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LE PROBLEME MORAL - MORALE ET SCIENCE

Publié le 03/11/2016

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morale

En tant que concept dynamique (disons plus simplement, du point de vue général) « morale » représente une existence transcendant l’individu comme tel, s'imposant à lui comme une loi de sa conduite, faisant de l’individu un membre du groupe humain dans la mesure où il s’efforce d’agir selon ces règles. On voit tout de suite jaillir les problèmes que pose la morale : La vie morale est-elle la conformité aux habitudes et coutumes du groupe, ou est-elle un progrès intérieur par lequel on réalise une pureté des intentions ? Les valeurs comme le bien, le juste, le droit sont-elles des expressions de la mentalité du groupe, des réalités de la vie collective ou des idéaux personnels ?

 

II y a-t-il une Morale ou seulement des morales ? Peut-on parler de progrès moral ? Ces « règles » de la conduite, ou impératifs moraux, quelle est leur origine, leur nature, leur valeur ? Est-on vraiment libre de les suivre, et responsable des « fautes morales » ? Qu’est-ce qu’une « faute morale » ?... Tous ces problèmes et ceux qui leur sont solidaires se posent dès qu’on réfléchit sur l’existence morale.

y a-t-il une morale ou des morales ?
Toute tentative de définition de la morale aboutit à poser ce problème préliminaire et c'est le premier problème que rencontre la réflexion philosophique, la première question qui agite l'esprit des adolescents lorsque leur discernement critique commence le procès des valeurs admises.
D’une part en effet nous constatons que la morale, c’est-à-dire l’ensemble des règles et des valeurs qui s’imposent à la conduite humaine, varie scion les groupes, les milieux, les classes sociales, les époques. D’autre part, nous éprouvons dans le jugement moral, dans le conflit des devoirs, dans la hiérarchie des morales, l’existence de certains principes moraux qui se présentent comme des impératifs de la conscience commune, et par là sous l’aspect de l’absolu, en tout cas du généralisable.
I — La relativité de la morale. Les règles dont nous venons de parler, principes régulateurs de notre conduite, se présentent à l’observateur comme variables et variées.
1 — Variation selon l’âge. Pour le bambin de trois ans, la conservation de l’amour maternel est le principe purement affectif et personnel qui est sa première morale. L’éloignement de la mère (dans l’espace ou dans la fâcherie) est un mal menaçant qu’il cherche instinctivement à éviter et, au contraire, l’encouragement maternel une sécurité qu’il cherche à faire durer.
A sept ans, la conduite morale est surtout fondée sur l’imitation du père. Démiurge omniscient aux yeux du garçonnet, le père détient le secret du bien et du mal et la bonne conduite est celle qui a son approbation.
A douze ans, âge héroïque, la morale est fondée sur les qualités des héros et sur l’admiration des camarades. L’enfant s’identifie par l'imagination aux champions du courage ; il est celui qui brave, qui tient tête. L’ennemi public n° 1 l’intéresse autant que le chevalier Bayard.
A quatorze ans, notre garçon a pris définitivement conscience de la « présence » de la société avec ses forces de sanction et de récompense, il est à l’âge où le conformisme social lui paraît la règle de la vie morale mais où la contrainte qu'elle représente pour ses pulsions en pleine croissance devient plus ou moins intolérable suivant la vigueur de son originalité.
A la crise d'originalité juvénile, qui se situe normalement entre quinze et dix-huit ans, le système de valeurs admises semble étouffant ; l'adolescent crée ses propres valeurs dont les racines sont le scandale et la révolte. Il est sûr de découvrir seul sa voie et il brûle

Dissertations traitées dans ce cours :

 

 Y a-t-il une morale ou des morales ?

y a-t-il un progrès moral ?

Quels sont les rapports de la morale avec la science ?

Que ls sont les rapports de la morale avec la métaphysique et avec la religion ?

L’identité d'inspiration des revendications contre les normes

 

