie (sinon dans les rêves de Pierre et lès souvenirs de Mme Roland).

Un aperçu des lieux nous est donné par M.

Roland au premier chapitre.

Il se comporte en guide, qui, depuis la mer, nous fait admirer la région : Il fit remarquer comment Le Havre séparait la basse de la haute Normandie.

En basse Normandie, la côte plate descendait en pâturages, en prairies et en champs jusqu'à la mer.

Le rivage de la haute Normandie, au contraire, était droit, une grande falaise, découpée, dentelée, superbe (p.

72). La région étant ainsi présentée, nous la parcourons ensuite en détail.

Le narratteur prend soin de nous faire visiter les endroits pittoresques. Nous voyons la mer et les bateaux qui la sillonnent (chap.

1, IV et IX). La vue du port du Havre est décrite à deux reprises (chap.u et 1v).

La 54 PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES plage de Trouville est présentée à travers le regard de Pierre (chap.

v). Celle de Saint-Jouin (un des lieux où Maupassant aimait le plus aller) est peinte par le narrateur (chap.

vI). l la couleur locale En même temps que les paysages, le lecteur découvre certaines silhouettes caractéristiques de cette partie de la Normandie.

Joséphine, la bonne des Roland, est le type de la« servante campagnarde à bon marché» (p.

74).

Le capitaine Beausire appartient à la race des marins fiers de leurs voyages et de leurs exploits passés. Le narrateur nous fait aussi découvrir certaines ambiances..... »