sociales historiques. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce fait important. Constatons ici que tous ces « hommes exceptionnels » qui ont rompu avec la force prégnante et pétrifiante des habitudes sociales d’une époque pour proclamer une idée morale neuve et révolutionnaire, étaient animés par des soucis, des besoins et des sentiments identiques qui peuvent se résumer en ceci : « Davantage de justice et davantage de liberté ». Socrate devant le tribunal du peuple qui allait le condamner en 399 av. J.-C. pour corruption de la jeunesse, Thomas Morus condamné à mort en 1535 par Henri VIII d Angleterre, pouvaient dire et ont dit ce que Gandhi disait à ses juges en 1922 : « La seule chose que vous puissiez faire, juges, c’est de m’infliger la peine la plus sévère si vous croyez que le système et la loi que vous administrez est bonne pour le peuple... ou de démissionner et cesser ainsi de vous associer au mal si vous considérez que la loi que vous êtes chargés d’administrer est mauvaise... mais selon moi, votre loi, consciemment ou inconsciemment, s'est prostituée au service de l’injustice. » Mille autres déclarations du même genre pourraient être citées. Toutes tendent à dénoncer un certain état de choses historique, localisé, circonstantiel, et à ce titre elles sont relatives à des données de l’actualité, mais toutes aussi, ont une inspiration unique, une visée positive à la fois vigoureuse et indéterminée. Tout se passe comme si la justice et le bien étaient beaucoup moins faciles à définir que l’injustice et le mal ne le sont à constater ; mais pour qualifier un état de choses ou un ordre social donné, d’ «injuste » et de «mauvais», il faut déjà avoir une certaine « idée » de la justice et du bien... Vous connaissez le phénomène psychologique « du nom qu’on ne retrouve pas », qu’on a oublié, mais que l’on sait cependant suffisamment pour pouvoir dire à celui qui vous suggère des noms possibles, « non, ce n’est pas cela »... Il semble en être de même pour les idées morales comme la justice ou le bien ; on est plus souvent capable de dénoncer l’ordre social injuste que de formuler l’ordre social juste. La justice est une idée ni claire ni distincte et cependant c’est cette idée qui, de tout temps, a animé les grands réformateurs, et qui fait lever les masses.

 

2 — Confusion do l’impératif hypothétique et de l’impératil catégorique dans les thèses de la relativité de la morale. La

 

distinction entre * impératif hypothétique » et « impératif catégorique » est une distinction kantienne. On appelle « impératif hypothétique » un devoir-faire qui est subordonné à une condition posée a priori, non mise en question et qui a valeur d’impératif uniquement dans le cas conditionnel défini. Par exemple : Si tu veux tuer ton ennemi (condition définie a priori), vise au cœur (Impératif). L’impératif hypothétique dépend des circonstances ou conditions données ; l’impératif catégorique est inconditionnel et absolu, par exemple :

morale

« H Y a-t-il une morale ou des morales ? Toute tentative de définition de la morale aboutit à poser ce pro­ blème préliminaire et c'est le p remier problème que rencontre la réflexion philosophique, la pre miè re question qui agite l'esprit des adolescents lorsque leur discernement critique commence le procès des val e urs adm ises .

D'une part en eliet nous consta tons que la morale, c'est-à-d ir e l'ensemble des règ les el des valeurs qui s'imposen t à la conduite humaine , varie selon les groupes, les milieux, les classes social es, t es époques.

D'autre part, nous éprouvons dans le jugement moral, dans le conflit des devoirs, dans la hiérarchie des mora les , l'exi stence de certains principes moraux qui se présentent comm e des Impé ratifs de la con sc ience commune, et par là sous l' aspect de l'abso l u, en tout cas du généralisable.

- I - La relativité de la morale.

Les règles dont nous venon s de parler, principes régulateurs de notre conduite, se présentent à /' obse rvateu r comme variables et variées.

1 - Variation selo n l'âge.

Pour le bambi n de trois ans, la conservation de l'amour maternel est le principe purement atleetif et personnel qui est sa prem ière morale.

L'éloignement de la mère (dans l 'e space ou dans la fâcherie) est un ma l menaçan t qu'il cherche insti nctivement à éviter et, au contraire, l'encouragement maternel un e sécurité qu'il cherche à faire durer.

A sept ans, la conduite morale est surtout fon dée sur l'imitation du père .

Démi ur ge omniscient aux yeux du garçonnet , le père détient le secret du bien et du mal et la bonne conduite est celle qui a son approba tion.

A douze ans, âge héroïque, la morale est fondée sur les qualités des héros et sur l'admira tion des camarades .

L'enfant s'identifie par l'imagination aux champions du courage ; il est celui qui brave , qui tient tête.

L'ennemi public n• 1 l'intéresse autant que le chevalier Bayard.

A quat orz e ans, notre garÇon a pris définitivem ent conscience de la • présence • de la société avec ses forces de sanctio n et de récompense, il est à l'âge où le conformisme social lui paratt la règle de la vie morale mais où la contr aint e qu'elle représente pour ses pulsions en pleine croissance devi ent plus ou moins int olérab le suivant la vigueur de son originalité.

A la crise d'originalité juvénile, qui se situe normalement entre quinze et dix -huit ans, le système de valeurs admises semble éto u f­ fant; l'adolesc en t crée se s propres valeu rs dont les racines sont le scandale et la rév olte .

Il est sûr de déco uvr ir seu l sa voie et il brûle. »

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